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Encore marginal en Suisse, le vin nature se fait peu à peu une place

Encore marginales en Suisse, les vins naturels séduisent
Encore marginaux en Suisse, les vins naturels séduisent / 19h30 / 2 min. / le 23 août 2022
Il s'agit encore d'un marché de niche difficilement quantifiable, mais l'engouement pour le vin nature se précise en Suisse. Le festival du vin nature suisse à Bienne, qui en est à sa deuxième édition, le confirme en collaborant avec des institutions.
Utilisation d'intrants et de sulfites selon la catégorie de vin [Source: Association Suisse du Vin Nature]
Utilisation d'intrants et de sulfites selon la catégorie de vin [Source: Association Suisse du Vin Nature]

"Il n'y a absolument aucun intrant autorisé et sur certaines techniques telles que la filtration, l'oxygénation, c’est interdit aussi, donc c’est vraiment du raisin pur", vante Frank Siffert, président de l'Association Vin Nature Suisse (AVNS), également membre du comité de BioVaud et organisateur du festival du vin nature suisse à Bienne, mardi au micro de la RTS.

L'association est née en 2021 pour apporter notamment une charte claire du vin nature, car de plus en plus de crus étaient autoproclamés "nature", alors "il nous a paru urgent de créer un cadre permettant au consommateur de s'y retrouver", explique Frank Siffert.

L’association a établi un cahier des charges "en considérant qu'un vin nature doit être un vin bio (bio fédéral, Bourgeon ou Demeter), vivifié sans intrants, sans filtration et sans sulfites ajoutés". L'une des grandes différences avec des vins biologiques par exemple réside dans l'utilisation de sulfites pour stabiliser le vin.

Réputation sulfureuse

Il reste encore du chemin pour que le vin nature acquière ses lettres de noblesse, car sans chimie, des défauts peuvent apparaître sur certains crus. Et même sans défauts, la dégustation peut être déroutante selon les méthodes de vinification utilisées. Ce qui a poussé l'AVNS à collaborer avec la Haute Ecole de Changins et l'Office fédéral de l'agriculture notamment, afin de développer une fiche de dégustation spécifique à ces vins, qui pourra être utilisée en concours et qui intéresse déjà l'Association des vins naturels en France.

Si la production de vin nature représente une part marginale de la production viticole, seuls 2% des vignerons-encaveurs en Suisse produisant du vin nature, il semble que la tendance a laissé place au marché de niche. En témoignent l'augmentation de festivals spécialisés ainsi que les restaurants et magasins ne proposant que ces vins sur leur carte.

Pascale Deneulin, professeure d'analyse sensorielle et de science du consommateur à la Haute école de viticulture et d'œnologie de Changins, affirme que "ce sera un secteur à part entière qui se positionnera à côté des vins plus traditionnels". Un secteur potentiellement rentable, car en moyenne, il faut débourser 20% en plus par rapport à un vin dit traditionnel.

Elisa Casciaro

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