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Les ex-squatters du Rhino font recours

La corne, symbole du squat, avait été démontée lundi
La corne du Rhino a été décrochée lundi soir vers 21h45
Au lendemain de leur évacuation, les ex-habitants du Rhino tentent une ultime contre-attaque judiciaire. Ils s'adressent désormais à la commission cantonale de recours en matière de constructions.

Ils essaient ainsi d'obtenir l'annulation de l'autorisation de
construire.

Alors que les ouvriers ont déjà démoli les sanitaires et que les
déménageurs ont entamé leur travail, des mesures urgentes ont été
demandées mardi à la commission LCI (loi sur les constructions et
installations diverses), a indiqué la vice-présidente du PS Carole
Anne Kast. Cette instance tranche les recours en matière
d'autorisations de construire.



L'avocat de Rhino Pierre Bayenet confirme la saisie de la
commission sans vouloir en dire plus. Il ajoute que les créateurs
de la corne rouge géante emblématique du squat, abattue lundi soir
au moyen d'un camion-grue, pourraient déposer plainte pénale. Le
rapporteur spécial de l'ONU pour le droit au logement a également
été saisi.

Pas de dégâts

La nuit et la matinée ont été relativement calmes à Genève après
l'évacuation du squat Rhino lundi. Les ex-occupants négocient pour
récupérer leurs affaires. Deux personnes ont été interpellées pour
violence et émeute.



Quelques incidents ont été signalés pendant la nuit: des
bouteilles incendiaires ont été lancées sur le poste de police de
Plainpalais et sur le parking du Nouvel Hôtel de police, sans faire
de dégâts importants.



Le feu a également été bouté à des détritus près de l'arsenal. Les
forces de l'ordre ont par ailleurs saisi une grande quantité de
matériel pouvant servir à des émeutes, comme des engins
pyrotechniques.

Tous relâchés

Sur les 22 personnes interpellées lundi à l'intérieur du Rhino,
aucune n'était encore en cellule mardi matin. Trois (deux femmes
enceintes et une maman) avaient été relâchées immédiatement, 18
autres l'ont été au cours de la soirée. Le dernier, un requérant
d'asile débouté, a été relaxé au cours de la nuit. Les autorités
lucernoises n'ont pas donné suite au mandat d'expulsion qu'elles
avaient émis contre lui.



Une vingtaine d'ex-squatters se sont réunis en matinée devant
l'immeuble pour tenter de récupérer leurs affaires. Ils prévoient
de porter devant la justice ce déni des droits de l'homme, «indigne
de Genève». Une évacuation sans avertissement préalable ne se
justifie pas, estiment-ils.

Evacuation digne

Le conseiller d'Etat Mark Muller a jugé que le travail de la
police était «remarquable». Malgré quelques légers heurts,
l'évacuation s'est déroulée «dignement», a déclaré à la Radio
suisse romande le chef du département des constructions du canton.
«Nous avons retrouvé une situation conforme au droit dans cet
immeuble».



L'emblématique squat Rhino à Genève est tombé lundi après 19 ans
d'occupation. Les squatters ont été évacués sur ordre du procureur
général Daniel Zappelli et de Mark Muller.



ats/tac

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La gauche s'indigne, la droite se félicite

Au niveau politique, les réactions indignées de la gauche ne se sont pas fait attendre.

La conseillère administrative socialiste Sandrine Salerno et son collègue Rémy Pagani (A gauche toute) ont fustigé la méthode Zappelli. Le Parti socialiste, solidaritéS, le Parti du travail et les communistes ont aussi critiqué l'opération.

La droite affiche par contre un large sourire: «il est temps de tourner la page», selon les libéraux.

La Chambre genevoise immobilière (CGI) estime que l'évacuation des squats de la Tour et de Rhino consacre le respect de la protection de la propriété.

Des logements bon marché à la place

Une vingtaine d'appartements bon marché verront le jour en automne 08 à la place du squat Rhino, a indiqué lundi Mark Muller. Les loyers des futurs appartements seront de l'ordre de 1613 francs par mois pour un 4 pièces. Ces loyers modérés seront garantis pendant 5 ans. Le conseiller d'Etat a aussi indiqué que les squatters ont refusé la proposition du canton de s'installer aux Ruches à Loex, en campagne genevoise.

Le 10 juillet dernier, la police genevoise avait déjà évacué le squat voisin de la Tour. Des débordements avaient également eu lieu avec une partie des manifestants présents sur place.