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Dans le monde entier, la presse pleure la reine Elizabeth II

La reine Elizabeth II est sur toutes les unes des journaux dans le monde [AFP - ZUHAL DEMIRCI / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY V]
Revue de presse internationale / Tout un monde / 3 min. / le 9 septembre 2022
Dans la nuit de jeudi à vendredi, les rotatives du monde entier ont imprimé un seul et même nom, un seul et même portrait: celui d'Elizabeth II. Revue de quelques unes et de quelque articles de presse, qui sont déjà des documents historiques.

Une partie de la presse britannique s'est vêtue sobrement pour marquer le deuil d'Elizabeth II. "La reine Elisabeth II. 1926-2022", titre simplement The Guardian. "Une vie en service", écrit The Times, "Thank you", souffle le Mirror. "Vous avez fait votre devoir, madame", félicite le Daily Star.

D'autres ont choisi de témoigner leur tristesse: le Daily Express pleure sa "reine bien aimée", le cœur du Daily Mail est "brisé". "We loved you Ma’am", confie The Sun, en son nom et celui de son lectorat. "Une lumière s'en est allée de nos vies. Le jour que le Royaume-Uni et beaucoup dans le monde redoutaient est arrivé. Elle est partie", s'attriste l'éditorial du populaire tabloïd. "Merci" revient également beaucoup dans les articles, comme à la Une du Daily Mirror.

"Le chagrin est le prix à payer pour l'amour", titre The Telegraph, reprenant les mots forts que la reine avait adressé aux Américains après les attentats djihadistes du 11 septembre 2001 à New York.

Dans sa nécrologie, The Times décrit Elizabeth II comme "la femme qui a sauvé la monarchie". "C'est grâce à son dévouement et son sens de sa mission qu'une institution qui a parfois semblé dépassée et incapable de s'adapter aux valeurs de la société contemporaine possède toujours sa pertinence et reste populaire aujourd'hui", selon le quotidien.

Dans les colonnes du journal de gauche The Guardian, l'éditorial estime que sa disparition signe le début "d'un nouvel avenir". "Le seul élément dans notre vie collective qui restait constamment et de manière fiable le même (...) a disparu", écrit-il.

"Roc pour son royaume"

A l'étranger, la presse a également rendu hommage à la reine défunte. Libération se fend de son traditionnel trait d'esprit, grâce au changement d'une seule lettre: "La peine d'Angleterre". Le Figaro évoque, lui, un "roc pour son royaume".

En Italie, la Repubblica salue la "dernière reine", Der Spiegel en Allemagne, la "dernière majesté". Ce journal loue sa permanence: elle "était simplement toujours là, digne, discrète, dans les bons moments, comme dans les mauvais". "On n'en verra plus jamais une comme elle", se désole de son côté Die Welt.

>> Le suivi en continu après la mort de la reine : Vive émotion au lendemain du décès de la reine Elizabeth II

Lire entre les lignes

Certains articles ne se contentent pas de simples éloges, mais transmettent un message politique. Le décès d'Elizabeth augure une "nouvelle ère", lance par exemple le Journal de Montréal. "De nombreux pays comme le Canada pourraient remettre en question leur adhésion à la couronne britannique", envisage le titre, qui cite des experts pour soutenir ses dires.

Le média anglophone Kyiv Post, lui, n'oublie pas de mentionner que la reine avait adressé un message personnel aux habitants de l'Ukraine, à l'occasion de son Jour de l'indépendance, en août dernier. Une façon d'insister sur le soutien britannique à ce pays attaqué par la Russie.

Quant aux Izvestia ("Les Nouvelles") russes, la reine était un symbole de bonne tradition et d'immuabilité de la cour royale, ainsi qu'une figure d'autorité incontestable.

Sujet radio: Patrick Chaboudez

Adaptation web: Antoine Michel  avec les agences avec afp

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La presse suisse évoque des lendemains dans le doute

La presse suisse rend elle aussi hommage vendredi à Elizabeth II. La monarque, qui incarnait la stabilité, a régné 70 ans sur un Royaume-Uni qui s'est réveillé en proie à l'incertitude. Les journaux s'étaient préparés au décès royal et pourtant on y lit de la stupeur. Elizabeth II, figure de permanence, n'est plus. "Elle était donc mortelle, s'étonnent ArcInfo et Le Nouvelliste. Nous avions fini par l'oublier devant la longévité de son règne. Cet été, lors de son jubilé de platine, elle avait montré des signes de faiblesse, mais c'était la reine, que diable."

En effet, cette reine qui semblait éternelle aura marqué les esprits par sa présence et sa sérénité. "La reine a servi son pays jusqu'à son dernier souffle", constatent la Tribune de Genève et 24 Heures. Elle est restée "fidèle au serment qu'elle avait fait à l'âge de 21 ans: 'consacrer ma vie, qu'elle soit longue ou courte, à votre service et au service de la grande famille impériale' [...] Son sens du devoir est resté aussi absolu qu'au premier jour. Lui donnant encore la force d'introniser, mardi à Balmoral, le quinzième Premier ministre de son règne. Une reine au travail, dans les ultimes instants de son existence."

"La reine aimait les gens, les accompagnait à travers les crises et les scandales", écrit le Blick. "Sa promesse était: ensemble, nous y arriverons. C'est ce qui a fait d'elle le roc des personnes déstabilisées et sans espoir. Elle était admirée et respectée dans le monde entier pour sa fermeté et aussi pour ses 70 ans au service de la couronne britannique. Quel long mandat!"

Rien ne ne sera plus comme avant

Reine est un job à vie, et la vie continue. En expirant, Elizabeth II cède sa place sur le trône à son fils aîné, désormais appelé Charles III. Plutôt qu'une continuité, cette passation immédiate est un tournant, une rupture même, relève la presse suisse.

>> Lire aussi : Le nouveau souverain britannique prend le nom de Charles III

"Il ne fait aucun doute que la mort de la monarque représente une profonde césure et une mise à l'épreuve pour le Royaume-Uni, secoué par les conséquences du Brexit et les tentatives de scission", affirment la Luzerner Zeitung et l'Aargauer Zeitung.

Pour la NZZ, "la Grande-Bretagne vit un profond bouleversement [...] La reine Elizabeth II ayant symbolisé la monarchie pour des générations de Britanniques, beaucoup d'entre eux ne peuvent et ne veulent pas imaginer un monde sans la reine [...] La reine a toujours su garder son calme, répondant ainsi aux besoins de stabilité et de continuité d'une époque où peu de choses semblent pouvoir durer. Pour beaucoup de ses sujets, elle était devenue une projection sur laquelle se reflétaient leurs propres désirs irréalisables de dignité et de conduite de vie appropriée."

"La mort d'Elisabeth II ouvre un gouffre immense pour la Grande-Bretagne", note Le Temps. Elle "n'emporte pas seulement avec elle un pan immense de l'histoire britannique et mondiale. Elle forcera sans doute la Grande-Bretagne à faire également le deuil définitif de sa grandeur passée."

>> La revue de presse suisse dans La Matinale :

Des Unes à l'unisson après le décès de la reine. [RTS]RTS
La revue de presse - Par Valérie Droux / La revue de presse / 4 min. / le 9 septembre 2022