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"Ce qui compte? Les civils que je peux sauver", témoigne un tireur d'élite suisse qui combat en Ukraine

Des Suisses ont décidé de rejoindre l'armée ukrainienne pour combattre les Russes. Rencontre avec un de ces mercenaires
Des Suisses ont décidé de rejoindre l'armée ukrainienne pour combattre les Russes. Rencontre avec un de ces mercenaires / 19h30 / 2 min. / le 21 janvier 2023
Un Schaffhousois de 47 ans combat avec l'armée ukrainienne, notamment sur le front est. Contacté par SRF, il témoigne de son engagement sur place et du risque qu'il encourt d'être condamné à de la prison en Suisse en raison de l'interdiction de servir dans des armées étrangères.

"Ma motivation a toujours été la même: je ne veux plus emballer des enfants dans des sacs en plastique. Et s'il y en a déjà un de moins grâce à mon travail, ça en vaut la peine", témoigne dans l'émission "Rundschau" de SRF Avi Motola, rencontré lors d'une permission à Kiev.

Le Schaffhousois s'est rendu en Ukraine peu de temps après le début de l'invasion en février, en laissant derrière lui un fils de quatre ans. "Je me pose la question tous les jours: Qu'est-ce que je fous ici? Mais si tous ceux qui avaient quelque chose à perdre ne se battaient pas, ce serait fini depuis longtemps", déclare-t-il.

Aider les populations civiles

Dans un premier temps, il avait rejoint une organisation humanitaire étrangère qui aidait des civils à s'enfuir. Mais après les révélations des atrocités de Boutcha et Irpin, il n'a pas hésité longtemps à rejoindre les rangs de l'armée.

"Beaucoup de gens pensent que des gens comme moi viennent ici pour jouer à la guerre, pour tuer", dit-il. "Mais ce qui compte pour moi, ce sont les civils que je peux sauver. Les Ukrainiens, surtout à la campagne, sont des gens très gentils et terre-à-terre. Pouvoir les libérer des Russes, c'est une mission très émouvante."

Plus de 20'000 combattants étrangers les premières semaines

Avi Motola est l'un des nombreux volontaires étrangers qui se sont rendus en Ukraine. Si le chiffre actuel n'est pas clairement défini, ils étaient en tout cas plus de 20'000 à s'être portés volontaires dans les premières semaines de la guerre.

Des soldats d'Allemagne, de France, d'Italie, des États-Unis peuvent retourner dans leur pays et ils sont remerciés. Je suis le seul à risquer une sanction

Avi Motola, tireur d'élite suisse en Ukraine

Parmi eux, une grande partie viennent de régions de l'ex-Union soviétique: Géorgie, Lituanie, Estonie. Mais certains viennent aussi d'Europe occidentale ou d'Israël.

Sept procès contre des Suisses dans la guerre en Ukraine

Contrairement à de nombreux autres pays, la Suisse interdit le service dans les armées étrangères. La violation est passible de trois ans de prison au maximum. La justice militaire traite actuellement sept affaires contre des Suisses qui combattent dans la guerre d'Ukraine, selon des informations de SRF.

>> Lire aussi : Podcast - Aller combattre en Ukraine, pourquoi c'est interdit quand on est Suisse?

"Je pense que cette loi montre beaucoup de lâcheté de la part de l'État. Des soldats d'Allemagne, de France, d'Italie, des États-Unis peuvent retourner dans leur pays et ils sont remerciés. Je suis le seul à risquer une sanction", constate Avi Motola.

Pour l'instant, il est employé par l'armée ukrainienne sur une base volontaire. Il espère rentrer chez lui en janvier, pour rendre visite à son fils, avant probablement de retourner au front.

>> Ecouter aussi le débat de Forum sur la prison qui menace les mercenaires suisses :

Grand débat (vidéo) - Case prison pour la population suisse ayant combattu du côté de l’Ukraine ?
Grand débat (vidéo) - Case prison pour la population suisse ayant combattu du côté de l’Ukraine ? / Forum / 20 min. / le 20 janvier 2023

Sujet: Hélène Schmid/SRF

Adaptation web: Victorien Kissling

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