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Quatorze plaintes pénales déposées contre Wee, un sponsor du FC Sion

14 personnes déposent plainte pénale contre la société Wee pour escroquerie.
14 personnes déposent plainte pénale contre la société Wee pour escroquerie. / 19h30 / 3 min. / le 20 avril 2021
Quatorze personnes viennent de déposer à Genève une plainte pénale contre le groupe Wee, qui propose des offres de fidélisation pour les commerces locaux, révèle mardi la RTS. C’est une étude d’avocats genevois qui a regroupé les plaintes, pour escroquerie, notamment.

"Il s’agit de tous les artifices que la société a mis en place, les artifices d’ordre marketing, des artifices de communication, des événements médiatiques autour d’offres qui en réalité s’avéraient de véritables coquilles vides", explique au 19h30 mardi Jacques Azoulay, conseil au sein de Lavi Avocats à Genève.

Le groupe Wee et sa filiale suisse proposent, depuis plusieurs années, une sorte de Supercard ou de Cumulus pour le commerce local. A chaque achat dans un magasin partenaire, le client se voit accorder une petite remise. Le commerçant, lui, fidélise sa clientèle. Tout le monde est censé y gagner. Le site internet de Wee revendique plus de 700 partenaires affiliés en Suisse.

Mais dans les faits, c’est une autre histoire, en tout cas pour Raymond Julian. Ce chauffeur de taxi à Genève a rejoint Wee en 2016: "On nous promettait 100’000 commerces inscrits, un million d’applications inscrites, on n’en a pas vu beaucoup jusqu’à présent." En cinq ans, il dit n’avoir transporté qu’un seul client qui possédait la carte Wee. Mais au-delà du manque de clients, le problème est qu’il a investi beaucoup d’argent dans la société. "J’avais investi toutes mes économies à l’époque, une somme de 12'000 euros que je n’ai jamais retrouvée dans l’autre sens."

Système pyramidal frauduleux

Raymond et les autres plaignants dénoncent des promesses non tenues et un système pyramidal frauduleux. En plus de sa propre licence, chaque partenaire est appelé à acheter d’autres licences et à les revendre à d’autres commerçants empochant au passage une commission, et ainsi de suite. Le problème, c’est qu’au bas de la pyramide, les derniers entrants sont toujours perdants.

Jannick Beuchat en a fait l’expérience. En 2018, une connaissance lui a proposé d’investir dans la société. Elle a acheté des licences mais aussi des actions: "On nous promettait que les actions allaient prendre de la valeur. Très vite, ça m’a mis la puce à l’oreille, je me suis dit qu’il y avait un problème. Finalement, j’ai constaté qu’il y avait un système pyramidal. La personne qui m’avait recommandé ce système m’avait caché qu’elle récupérait des commissions à chaque fois que j’investissais dans quelque chose." Au final, elle dit avoir perdu plus de 30'000 francs dans l’aventure: "On était des pigeons et on est beaucoup."

Wee n'a pas connaissance de ces plaintes

A l’origine de Wee, il y a Cengiz Ehliz, un homme d’affaires turc établi dans le sud de l’Allemagne. Il se présente comme visionnaire et aime se mettre en scène. Le groupe comprend de multiples sociétés actives partout en Europe. En Suisse, la filiale principale s’appelle Weeconomy AG. Son siège est situé dans le canton de Thurgovie.

Contacté, Cengiz Ehliz dit ne pas avoir connaissance de ces plaintes, et préfère ne pas y répondre. Quant aux accusations concernant le système pyramidal, il renvoie à ceux qui distribuent ses produits: "Le groupe Wee propose son système au travers d’une plateforme à de potentiels distributeurs externes. Le groupe Wee n’a pas de système de distribution interne", fait-il savoir par courriel.

Prison ferme en Belgique

Ce n’est pas la première fois que Cengiz Ehliz doit faire face à des plaintes. Il y a un an, il a déjà été condamné à de la prison ferme pour escroquerie en Belgique.

>> Revoir l'enquête de Mise au Point sur cette affaire :

Le nouveau partenaire du FC Sion
Le nouveau partenaire du FC Sion / Mise au point / 14 min. / le 23 février 2020

>> Lire aussi : Le fondateur de Wee, sponsor du FC Sion, accusé d’escroquerie

Dans sa réponse à la RTS, Cengiz Ehliz dit avoir fait appel de sa condamnation.

En Suisse, le combat judiciaire ne fait que commencer. D’autres plaintes pourraient être déposées prochainement. Les plaignants estiment leur préjudice financier à un demi-million de francs.

Gilles Clémençon, avec Ludovic Rocchi et Cécile Tran-Tien

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Le FC Sion va "suivre l'évolution"

En 2019, Cengiz Ehliz s’affichait tout sourire aux côtés de Christian Constantin, lorsque sa société est devenue sponsor du FC Sion. Depuis, l’ambiance a changé. Contacté, le président du FC Sion précise d’abord que le contrat de sponsoring avec Wee est aujourd’hui suspendu pour cause de Covid, à la demande de la société elle-même. Concernant les plaintes déposées en Suisse, il indique que "le FC Sion va suivre attentivement l’évolution. "

>> Ecouter l'analyse de Ludovic Rocchi dans La Matinale mercredi :

Le fondateur de weeConomy Cengiz Ehliz et Christian Constantin. [Keystone]Keystone
La société Wee, l'un des sponsors du FC Sion, sous le coup d’une plainte pénale collective pour escroquerie / La Matinale / 1 min. / le 21 avril 2021