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Eric Collomb: "La filière de l’apprentissage est en danger en Suisse"

Eric Collomb commente le phénomène de pénurie d'apprentis en faveur des cursus académiques en Suisse
Eric Collomb commente le phénomène de pénurie d'apprentis en faveur des cursus académiques en Suisse / La Matinale / 8 min. / le 13 mai 2022
La voie de l’apprentissage semble séduire de moins en moins de jeunes. Une tendance qui donne du fil à retordre aux entreprises qui peinent à recruter. Eric Collomb, patron de l'entreprise de transports Emil Egger, appelle à une meilleure valorisation de cette filière au niveau des cycles d’orientation.

Se lever à l'aube, finir au milieu de la nuit ou encore travailler en plein air qu'il vente ou qu'il neige: certains métiers font moins rêver que d'autres. Les secteurs de la construction, de la boulangerie ou encore des transports sont particulièrement réputés pour avoir de la peine à recruter.

A contrario, les hautes écoles, elles, sont de plus en plus valorisées. En vingt ans, leur nombre d'étudiants a plus que doublé en Suisse. Pour Eric Collomb, ce déséquilibre traduit une réelle problématique pour l'économie suisse, mais aussi pour sa propre société. "La croissance de mon entreprise est actuellement bloquée car je manque de main d'oeuvre, c'est une situation terrible", confie-t-il vendredi dans La Matinale.

Le cursus universitaire encouragé par les parents

Ne faudrait-t-il pas commencer par revaloriser le salaire des apprentis pour attirer les jeunes? Eric Collomb n'est pas opposé à l'idée. Il propose, dans ce sens, une formation accélérée sur douze mois, destinée à des personnes adultes, durant laquelle les futurs chauffeurs poids lourds sont payés un peu plus de 4000 francs par mois. "Ainsi, même en formation, ces apprentis reçoivent un salaire décent."

Une formation qui se déroule à Avenches (VD) et qui connaît un certain succès. "En Suisse il manque 4000 chauffeurs, on a donc mis en place deux systèmes de formation pour pallier cette pénurie", explique Cristiano, l'un des formateurs, dans La Matinale. Les métiers manuels ont de moins en moins la cote tandis que la voie académique est, elle, encouragée par les parents, observe-t-il.

>> Le reportage de la Matinale à ce sujet :

On en parle ouvre son guichet à toutes vos questions sur les litiges garagistes-client.e.s et sur les frais de réparation de véhicules. [Depositphotos - tomwang]Depositphotos - tomwang
Une pénurie d'apprentis pèse sur le système de formation dual en Suisse / La Matinale / 3 min. / le 13 mai 2022

Académisation de l'apprentissage

Pour Eric Collomb, la voie royale faite aux formations académiques joue clairement un rôle dans ce manque d'apprentis. "Elle est devenue trop facile d'accès pour les jeunes. Le niveau d’exigence devrait être relevé". Il déplore, par ailleurs, l'augmentation des exigences théoriques lors de la formation professionnelle, "mettant certains apprentis sur le bas côté de la route".

Pour résoudre cette problématique, l'entrepreneur appelle à une meilleure valorisation de l'apprentissage au niveau des cycles d’orientation, mais aussi à une adaptation du niveau d'exigence. Cela afin de ne pas décourager les apprentis et ne pas mettre à mal une voie professionnelle déjà "en danger".

>> Ecouter aussi l'interview dans Forum de Luciana Vaccaro, rectrice de la HES-SO et présidente de la Chambre des Hautes écoles spécialisées :

Interview de Luciana Vaccaro, rectrice de la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO). [Aspen Institute Italia - Aspen Institute Italia]Aspen Institute Italia - Aspen Institute Italia
La filière de l'apprentissage en sous-effectifs à cause des nombreuses passerelles: interview de Luciana Vaccaro / Forum / 6 min. / le 13 mai 2022

Benjamin Luis/Fabrice Gaudiano

Texte web: Hélène Krähenbühl

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