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L'Iran dément "catégoriquement" tout lien avec l'agression de Salman Rushdie

Salman Rushdie, photographié ici en novembre 2019 à Vienne. [APA/AFP - Herbert Neubauer]
L’Iran nie toute implication dans l’attentat qui a visé Salman Rushdie / Tout un monde / 6 min. / le 16 août 2022
Après trois jours de silence, l'Iran a nié lundi "catégoriquement" toute implication dans l'attaque au couteau perpétrée aux Etats-Unis contre Salman Rushdie. Il a fait porter la responsabilité à l'auteur des "Versets sataniques", trente-trois ans après la fatwa contre lui.

"Nous démentons catégoriquement" tout lien entre l'agresseur et l'Iran, et "personne n'a le droit d'accuser la République islamique d'Iran", a affirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, dans sa conférence de presse hebdomadaire à Téhéran.

Il s'agit de la première réaction officielle de Téhéran à l'agression dont a été victime vendredi l'écrivain britannique et américain de 75 ans sur l'estrade d'un amphithéâtre d'un centre culturel à Chautauqua, dans le nord-ouest de l'Etat de New York.

"Dans cette attaque, seuls Salman Rushdie et ses partisans mériteraient d'être blâmés et même condamnés", a jugé le porte-parole iranien. "En insultant les choses sacrées de l'islam et en franchissant les lignes rouges de plus d'un milliard et demi de musulmans et de tous les adeptes des religions divines, Salman Rushdie s'est exposé à la colère et à la rage des gens", a-t-il ajouté.

Hospitalisé pour des blessures graves après l'attaque, Salman Rushdie, 75 ans, va un peu mieux, selon ses proches. Il n'est plus sous assistance respiratoire et "la voie du rétablissement a commencé", s'est félicité son agent dans un communiqué transmis au Washington Post.

>> En lire plus : Salman Rushdie sur la voie du rétablissement, son assaillant plaide "non coupable"

"Colère de millions de personnes"

Salman Rushdie, né en 1947 en Inde dans une famille d'intellectuels musulmans non pratiquants, avait embrasé une partie du monde musulman avec la publication en 1988 des "Versets sataniques", roman jugé par les plus rigoristes comme blasphématoire à l'égard du Coran et du prophète Mahomet.

Le fondateur de la République islamique a émis en 1989 une fatwa appelant au meurtre de Salman Rushdie, qui a vécu des années sous protection policière. La fatwa de l'ayatollah Khomeiny contre l'écrivain n'a jamais été levée et beaucoup de ses traducteurs ont subi des attaques.

"La colère manifestée à l'époque (...) ne s'est pas limitée à l'Iran et à la République islamique. Des millions de personnes dans les pays arabes, musulmans et non musulmans ont réagi avec colère" à l'ouvrage de Salman Rushdie, a encore dit le porte-parole iranien, jugeant "complètement contradictoire" de "condamner d'une part l'action de l'agresseur et d'absoudre l'action de celui qui insulte les choses sacrées et islamiques est complètement contradictoire".

>> Réécouter l'interview de Thierry Coville, chercheur à l'IRIS et spécialiste de l'Iran, dans le 19h30 :

Agression de Salman Rushdie: décryptage du chercheur à l'IRIS Thierry Coville, spécialiste de l'Iran
Agression de Salman Rushdie: décryptage du chercheur à l'IRIS Thierry Coville, spécialiste de l'Iran / 19h30 / 3 min. / le 13 août 2022

Un sujet sensible en Iran

L'agresseur présumé, un Américain d'origine libanaise âgé de 24 ans, a été inculpé de "tentative de meurtre et agression". Il a plaidé "non coupable" par la voix de son avocat.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a déclaré dimanche que des médias d'Etat iraniens "jubilaient" après l'agression de l'intellectuel. "C'est abject", a-t-il observé dans un communiqué.

En Iran, le quotidien ultraconservateur Kayhan a félicité "cet homme courageux et conscient de son devoir qui a attaqué l'apostat et le vicieux Salman Rushdie". Javan, autre journal ultraconservateur, écrit dimanche qu'il s'agit d'un complot des Etats-Unis qui "veulent probablement propager l'islamophobie dans le monde".

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afp/vajo

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