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Des négociations franco-suisses sur l'usage des eaux du Léman se dessinent

Une étude sans précédent sur le lac Léman. [depositphotos - s.donkova@gmail.com]
La Suisse est prête à négocier le débit du Rhône avec la France / La Matinale / 2 min. / le 28 août 2023
La Suisse et la France accélèrent les discussions autour du Léman. La Confédération a annoncé la semaine dernière être prête à négocier concernant les eaux du lac. Actuellement, l’accord qui régit ces questions n’inclut pas la France. Paris veut changer cet état de fait, mais la Suisse a déjà tracé ses lignes rouges.

Actuellement, la Suisse et les cantons ont la main sur le robinet, celui qui gère le débit du Rhône, que ce soit en amont, du côté du Valais, ou en aval, à Genève, à la sortie du Léman. A chaque fois, le contrôle est exercé au travers d’installations hydroélectriques.

Mais la France a besoin d'eau pour l’irrigation de ses terres agricoles et le refroidissement de ses centrales nucléaires, notamment celles proches de la frontière. Et en période de sécheresse, chaque goutte du Léman représente de l'or.

François Hollande avait lancé le pavé dans la marre en 2015. Depuis, les différentes parties se sont mises autour de la table. Une question de bon voisinage, affirme la Confédération.

>> Les explications dans le 19h30 :

Le barrage du Seujet, à Genève, est au cœur des négociations entre la France et la Suisse sur la gestion des eaux du Rhône.
Le barrage du Seujet, à Genève, est au cœur des négociations entre la France et la Suisse sur la gestion des eaux du Rhône. / 19h30 / 2 min. / le 25 septembre 2023

Coopération accrue ou débit fixe?

La Suisse souhaite donc la mise en place d'un dispositif de coopération accrue, mais veut éviter de devoir donner la garantie d'un débit fixe. Grosso modo, elle refuse de définir le degré d'ouverture des vannes.

Contactés, les cantons de Vaud, du Valais et de Genève soulignent d'ailleurs ce point. Felix Wertli, chef de la délégation suisse pour ces négociations, défend cette position au micro de La Matinale.

"Ce n'est pas la question en ce moment. On ne discute pas de ça avec la France. Nous, on parle des niveaux du lac, de comment on travaille ensemble en situation de crise, avec des inondations, des sécheresses. On ne discute pas du débit du Rhône".

Ligne rouge des cantons

Une crainte demeure pourtant: que ces négociations ne soient qu'une première étape avant de traiter le dossier chaud des débits fixes, ce que réfute Felix Wertli. Il a d'ailleurs bon espoir de sceller les discussions d'ici la fin de l’année.

Les cantons ont déjà défini leurs limites dans le cadre de ces discussions, prévient Vassilis Venizelos, chef du Département vaudois de l'environnement.

"Une des lignes rouges est la volonté du canton de ne pas créer de nouvelles structures complexes. La plus importante, c'est que cet accord ne devra pas comprendre d'engagements chiffrés sur les débits du Rhône." Selon l'élu, les cantons et la Confédération sont "parfaitement alignés" sur ce point.

>> L'interview de Vassilis Venizelos :

Vassilis Venizelos, Conseiller d'Etat vaudois. [KEYSTONE - Jean-Christophe Bott]KEYSTONE - Jean-Christophe Bott
Négociations sur le débit du Rhône et le niveau du Léman: interview de Vassilis Venizelos / La Matinale / 57 sec. / le 28 août 2023

Pression de Paris

Ces négociations sont une épreuve de force face au réchauffement climatique. Depuis une décennie, la France demande à la Suisse de revoir la gestion de son débit, jugé parfois insuffisant de l'autre côté de la frontière.

L'annonce de la Confédération de mercredi dernier arrive d'ailleurs à un moment bien particulier, selon Christian Brethaut, professeur associé en gouvernance de l’eau à l’Université de Genève.

"Il y a une prise de conscience notamment des enjeux liés à la sécheresse, donc chaque millimètre d'eau devient important, et le Léman devient dès lors de plus en plus un réservoir stratégique notamment des usages clés du côté français, comme l'irrigation agricole ou la production électrique, qu'elle soit hydroélectrique ou surtout nucléaire".

>> L'interview de Christian Brethaut dans La Matinale :

Christian Bréthaut, professeur associé au Département de géographie et environnement à l’Université de Genève et directeur scientifique au Geneva Water Hub, le 3 août 2023 dans On se jette à l'eau. [RTS - Bastien von Wyss]RTS - Bastien von Wyss
Négociations sur le débit du Rhône: interview de Christian Brethaut, professeur associé en gouvernance de l’eau à l'UNIGE / La Matinale / 59 sec. / le 28 août 2023

Visite d'Emmanuel Macron

L’Agence française de l’eau tirait d'ailleurs la sonnette d’alarme au mois de mars: le débit du Rhône pourrait bien baisser de 20% en 30 ans. " La question est davantage à l'agenda aujourd'hui, et la visite d'Emmanuel Macron à Berne amène encore un peu plus de pression sur les négociations politiques en cours aujourd'hui", décrit Christian Brethaut.

>> Les précisions dans La Matinale:

Sujet radio: Diana-Alice Ramsauer

Adaptation web: Julien Furrer

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Plus grande réserve d’eau douce d’Europe occidentale

Le Léman est la plus grande réserve d’eau douce d’Europe occidentale. Production hydroélectrique, navigation, irrigation, le Rhône a de multiples usages, en France comme en Suisse.

Mais c’est Genève qui gère le débit du fleuve via un barrage, en fonction de ses propres besoins en hydroélectricité et du respect des niveaux de lac.