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Le "shérif" des finances fédérales Michel Huissoud prend sa retraite

Contrôleur des finances: les adieux de Michel Huissoud
Contrôleur des finances: les adieux de Michel Huissoud / Forum / 7 min. / le 29 août 2022
Après avoir passé huit ans à la tête du Contrôle fédéral des finances, son directeur Michel Huissoud prend sa retraite à la fin du mois. Le Genevois aura marqué l'organe de contrôle d’un style très personnel, qui lui a valu de vives critiques politiques, particulièrement de la droite.

Juriste de formation, Michel Huissoud aura travaillé 34 ans au sein du Contrôle fédéral des finances (CDF). Il connaît les rouages du système comme sa poche et il n’a jamais eu peur de pointer du doigt les dysfonctionnements.

Depuis qu’il en a pris la tête en 2014, il a imposé un style plus moderne, très transparent. Il s’est aussi montré très présent dans les médias, à tel point que certains parlementaires lui ont reproché de trop aimer la lumière, voire de faire de la politique. Sa manière lui a valu parfois le surnom de "shérif" des finances fédérales.

Souvent critiqué par la droite du Parlement

De manière générale, les parlementaires bourgeois lui ont souvent reproché de "rouler pour la gauche". Michel Huissoud a du reste admis dans des interviews qu'il avait fréquenté dans sa jeunesse les milieux de gauche genevois. Et dit avoir encore aujourd'hui un certain goût pour une forme d'anarchisme.

A plusieurs reprises, l’UDC s'en est prise à lui dans des interventions au Parlement. Guy Parmelin notamment, lorsqu’il était encore conseiller national, a tenté de museler le gendarme financier, mais sans succès.

Et la semaine dernière, Michel Huissoud a affirmé dans le quotidien La Liberté qu'Ueli Maurer avait tenté d'ouvrir une procédure disciplinaire contre lui à la demande de l'homme d'affaires vaudois Frederik Paulsen. Mais le Conseil fédéral a refusé.

Invité lundi soir de l'émission Forum de la RTS, le futur ex-directeur du CDF a assuré ne jamais avoir souffert de ces tentatives. "Le Contrôle fédéral des finances résiste très bien aux pressions et j'espère qu'il va continuer dans le futur", a-t-il répondu.

"On estime que l'on est le contre-pouvoir"

Le Genevois a défendu également sa présence médiatique. "On est toujours parti du principe que ceux qui paient des impôts doivent savoir ce qui se passe avec leur argent, c'est la raison pour laquelle les rapports doivent être publics", a-t-il expliqué. "On estime que l'on est le contre-pouvoir", a ajouté le Genevois.

Avec un peu plus d'une centaine de personnes pour une administration qui compte 35'000 personnes, la portée de ce contre-pouvoir est limitée, admet-il. "Mais je pense que c'est important que la population sache ce qui va mal et ce qui va mieux, c'est un droit des contribuables", fait-il valoir.

Michel Huissoud a encore rappelé que certaines de ses alertes ont également déplu à gauche de l'échiquier politique. "Au mois de juin, l'Union syndicale suisse s'est énervée contre nous parce qu'en examinant les mesures d'accompagnement, nous avons dit que tout pouvait aller beaucoup plus vite, que ce n'était pas très efficace", a-t-il rappelé. "Et ce genre de commentaire n'a pas du tout été apprécié par la gauche".

Des progrès dans la gestion des finances fédérales

Le Parlement salue les progrès que le patron du CDF a permis en pointant du doigt certaines lacunes dans la gestion des finances fédérales. C'est le cas en particulier dans les exportations de matériel de guerre, les emprunts Covid ou la mise en oeuvre des nouvelles règles de transparence dans le financement des partis politiques.

La direction du Contrôle fédéral des finances sera assurée dès le 1er septembre par Pascal Stirnimann, qui était responsable de la section Révision de l'Office fédéral des transports depuis 2015.

oang avec Marielle Savoy et Tania Sazpinar

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