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Pics de mortalité records au Tessin, Genève et Vaud en raison du Covid-19

Le nombre de décès au Tessin a doublé depuis la mi-mars par rapport aux années précédentes. Un important pic de surmortalité frappe aussi la Suisse romande, surtout Genève et Vaud, qui enregistrent un nombre historique de décès par semaine.

Provoquée par le Covid-19, la vague de surmortalité frappe la Suisse de manière très inégale. De nouvelles données publiées vendredi par l'Office fédéral de la statistique (OFS) montrent que le nombre de décès, toutes causes confondues, est beaucoup plus élevé que d'habitude au Tessin et en Suisse romande, mais pas en Suisse alémanique.

Au Tessin, premier foyer de l'épidémie en Suisse, il y a eu depuis la mi-mars près du double de décès (+98%) par rapport à la moyenne à la même période entre 2015 et 2019. Durant ces quatre semaines, le canton a déploré près de 500 décès, contre environ 250 en moyenne les années précédentes.

L'augmentation y est largement plus forte que pour l'ensemble du pays, qui s'élève à 22% à la même période.

Derrière le Tessin, Genève enregistre la plus forte augmentation:+72% depuis la mi-mars par rapport aux cinq dernières années. Le nombre de décès a dépassé la barre des 400, alors qu'il se situe d'habitude autour des 240 à la même période.

Ce pic record à Genève semble d'autant plus impressionnant que, selon une étude des HUG, seuls 5,5% de la population a été exposée au virus.

Le canton de Vaud compte pour sa part un excès de mortalité de 44%, toujours en comparant la période allant du 16 mars au 12 avril à la moyenne de ces cinq dernières années durant les mêmes semaines.

Semaines les plus meurtrières depuis l'an 2000

Un autre élément révèle l'importance de la crise au Tessin, Genève et Vaud. Ces trois cantons n'ont jamais enregistré autant de décès par semaine, d'après les données disponibles qui remontent à l'année 2000.

Pour le Tessin, les quatre semaines allant du 16 mars au 12 avril se trouvent même aux quatre premières places des semaines les plus meurtrières depuis l'an 2000. Genève et Vaud comptent trois semaines tristement records.

La situation dans les autres cantons romands

La vague de surmortalité se constate également dans le reste de la Suisse romande, notamment en Valais. Mais comme les chiffres absolus sont relativement faibles en raison de la taille des populations, et qu'il s'agit de données encore provisoires, il convient de rester prudent sur l'ampleur de ces pics.

Bien qu'élevé, le nombre de décès par semaine n'atteint pas de pic historique dans les cantons du Valais, Fribourg, Neuchâtel et Jura.

De faibles fluctuations naturelles du nombre de décès peuvent créer d'importantes variations dans les courbes ci-dessous. Il faudra davantage de recul pour estimer les conséquences de la pandémie dans ces cantons.

La Suisse allemande épargnée

Contrairement à la situation dans les cantons latins, la pandémie de coronavirus n'a pas provoqué de pic de surmortalité en Suisse alémanique.

Outre-Sarine, le canton de Zurich déplore le plus grand nombre de victimes du Covid-19, 111 depuis le début de la crise. Ces victimes influencent peu le nombre de décès par semaine à Zurich, qui a vu depuis la mi-mars une augmentation de 2% du nombre de décès par rapport aux années précédentes. La hausse est légèrement plus marquée chez les plus de 80 ans durant les deux premières semaines d'avril, mais elle reste largement en dessous de la moyenne suisse.

Enfin, certains cantons alémaniques, à l'image de Berne, ne montrent pour l'instant pas d'excès de mortalité par rapport aux années précédentes.

>> Lire aussi notre analyse sur le pic de mortalité en Suisse et le bilan officiel du Covid-19 : Le bilan du Covid-19 pourrait être plus élevé que les chiffres officiels en Suisse

Valentin Tombez, avec Tybalt Félix

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