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Les Saints de glace ne riment plus réellement avec les coups de gel

Les agriculteurs redoutent le gel [Keystone - Valentin Flauraud]
Le phénomène météo des "Saints de Glace" de mai voué à disparaître / Le 12h30 / 1 min. / le 2 mai 2022
C'est la hantise des jardiniers. Les Saints de glace sont la promesse d'avoir une dernière fois du gel entre le 11 et le 14 mai. Mais pour les météorologues, le phénomène a disparu depuis longtemps. Et avec les changements climatiques, il y a même de moins en moins de chance d'avoir du gel au mois de mai.

"Mieux vaut ne rien planter avant que les quatre Saint de glace n'aient montré le bout de leur nez". Ce dicton sonne comme un avertissement. Du 11 au 14 mai, il y aurait une plus grande chance d'avoir un gel printanier et ainsi de perdre les jeunes pousses mises en terre.

Depuis le Moyen Âge, les Saints en question (Mamert, Pancrace, Servais et Boniface) sont synonymes de gel. Cette dernière période froide, avant l'été, s'arrêterait le 15 mai pour la Sainte-Sophie ou Sophie la froide. Après cette date, il n'y aurait plus de risque de gelée pour les cultures.

La précision des dates est mise à mal par un changement de calendrier en 1582. Le passage du calendrier julien au calendrier grégorien a décalé la période d'une dizaine de jours. Les Saints de glace pourraient donc être aujourd'hui du 22 au 25 mai dans notre calendrier.

Autre surprise, en regardant votre calendrier vous ne trouverez pas de Saint Mamert le 11 mai, mais une Sainte Estelle. Les noms des Saints inscrits dans le calendrier ont également évolué avec le temps.

Réchauffement climatique

Au-delà des soubresauts de l'Histoire, le phénomène a intéressé les spécialistes de la météo. Selon leurs mesures, il n'y a plus de différence sur le Plateau suisse entre la semaine des Saints de glace et le reste du mois de mai.

"Les années sans gel au mois de mai deviennent plus fréquentes", explique Mikhaël Schwander, météorologue à MeteoSuisse. "Si on considère tout le printemps météorologique (mars-mai), on est passé sur le plateau romand d'une vingtaine de jours de gel dans les années 60 à 10-15 jours pour la période 2010."

Les changements climatiques ont un impact sur le phénomène. "Avec le réchauffement, la végétation se développe plus tôt, dès la fin de l’hiver. Même si le nombre de jours de gel diminue, il peut toujours y avoir des coups de froid aussi intenses que par le passé mais avec une végétation plus développée. Les dégâts peuvent être plus importants", précise Mikhaël Schwander.

La période de gel arrive également plus tôt. "Désormais, le gel en avril cause plus de dégâts que le gel de mai". Mais attention, il peut toujours geler durant le mois de mai. Depuis 1965, le sol gèle sur le Plateau en mai en moyenne entre une et deux fois.

Pascal Wassmer

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