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Stefan Meierhans: "Il y a des possibilités d'agir" sur les prix de l'énergie

Stefan Meierhans réagit à la hausse des prix de l’électricité en Suisse (vidéo)
Stefan Meierhans réagit à la hausse des prix de l’électricité en Suisse (vidéo) / Forum / 6 min. / le 1 septembre 2022
Entre augmentation historique des factures d'électricité et plein d'essence beaucoup plus onéreux qu'auparavant, les mauvaises nouvelles s'accumulent pour le porte-monnaie. Le Surveillant des prix Stefan Meierhans se bat pour les ménages mais se heurte à des vents contraires.

Les fournisseurs d'électricité ont officialisé mercredi leurs tarifs pour 2023 et, globalement, consommateurs et consommatrices vont devoir débourser davantage et même parfois nettement plus.

>> Lire : Le prix de l'électricité augmentera en 2023 avec de fortes disparités selon les fournisseurs

Interviewé jeudi dans Forum, le Surveillant des prix a expliqué qu'il n'était pas possible en l'état de s'assurer que ces augmentations sont justifiées.

"En Suisse, il n'y a pas d'examen préalable des tarifs, c'est une autorité indépendante, l'Elcom [autorité fédérale indépendante de régulation dans le domaine de l'électricité], qui est chargée d'intervenir en cas de problème", a-t-il rappelé. "Mais il n'y a pas de raison de penser qu'il y aurait des tricheries, c'est lié à la crise que nous vivons", relève Stefan Meierhans.

Appel lancé à tous les échelons politiques

Monsieur Prix appelle néanmoins Confédération, cantons et communes à agir pour limiter les hausses des tarifs. "Les autorités politiques à tous les niveaux sont appelées à réfléchir à la manière de soulager la situation, notamment pour des gens en détresse", souligne-t-il. "C'est aussi du ressort des villes, qui demandent des droits de concession sur l'électricité. Et c'est peut-être aussi du ressort des cantons, qui sont souvent propriétaires des exploitants et des vendeurs d'électricité."

Les collectivités, qui sont les principaux propriétaires des fournisseurs d'électricité, vont voir leurs bénéfices augmenter substantiellement et pourraient donc envisager d'en reverser une partie aux consommateurs. "Que va-t-il se passer avec les dividendes et les recettes qui vont augmenter?", s'interroge-t-il. "C'est une réflexion politique qui doit se faire au niveau cantonal dans les Grands Conseils."

Stefan Meierhans rappelle également que le coût de l'électricité ne représente que 50% du prix final, le reste étant imputable aux coûts du réseau. "Il y a donc des possibilités d'agir."

Non-entrée en matière de Simonetta Sommaruga

Le Surveillant des prix a du reste appelé la Confédération à intervenir sur ce prix d'acheminement du courant électrique. "J'avais envoyé une recommandation formelle au gouvernement avant l'été et j'ai reçu aujourd'hui une réponse de la ministre compétente, Madame Sommaruga", annonce-t-il. "Elle dit que, pour l'instant, rien n'est prévu. C'est donc un non du gouvernement. Mais il faudra voir aussi ce que donnent les discussions à venir, la question reste ouverte."

Cela représenterait pourtant des économies non-négligeables pour la population. "Si on adapte les réglementations en vigueur au niveau fédéral, j'ai calculé que cela représenterait entre 250 et 400 millions de francs d'épargne potentielle pour alléger sa facture", précise Stefan Meierhans.

Reste que, si les autorités n'ont pas trop envie de soulager le porte-monnaie des ménages, c'est peut-être pour les inciter à économiser davantage l'énergie.

>> Réactions des particuliers aux recommandations du Conseil fédéral pour économiser l'énergie :

Réactions des particuliers aux recommandations du Conseil fédéral pour économiser l'énergie
Réactions des particuliers aux recommandations du Conseil fédéral pour économiser l'énergie / 19h30 / 1 min. / le 1 septembre 2022

>> Lire aussi : Le Conseil fédéral lance sa campagne d'économies d'énergie pour cet hiver

Monsieur Prix n'est pas opposé à cette manière de voir les choses, dans une certaine mesure en tout cas. "On peut inciter avec des prix forts, mais il ne faut pas oublier que des gens vivent avec seulement une rente AVS par exemple. Ils sont particulièrement touchés par ces augmentations."

Des acteurs réticents dans le secteur des carburants

Un autre cheval de bataille actuel de Stefan Meierhans est la hausse du prix de l'essence. Il enquête depuis plusieurs mois sur les marges des acteurs de ce secteur, mais se heurte à des vents contraires.

"Ce qui est intéressant", dit-il diplomatiquement, "c'est qu'une partie de ces fournisseurs ne veulent pas me fournir des informations. Ils disent que je n'ai pas le droit d'y avoir accès, ce que je trouve dommage."

La surveillance des prix a la possibilité de les y contraindre, mais elles peuvent recourir jusqu'au Tribunal fédéral et la procédure prendra donc du temps. Le défenseur des ménages refuse d'en dire plus pour l'instant. "On continue d'enquêter", précise-t-il.

Propos recueillis par Esther Coquoz/oang

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