Elever ses enfants en colocation, une pratique de plus en plus fréquente
Pour des raisons économiques, logistiques et surtout sociales, des familles font le choix d’élever les enfants en colocation. Le phénomène reste marginal (0,7% des ménages suisses), mais il prend de l’ampleur: en moins de dix ans, les colocations familiales ont presque doublé en Suisse.
Le classique modèle papa-maman-enfants n'est plus le seul dans une société qui voit la conception de la famille évoluer avec le temps.
Pour briser la solitude ou pour s'essayer à davantage de solidarité, des parents choisissent désormais de plus en plus de vivre sous le même toit pour élever leurs enfants, pour un temps déterminé ou pour une plus longue période. Il s'agit notamment de parents célibataires, qui souhaitent reconstruire une structure familiale, mais aussi de couples.
La discussion plutôt que la télévision
Depuis septembre 2020, Vaiata et son fils Alpha, Dalvina et sa fille Estelle et enfin Stéphanie, qui n'a pas d'enfants, vivent ainsi ensemble et partagent les repas, le ménage et l'éducation des enfants.
"J’ai voulu vivre en colocation familiale parce qu'à un moment donné, j'ai eu des difficultés et j'avais besoin d'aide", témoigne Vaiata samedi dans le 19h30, ajoutant que "c’est tellement plus agréable d’avoir des grandes tables, une éducation partagée, des enfants qui jouent ensemble". Elle estime d'ailleurs profiter beaucoup plus de son enfant aujourd'hui parce qu'elle se sent entourée.
Dalvina relève de son côté qu'il est important d'avoir une oreille à qui se confier: "On discute de plein de sujets, on ne passe pas cinq minutes devant la télé, on n'en a pas, mais on discute et c’est super chouette."
Seule du trio à ne pas être maman, Stéphanie juge aussi l'expérience enrichissante. "Je promène le chien, je garde les enfants le soir ou j’emmène les enfants à la crèche. Et en échange, j’ai accès à la voiture de ma colocataire", explique-t-elle.
Bénéfique pour les enfants
Le modèle du ménage multifamilial séduit même les couples. Depuis le mois de février, quatre médecins cohabitent dans un appartement de 300 mètres carrés à Bienne. Il y a là Marc-André, sa femme Anna et leurs deux jumeaux, Etienne et sa copine Laurine ainsi que Joël.
Marc-André estime que cela permet de se confronter à davantage de personnes, d'augmenter les interactions. "Et puis cela donne des enfants qui sont aussi super ouverts, toujours habitués au fait qu’il y a plus de gens à la maison et je crois que c’est plus agréable pour eux."
La colocation peut effectivement être un vrai plus pour le développement de l’enfant, à condition toutefois de conserver des moments en famille et de partager la même vision de l’éducation, avertit Nahum Frenck, pédiatre et thérapeute de famille. Et d'ajouter: "Si l’autre famille commence à critiquer les parents dans la parentalité, cela risque de ronger un peu l’autorité familiale. Mais s’il y a un respect réciproque, il n’y a aucun problème."
Sujet TV: Fanny Zürcher
Adaptation web: Frédéric Boillat
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