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Plongée dans l'un des deux labos de Suisse qui mènent des expériences sur les singes

En marge de la votation sur l'expérimentation animale, visite d'un laboratoire qui utilise des primates pour la recherche
En marge de la votation sur l'expérimentation animale, visite d'un laboratoire qui utilise des primates pour la recherche / 19h30 / 3 min. / le 28 janvier 2022
L’Université de Fribourg possède l'un des deux seuls centres de recherche du pays à mener des expérience sur les primates. A quelques jours de la votation sur l’expérimentation animale, ce laboratoire a décidé de jouer la carte de la transparence en ouvrant les portes de son animalerie. Des images rares qui ont valeur de témoignage.

C'est un lieu controversé: la Faculté de médecine de l'Université de Fribourg (UniFR), et plus précisément son laboratoire de neurosciences. Ce centre de recherche possède une quinzaine de macaques destinés à servir de cobayes pour des expériences scientifiques. En Suisse, seule l'Université de Zurich mène aussi des expériences sur les primates.

Alors que la population est appelée à se prononcer le 13 février sur l'interdiction pure et simple de l'expérimentation animale en Suisse, les chercheurs fribourgeois ont accepté que la RTS vienne filmer dans leurs locaux. Il s'agit pour eux de montrer les conditions réelles dans lesquelles se passent les expériences sur les singes dans notre pays.

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Le bien-être de l'animal au centre

On y découvre notamment Stan, un jeune macaque enrôlé dans une expérience sur la perception visuelle. Durant la première phase, le singe doit identifier des stimuli visuels, tandis qu'une caméra enregistre le mouvement de ses yeux. Mais dans quelques mois, il se verra implanter des électrodes qui permettront d'observer son activité cérébrale.

Objectif de l'expérience: mettre au point des prothèses visuelles qui s'implantent directement sur le cortex. "Cela permettrait à des personnes non voyantes ou malvoyantes de récupérer un semblant de vision et peut-être, dans le futur, une vision encore plus développée", explique Samy Rima, l'un des collaborateurs scientifiques du laboratoire.

Le bien-être de l'animal est au centre des préoccupations des chercheurs, insiste Samy Rima. "Il y a une opération qui est faite comme pour les humains, dans un cadre stérile, sous anesthésie générale. Le singe est suivi pour savoir s'il est en bonne santé, s'il n'a pas d'infection, s'il ne montre pas de signes directs ou indirects de souffrance physique ou psychique."

Des expériences rares, mais qui dérangent

A peine un tiers des expérimentations menées sur des animaux en Suisse sont aussi invasives que celle-ci. La plupart d'entre elles concernent des petits animaux comme les rats ou les souris et il est extrêmement rare qu'elles soient réalisées sur des singes. Les primates ne représentent ainsi que 0,03% des animaux utilisés pour la recherche en Suisse.

Toutefois, au vu de la proximité entre le singe et l'être humain, ce sont ces expériences-là qui dérangent le plus. D'ailleurs, l'Université de Fribourg a été pointée du doigt à plusieurs reprises par les opposants à l'expérimentation animale ces dernières années. Début 2018, une pétition munie de 19'000 signatures avait été déposée demandant "l'arrêt immédiat des expériences prévoyant de mettre des singes sous cocaïne".

Une nécessité pour le progrès médical

Mais pour le professeur Gregor Rainer, les expériences sur les primates sont parfois essentielles pour le progrès médical, au point de justifier selon lui qu'on sacrifie l'animal. "Dans notre travail, particulièrement avec les singes, on développe une relation assez proche. Tuer un animal avec lequel on a travaillé trois ou quatre ans, ça n'est pas facile pour nous", affirme le doyen de la Faculté des sciences et de médecine de l'Université de Fribourg.

Stan n'y échappera pas. Lui aussi sera euthanasié à la fin de la recherche. Mais avec les autres macaques de ce laboratoire, il aura contribué, peut-être, à redonner la vue à des aveugles, soigner la dépression ou encore trouver un traitement contre la maladie d'Alzheimer.

Valérie Gillioz

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