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CFF Cargo: manifestation monstre au Tessin

Un vrai dialogue de sourds pour les acteurs du conflit CFF Cargo.
Quelque 10'000 personnes ont manifesté à Bellinzone.
Environ 10 000 personnes ont manifesté mercredi après-midi à Bellinzone contre la restructuration des ateliers industriels de CFF Cargo. Parmi elles se trouvaient cinq conseillers d'Etat. Les CFF haussent le ton.

La présence du gouvernement tessinois in corpore dans une telle
manifestations est une première dans l'histoire du canton fondé en
1803. Le Conseil d'Etat a voulu montrer un signe de solidarité, a
indiqué son président Marco Borradori (Lega).

La Berne fédérale doit voir que le canton tout entier se tient
derrière les grévistes et qu'il n'y a pas de faille. M. Borradori a
ajouté que le dialogue reste possible. Mais à la condition que les
discussions se fassent à armes égales.

Appel d'Andreas Meyer

De son côté, le chef des CFF Andreas Meyer a appelé mercredi les
grévistes de CFF Cargo à Bellinzone à renoncer à leurs exigences de
garantie et à reprendre le travail. Il a indiqué que les activités
de l'atelier de CFF Cargo à Bellinzone seront transférées ailleurs
fin avril si la grève ne cesse pas.



Les travaux pourraient être effectués dans d'autres ateliers des
CFF en Suisse, par des tiers ou à l'étranger. «Ce n'est pas une
menace mais une nécessité pour pouvoir continuer à assurer nos
services», a précisé Andreas Meyer à l'occasion de la présentation
des chiffres annuels des CFF à
Zurich.

Le directeur a aussi appelé les grévistes à renoncer aux
garanties qu'ils exigent de CFF Cargo. «Nous ne pouvons donner
aucune garantie avant de procéder à des négociations», a-t-il
dit.

Rencontre ratée

Une centaine de grévistes tessinois sont montés mercredi à
Zurich-Oerlikon. Ils ont voulu entrer dans la salle où se tenait la
conférence de presse, mais un important service de sécurité les en
a empêchés. Ils ont alors manifesté devant le bâtiment en scandant
«touchez pas à notre entreprise» et «honte sur vous»!

Les CFF ont proposé une rencontre dans l'après-midi. Mais les
responsables de la grève ont refusé. «Le but de la discussion
n'était pas clair et on ne nous a pas dit qui y participerait, a
expliqué Gianni Frizzo, leur porte-parole.



Les grévistes se sont ensuite rendus à la gare principale de
Zurich où ils ont retrouvé des ouvriers de la construction qui ont
également suspendu le travail, afin d'obtenir une convention
collective.

Table géante à la gare

Les syndicats ont installé des tables pour 700 personnes au bout
des quais. Les grévistes y ont dîné. La police a dû intervenir afin
que les clients des CFF puissent accéder aux trains.



Le Syndicat du personnel des transports (SEV) a réitéré ses
critiques contre les erreurs de management des CFF. Il a dénoncé le
manque de transparence sur les «résultats qui les ont poussés à
démanteler CFF Cargo».



ats/sun/tac

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Le président des CFF critique les politiciens

Le président des CFF Thierry Lalive d'Epinay a rejeté devant les médias les critiques sur le manque de transparence de CFF Cargo. «Les résultats de CFF Cargo ont été régulièrement soumis à des révisions internes et externes. Les chiffres étaient et sont toujours absolument corrects», a-t-il déclaré.

Thierry Lalive d'Epinay s'explique: «nous n'avons pas un problème de comptabilité mais d'activité». Les coûts d'entrée sur les marchés allemand et italien sont élevés. CFF Cargo a dû investir des sommes qu'elle n'a pas pu compenser par les transports gagnés, a expliqué Thierry Lalive d'Epinay. «En 2007, chaque tonne-kilomètre supplémentaire transportée a pour ainsi dire creusé davantage le trou dans les caisses.»

Le président voit l'avenir de CFF Cargo dans des partenariats avec des compagnies européennes mais ne veut pas renoncer à la stratégie d'expansion à l'étranger qu'il juge «indispensable» à la survie de la société. Thierry Lalive d'Epinay a par ailleurs pris à partie devant les médias les hommes et les femmes politiques qui se sont rangés derrière les grévistes.

Nombreux sont ceux qui ont mis de côté leurs principes pour favoriser des intérêts régionaux, a-t-il dit. Or, les CFF ne devraient pas faire de politique régionale. «C'est pour cela notamment qu'on a donné à la régie le statut de société par action à la fin des années 90.»

Nouvelle rencontre

La crise de CFF Cargo a également occupé le Conseil fédéral lors de sa séance hebdomadaire. Il a annoncé mercredi qu'il recevra le Conseil d'Etat tessinois pour discuter de CFF Cargo. Ce dernier a reçu le même jour le soutien du gouvernement genevois.

Par ailleurs, le comité de grève des ateliers de Bellinzone rencontrera jeudi Marco Solari, le médiateur nommé par Moritz Leuenberger dans la crise de CFF Cargo.