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Discours de Christoph Blocher et réactions

Christoph Blocher devant l'Assemblée fédérale après son éviction
Christoph Blocher devant l'Assemblée fédérale après son éviction
Les réactions ont fusé suite à l'éviction de Christoph Blocher et au passage de l'UDC dans l'opposition. Le parti a proféré des menaces, mais les autres formations restent sereines, excepté le PRD, qui craint une période d'instabilité.

"Avec l'élection d'Eveline Widmer-Schlumpf à la place de
Christoph Blocher, vous avez montré que vous ne voulez plus que la
politique de l'UDC soit représentée au gouvernement", a déclaré le
chef du groupe Caspar Baader à la tribune. Pour le Bâlois,
l'Assemblée fédérale a foulé aux pieds la volonté des électeurs et
a perturbé le système politique en nommant un gouvernement de
centre-gauche. Et de promettre que l'UDC va continuer de combattre
les décisions qui ne lui correspondent pas.

Un mal pour un bien?

Le conseiller national Oskar Freysinger n'a pas paru trop
démonté par ce coup de tonnerre, estimant que cette évolution est
positive: "Nous dépasserons les 30% en 2011". "En attaquant", on
prend du muscle, relève le Valaisan, qui s'attend à une
augmentation de la polarisation gauche-droite. Le fait que
Christoph Blocher ne soit plus au gouvernement "me fait mal pour
lui", "mais c'est bon pour le parti".



Pour Samuel Schmid, il n'est pas question d'adhérer à un parti
autre que l'UDC, dont il est membre depuis 40 ans. Les déclarations
d'exclusion du groupe parlementaire tenues par les démocrates du
centre n'y changent rien, a souligné le ministre de la Défense. En
tant que membre du gouvernement, n'être pas intégré à un groupe ne
change pas grand-chose, a-t-il encore précisé.

Pas un CF de centre-gauche

En face, les autres partis rejettent en bloc l'idée que le
Conseil fédéral a versé vers le centre gauche. "Nous avons élu une
femme de droite qui fait une politique de droite", souligne le
président du Parti libéral Claude Ruey. Ce qui dit l'UDC, c'est de
la désinformation selon lui.



"On verra au plus tard en février qu'il n'y a pas de coalition
entre la gauche et le PDC au moment de la votation sur la réforme
de l'imposition des entreprises", a souligné Christian Levrat,
candidat à la présidence du PS. "Le PDC est du côté des
actionnaires et des plus riches, alors que nous sommes du côté des
ouvriers".

Nous dépasserons les
30% en 2011

Oskar
Freysinger

Soulagement unanime

Dans l'ensemble, les partis se disent soulagés après cette
élection. Depuis quatre ans, à cause de Christoph Blocher, "on vit
malheureusement dans une espèce de tension permanente", a exprimé
Claude Ruey. La majorité du parlement n'a plus voulu d'un "chef de
bande". "Blocher s'est pris pour le peuple. Cela lui a coûté sa
réélection", selon le présidnet du PS Hans-Jürg Fehr.



Blocher aurait "mieux fait de se taire, au lieu d'attaquer le
Parlement", juge la présidente des Verts Ruth Genner. "On a senti
comme il était frustré et déçu". Il n'a as la grandeur nécessaire
pour une analyse critique de la situation.



La plupart des formation pensent aussi que les tensions se
calmeront vite. Selon Christian Levrat, "d'ici deux ans,
E.Widmer-Schlumpf siégera à nouveau avec son groupe UDC. "Tôt ou
tard, le bateau de la guérilla de l'UDC va se casser", renchérit le
PDC Dominique De Buman.

Le spectre de l'instabilité

Seul le PRD se montre moins enthousiaste. "La Suisse est menacée
par une certaine instabilité, a réagi son président Fulvio Pelli.
Le gouvernement reste bourgeois, mais les débats ne pourront pas
être aussi sereins au Parlement".



Durant quatre ans, gouvernement et parlement ont pu garantir à
l'économie les conditions d'une évolution, a rappelé Fulvio Pelli.
Le gouvernement continuera de mener une politique bourgeoise, mais
le manque de lien entre les deux conseillers fédéraux UDC et leur
parti "sera un problème pour tous au parlement": avec les velléités
de combat présentes, la sérénité des débats ne sera plus
garantie.



ats/boi/mf

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E.Widmer-Schlumpf: "pas la tâche facile"

"Je suis d'un autre parti que Christoph Blocher", a déclaré Eveline Widmer-Schlumpf. "Enfin d'une autre section", a-t-elle précisé.

"Je n'aurai pas la tâche facile comme conseillère fédérale, notamment avec un groupe qui ne me soutient pas", a ajouté la nouvelle élue. Elle s'efforcera néanmoins de maintenir le contact avec le groupe UDC, "car je crois que seul le dialogue permet d'avancer".

Mais "il y a sûrement des gens au sein de l'UDC avec lesquels je pourrai travailler", selon la Grisonne, qui ne pensent pas qu'il y aura une scission dans le groupe UDC.

Elle a dit avoir pris sa décision jeudi matin après avoir encore fait le bilan de la situation, y compris familiale, et par rapport au canton.

Le "oui" d'Eveline Widmer-Schlumpf a été accueilli par des cris de joie sur la Place fédérale, où quelque 500 personnes étaient réunies depuis l'aube.

Les supporters d'Eveline Widmer-Schlumpf, en particulier des femmes et des partisans de la gauche, ont été maintenus par la police derrière des barrières de sécurité.

En soirée, la nouvelle conseillère fédérale a été acueillie par la population grisonne jeudi vers à son arrivée à la gare de Coire.

Un millier de personnes enthousiastes ont participé à la fête sur une terrasse au-dessus des voies.

Eveline Widmer-Schlumpf s'est ensuite rendue dans sa commune de Felsberg, où une fête improvisée l'attendait.

Blocher ne quitte pas la politique

"Je quitte le gouvernement, mais pas la politique", a déclaré Christoph Blocher devant l'Assemblée fédérale.

"J'hésite entre l'indignation et le soulagement", a déclaré le Zurichois.

"L'indignation en raison de la manière avec laquelle vous ne m'avez pas réélu" notamment parce que "vous ne m'avez pas dit les motifs".

"Le soulagement, parce que je pourrai désormais recommencer à dire ce que je pense, à parler de choses dont, pour des raisons comme la concordance et la collégialité, je ne pouvais pas parler".

Le secret de fonction a trop souvent servi à couvrir des choses sales qu'on ne voulait pas voir. "Dans l'opposition on pourra les montrer", a conclu l'ex-ministre de la Justice.

De son côté, Ueli Maurer envisage un retour de Christoph Blocher au Conseil national. "Nous verrons, c'est possible". La variante qui verrait l'ancien conseiller fédéral devenir président de l'UDC est également une option.