"Il est temps de passer le flambeau", a déclaré Walter Thurnherr, qui travaille dans l'administration fédérale depuis de nombreuses années. Les dernières années, avec la pandémie, ont été "assez intenses" et le poste n'est pas toujours facile, a reconnu le chancelier. Il vaut donc mieux se retirer au bon moment.
A ses yeux, la législature qui se termine a été la "pire" depuis la Seconde Guerre mondiale pour la Suisse. Les crises se sont succédé, ce qui a occasionné beaucoup de tensions, a-t-il affirmé. Mais il a également souligné que l'ambiance au sein du Conseil fédéral est très positive.
Walter Thurnherr assure avoir apprécié sa fonction de chancelier et le travail avec le Parlement et le gouvernement. "C'est un travail passionnant", a-t-il résumé.
Présent durant le Covid-19
En revanche, il regrette de n'avoir pas réussi à décloisonner davantage la pensée "départementale". "Nous devons apprendre à travailler pour une administration fédérale et non seulement pour un département ou un conseiller fédéral", a-t-il estimé. Et d'ajouter que, pour la population, il est égal qu'un office soit relié à tel ou tel département.
Walter Thurnherr a oeuvré en faveur de la numérisation de l'administration fédérale. Une réorganisation qui n'est pas simple, avouait-il en 2020.
L'Argovien était également très présent durant la période du coronavirus. Il a notamment défendu la loi Covid-19 devant le Parlement en 2020. L'UDC avait exigé la présence d'au moins un conseiller fédéral pour défendre ce projet, mais le gouvernement avait refusé et envoyé son chancelier. Le centriste a également été en charge de suivre les évaluations de la gestion de la crise par l'administration fédérale.
Succession à la fin de l'année
La personne qui lui succédera sera nommée le 13 décembre, en même temps que le ou la successeur du président de la Confédération Alain Berset.
D'après Walter Thurnherr, le chancelier doit connaître l'administration, les processus et les gens. "Il doit avoir suffisamment de temps à consacrer à son travail, doit savoir diriger et parler plusieurs langues. Le Parlement trouvera certainement quelqu'un." Lui-même n'a pas encore de plan pour son futur.
Le "huitième conseiller fédéral"
Dans un rôle vu parfois comme celui d'un huitième conseiller fédéral, le chancelier de la Confédération participe aux séances hebdomadaires du Conseil fédéral, mais se tient toujours un peu en retrait sur les photos. Il n'a qu'une voix consultative et pas forcément politisée.
Interrogé mercredi sur l'influence réelle d'un chancelier sur le collège gouvernemental, Walter Thurnherr estime devoir se limiter à des suggestions, sur la cohérence, la formulation, la communication, à rendre attentif le gouvernement à des risques éventuels. Mais il n'est pas là pour donner son avis.
ats/nr/ami
Une carrière dans l'administration fédérale
Walter Thurnherr est un ancien diplomate. Il a rejoint les services diplomatiques de la Confédération à la fin des années 80, d'abord comme attaché à l'ambassade suisse à Moscou, puis au secrétariat politique du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) de 1991 à 1995, où il est l'assistant du secrétaire d'Etat Edouard Brunner.
De 1997 à 1999, il occupe le poste de conseiller personnel du conseiller fédéral Flavio Cotti, avant de retourner au DFAE en 2003 comme secrétaire général et de passer au Département de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication en 2011.
Seul candidat au poste
Le 9 décembre 2015, Walter Thurnherr est élu chancelier de la Confédération par l'Assemblée fédérale avec 230 voix et succède ainsi à Corina Casanova le 1er janvier 2016.
Le centriste avait été le seul candidat à ce poste. L'ancien PDC avait fait valoir son droit à cette fonction arguant qu'il était le "parti de l'équilibre".
L'UDC revendique le siège du chancelier de la Confédération
Après l'annonce de la démission du chancelier Walter Thurnherr, l'UDC revendique son siège. Le Centre pour sa part rend hommage à la capacité d'écoute et de dialogue du centriste. Le groupe parlementaire du parti annonce qu'il se réunira à la fin du mois pour réfléchir à la suite.
Le plus grand parti de Suisse n'a encore jamais fourni de chancelier de la Confédération, a rappelé le chef de groupe parlementaire UDC Thomas Aeschi sur la plateforme X (ex-Twitter).
Dans son tweet, le conseiller national zougois a fait référence à l'échec de la candidature UDC de Nathalie Falcone-Goumaz au poste de chancelière de la Confédération en 2007. Alors qu'une candidate PLR était également en lice, c'est la vice-chancelière Corina Casanova du PDC, l'actuel parti centriste, qui avait été élue.
Le Centre veut quelqu'un de consensus
Pour le Centre, il est clair que le poste de chancelier de la Confédération doit revenir à une personne consensuelle qui s'engage contre la polarisation croissante de la société, a déclaré le chef du groupe parlementaire Philipp Matthias Bregy (VS), cité dans un communiqué du parti.
Il est essentiel que l'administration fédérale fonctionne bien afin d'aborder les défis actuels de manière constructive et sereine, poursuit le communiqué. Les candidates et les candidats doivent agir dans ce sens et s'engager à protéger le fonctionnement des institutions et de la démocratie directe, comme Walter Thurnherr l'a toujours prouvé.