Publié

Police lausannoise: des dysfonctionnements

Dans la tourmente, la police lausannoise suscite l'intérêt de la presse
Vuilleumier, Municipal, et Hagenlocher, chef de la police
La police lausannoise souffre de manquements, dit une étude interne révélée par "Le Matin Dimanche". Le commandant déplore les dérapages mais précise que seule une minorité en est l'auteur. Des réformes sont en cours.

Violences gratuites, abus de pouvoir, faux rapports
d'interventions, guerre de petits chefs, la crise est latente parmi
les 200 collaborateurs de Police-secours (sur 570 au total), selon
"Le Matin Dimanche". Le journal se base sur un rapport confidentiel
de 138 pages qui doit être présenté à l'ensemble de la police dans
les semaines à venir.

Des violences

Les violences à l'égard du public sont généralement exercées sur
des personnes "en situation de faiblesse". "Si certains exemples
sont choquants, d'autres relèvent plus de la banalisation liée à la
routine (...)", relativise le rapport. Cette violence gratuite est
en outre le fait de quelques individus "qui dysfonctionnent
gravement".



Le rapport fustige d'autres pratiques, comme le dénigrement, les
insultes, l'humiliation ou les menaces. Certains chefs seraient
perçus comme étant les éléments déclencheurs de situations qui
dégénèrent.

Des coups et des mensonges

Il est aussi mentionné que "les policiers donnent des coups ou
exercent de la contrainte pour décharger leur tension sans raison".
Ces violences auraient lieu par souci d'efficacité, "pour
impressionner un présumé délinquant et obtenir de lui des
informations". Des "situations réelles, mais isolées qui ne
reflètent pas le travail général de la police", précise cependant
une nouvelle fois le groupe d'étude.



Des pratiques mensongères graves sont aussi mentionnées, comme
l'établissement de documents inexacts, dans le but d'obtenir des
avantages ou pour couvrir certaines fautes. L'organisation du
travail et le management sont aussi sévèrement mis en cause.

Des solutions envisagées depuis 2002

Interrogé par l'ATS, le commandant de la police lausannoise
Gérald Hagenlocher relativise ces informations. Seule une minorité
d'agents sont concernés sur les 200 que compte Police-secours. Sur
30'000 interventions annuelles, trois ou quatre plaintes sont
déposées au total.



Le commandant déplore des révélations "sorties de leur contexte"
et rappelle qu'il est le commanditaire de cette réflexion de fond
en vue d'une meilleure éthique au sein de la police. "Ce n'est pas
une chasse aux sorcières, c'est une réflexion de fond menée pour
améliorer le fonctionnement du corps de police", peut-on aussi lire
dans "Le Matin Dimanche"



Par l'intermédiaire de ce même hebdomadaire, le municipal de la
police Marc Vuilleumier donne l'état des lieux sur les mesures en
cours: de nouveaux statuts, visant notamment à aplanir la
hiérarchie, ont été adoptés; une charte éthique doit sortir; un
code de déontologie est en voie de finalisation. Reste aux modes de
commandement d'être revus.

Poursuites pénales impossibles

A cause de l'anonymat des dénonciations, toute poursuite pénale
est impossible. La police n'a aucun nom, pas de date, pas de
circonstances pour établir ces dysfonctionnements.



Le commandant Hagenlocher déclare par ailleurs à l'ATS que ce
n'est pas un hasard si ce rapport confidentiel est arrivé dans les
mains de l'ancien député libéral Patrick de Preux (voir ci-contre).
Ce dernier est un fervent partisan de la police unique, alors que
Lausanne et son municipal popiste Marc Vuilleumier se battent pour
le maintien d'une police de proximité. Les Vaudois devront voter
sur la police unique.



ats/swisstxt/bri

Publié

Rendre compte des difficultés

L'étude interne a pour but de rendre compte des difficultés rencontrées sur le terrain et de prendre des mesures afin d'éviter que les problèmes révélés ne se répètent.

A la demande du commandant de la police lausannoise, les auteurs du groupe de travail, composé d'une quinzaine de personnes à l'interne, ont interrogé leur propre entourage professionnel.

Des documents destinés au groupe de travail auraient été subtilisés dans les casiers de Police-secours, précise le rapport, réalisé sur deux ans, de 2005 à 2007.

Le rapport interne et les autres mesures s'inscriraient dans une démarche globale sur l'éthique, unique en Suisse. Le projet a été initié en 2002. Son coût s'élèverait à plus de 600'000 fr.

Pour information, le Comité européen pour la prévention de la torture effectuera dès lundi sa 5e visite en Suisse. Il passera en revue les conditions de détention sur sol helvétique pendant deux semaines.

"Le chemin de Genève"

Le document confidentiel est arrivé cette semaine de façon anonyme sur le bureau du notaire vaudois Me Patrick de Preux. L'ancien député libéral, spécialiste de la question "police", s'est exclamé.

"J'ai reçu il y a quelques semaines un document élogieux sur la police de proximité, rédigé par la conférence des directeurs des polices municipales vaudoises".

"Or, on nous a menti! On découvre dans ce document confidentiel qu'elle ne fonctionne pas du tout! Ce n'est pas aussi grave qu'à Genève, mais on en prend le chemin".