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L'augmentation des meutes transfrontalières de loups, nouveau défi pour les autorités

Un loup dans l'herbe. [Keystone - Marco Schmidt]
Les meutes de loups qui traversent les frontières / La Matinale / 3 min. / le 14 août 2023
Les loups sont de plus en plus nombreux aux portes de la Suisse. Selon des estimations publiées début août par le département de Haute-Savoie, le nombre de loups en France voisine a presque doublé en un an. L'animal serait maintenant présent sur la quasi-totalité du territoire haut-savoyard. Et ils sont toujours plus nombreux à traverser les frontières.

La gestion d'un nombre toujours plus important de loups qui traversent la frontière devient un nouveau défi pour les autorités, car leur nombre a rapidement augmenté.

On retrouve des meutes entre la Suisse et la France, mais aussi l'Italie. En 2020, on dénombrait trois meutes transfrontalières. Aujourd'hui, on estime qu'il y en a huit. Et c'est quelque chose de nouveau à gérer, comme l'explique Nicolas Bourquin, chef du service de la chasse, de la pêche et de la faune du canton du Valais.

"L'expansion des meutes s'est faite rapidement ces deux dernières années, comme en Valais et aux Grisons. Et on commence à voir avec les résultats du monitoring que ces meutes traversent les frontières. Donc c'est quelque chose qui nous occupe activement depuis l'année passée et cette année", explique-t-il.

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Collaboration transfrontalière

La collaboration transfrontalière en termes de suivi s'est améliorée. Le premier enjeu est celui de ne pas compter les loups à double, et de savoir où ils se trouvent. La Haute-Savoie a récemment intensifié son monitoring, ce qui permet aujourd'hui d'échanger des informations plus simplement avec la Suisse.

Par contre, la collaboration atteint ses limites au moment où il faut déterminer quel loup doit être tiré, car les autorités de chaque pays ne se mettent pas d'accord.

Deux stratégies différentes

Deux stratégies très différentes se font face. En Suisse, les règles sont plus strictes: on ne peut pas tirer n'importe quel loup, et il faut des raisons, comme le fait d'avoir attaqué du bétail. En France, un certain taux de loups, 19% de la population, peut être abattu.

Ce ne sont en outre pas les mêmes acteurs qui peuvent le faire. En Suisse, ce sont les gardes-faune qui se chargent des tirs, dits "de régulation". En France, c'est différent. Stéphane Anselme-Martin, chef de service à l'office français de la biodiversité de Haute-Savoie, explique:

"On ne détermine pas localement la façon dont vont être faits les prélèvements. Ce sont des protocoles nationaux. Les tirs sont dérogatoires: ce sont des tirs de défense qui sont donnés aux éleveurs pour se défendre sous certaines conditions. On n'a pas l'opportunité de pouvoir changer les choses, ou qu'elles soient différentes d'un département à un autre. Nous, on suit ce protocole-là."

Limites de la collaboration

L'année dernière, une louve d'une meute transfrontalière, celle du Risoux, a été abattue par des louvetiers français, alors qu'à moins de quatre kilomètres de là, en Suisse, elle était protégée. Une situation qui pourrait se répéter avec l'augmentation des meutes transfrontalières et qui inquiète le Groupe Loup Suisse. Selon la responsable romande Isabelle Germanier, si des tirs en France sont effectués durant la période de reproduction, les conséquences pourraient être graves.

"S'ils prélèvent les parents reproducteurs à cette période, la meute risque d'exploser et si ces loups ont des comportements non-souhaitables, en se dispersant la meute risque de venir appliquer ces comportements sur la Suisse", explique-t-elle.

Une autre préoccupation est qu'un même animal soit visé par des tirs de part et d'autre de la frontière. Pour éviter que deux loups soient ainsi tués, la communication est donc cruciale et doit être intensifiée.

Du côté des associations de défense du loup, on plaide aussi pour la modification de la politique de tirs en France. La France doit d'ailleurs adopter un prochain plan loup pour la période allant de 2024 à 2029. Les associations craignent que le pourcentage de loups qui peuvent être tués soit à nouveau augmenté.

Sujet radio: Gabriela Cabré

Adaptation web: Julien Furrer

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