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Alain Berset: "Il est important de renforcer la cohésion du pays"

Alain Berset revient sur sa seconde élection à la présidence de la Confédération
Alain Berset revient sur sa seconde élection à la présidence de la Confédération / Forum / 9 min. / le 16 décembre 2022
Alain Berset prendra l'an prochain la présidence de la Confédération. C'est la deuxième fois, après 2018, que le Fribourgeois endosse ce rôle. "Dans le contexte actuel marqué par la guerre en Ukraine et une possible crise énergétique, il est important de renforcer la cohésion du pays", souligne-t-il dans Forum vendredi. Questionné sur son futur au gouvernement, le socialiste assure qu'il est encore "plein d'énergie".

L'année 2023 promet d'être une année chargée pour Alain Berset qui s'apprête à endosser pour la deuxième fois le costume de président de la Confédération. A commencer par l'entrée en fonction, le 1er janvier prochain, de deux nouveaux collègues au Conseil fédéral, Elisabeth Baume-Schneider (PS) et Albert Rösti (UDC), comme il l'explique au micro de Forum vendredi. Il s'agira en effet de "reconstituer une équipe de sept et reprendre des habitudes de travailler ensemble", précise-t-il.

Avant de rappeler que la tâche principale du président de la Confédération, outre celle de représenter la Suisse à l'étranger, est aussi de garantir "une bonne culture du débat au Conseil fédéral". D'où l'importance de maintenir une bonne entente entre les sept membres qui le composent. "Il ne faut pas oublier que dans notre pays le président n'est pas le chef de l'Etat. Le chef de l'Etat, c'est le collège dans son ensemble."

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Participation au Conseil de sécurité de l'ONU

Mais à côté de cela, d'autres événements de taille attendent également le nouveau président de la Confédération. La Suisse siégera par exemple dès l'an prochain au Conseil de sécurité de l'ONU, où Alain Berset sera d'ailleurs personnellement présent en mai. "La Suisse a adhéré à l'ONU il y a plus de 20 ans, sur la base d'un vote populaire", rappelle-t-il. "On y a adhéré tardivement, mais on est le premier pays à l'avoir fait suite à un vote de l'ensemble de la population." Cette participation de la Suisse au Conseil de sécurité de l'ONU lui paraît donc "importante" et surtout "logique".

Selon lui, la Suisse est prête aujourd'hui à y apporter ses compétences reconnues sur le plan international. Notamment "sa très longue tradition de médiation", donne comme exemple Alain Berset.

La guerre en Ukraine devrait également être au centre des préoccupations d'Alain Berset dès son entrée en fonction. Et ce, même s'il n'a pas prévu, du moins dans l'immédiat, de s'y rendre personnellement. "Je n'ai pas l'intention de faire des voyages pour faire des voyages. L'idée est d'aller naturellement où il y a un intérêt pour la Suisse de se rendre. Tout dépendra des circonstances au moment venu." C'est pourquoi, selon lui, un président de la Confédération se doit aussi d'être flexible. "Il ne faut pas avoir un agenda trop chargé pour pouvoir répondre aux évolutions."

Apprendre à vivre avec l'incertitude

La dernière fois qu'Alain Berset a présidé la Confédération helvétique, c'était en 2018. A l'époque, comme il le rappelle, tout paraissait plus simple. Ou en tout cas plus stable. En effet, la pandémie mondiale de Covid-19 n'avait pas encore frappé et le continent européen ne faisait pas encore face à une guerre. "Avec la pandémie puis la guerre, on a dû s'habituer à vivre avec l'incertitude. Cela a été compliqué, mais on a appris à le faire."

Et hélas aujourd'hui, ça n'est pas fini, déplore-t-il. Avec le conflit qui se poursuit entre la Russie et l'Ukraine ou encore la crise énergétique qui menace, la population suisse devra probablement continuer à vivre sans savoir de quoi sera fait demain. "Dans ces conditions, la chose la plus importante à faire est de renforcer la cohésion du pays. Je l'avais déjà dit en 2018, mais à l'époque ça paraissait une évidence dans un monde stable."

Quoi qu'il en soit, vouloir à tout prix opposer le peuple suisse - notamment entre urbains et ruraux, ou entre Latins et Alémaniques - lui semble totalement absurde. "Tout est beaucoup plus fluide et complexe que cela", insiste-t-il. Selon lui, cette vision manichéenne ne ressemble pas du tout à la Suisse d'aujourd'hui qui se veut très hétéroclite.

Cette diversité, on la retrouve d'ailleurs au Conseil fédéral. D'où son agacement face aux critiques de certains qui disent que le Conseil fédéral est trop rural ou trop romand. "Le Parlement a la tâche d'élire le gouvernement. Une fois qu'il a fait son choix, c'est une décision qu'on doit respecter", insiste le Frbourgeois.

"Poursuivre mon travail"

Et son futur, comment le voit-il? Cette nomination au poste de président de la Confédération rimera-t-elle avec la fin de sa carrière au Conseil fédéral? Malgré ses dix ans passés au sein de l'exécutif fédéral, Alain Berset reste encore le plus jeune de ses membres, rappelle-t-il. "J'ai encore plein d'énergie et j'ai bien l'intention de poursuivre mon travail."

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Propos recueillis par Pietro Bugnon

Sujet pour le web: Fabien Grenon

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