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Bientôt une armée de volontaires en Suisse?

C'est la proposition d'un professeur de l'EPFZ, qui suggère de remplacer l'obligation de servir par une armée de volontaires de 25'000 à 30'000 hommes. Selon lui, il n'y aurait pas de difficulté à recruter des citoyens.

Dans un entretien publié dans la «NZZ am Sonntag», le professeur
Haltiner, sociologue à l'Académie militaire de l'Ecole
polytechnique fédérale de Zurich, explique que sa proposition vise
à répondre à la baisse régulière du nombre des citoyens jugés aptes
à servir sous les drapeaux.

L'an dernier, plus de 40% des jeunes conscrits ont été déclarés
inaptes au service militaire. Or aujourd'hui, l'indépendance de la
Suisse n'est plus menacée comme lors de la Guerre froide. L'Etat
pourrait donc renoncer à l'incorporation obligatoire des citoyens,
a-t-il souligné. «Pourquoi doit-on contraindre quelqu'un à
surveiller par exemple le Forum économique mondial?»



Il s'agit donc de réfléchir, en dehors des tabous et de la
pression politique, comment l'obligation de servir pourrait être
modifiée, relève le sociologue, avant de proposer d'alléger le
système de milice actuel en réduisant cette obligation à une seule
journée.

Hommes et femmes entre 18 et 40 ans

Lors de cette journée, tous les citoyens et citoyennes de 18 ans
seraient conviés à une séance d'information où ils seraient invités
à participer à une armée de milice sur une base volontaire. Selon
Karl Haltiner, le gros de l'armée doit être constitué de personnes
des deux sexes de 18 à 40 ou 50 ans. Il est convaincu que l'on
pourrait motiver les 25'000 à 30'000 volontaires nécessaires à ce
projet.



Pour y arriver, il propose un catalogue de mesures incitatives
matérielles et non matérielles (lire ci-contre).
Les volontaires seraient astreints à une formation de base de
plusieurs mois et devraient effectuer chaque année au moins 30
jours de service, dont 20 d'un seul tenant.



ats/ap/sun

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Des mesures d'encouragement

Pour motiver les volontaires, Karl Haltiner estime qu'il faut leur proposer, outre un humble salaire, une aide à la formation, un bonus AVS, une caisse maladie financée par la Confédération ou encore un allègement fiscal sur l'impôt fédéral.

Quant à ceux qui ne veulent pas être volontaires, ils devraient être de «réserve». Le noyau de la milice serait en outre complété par des soldats ponctuels.

Ainsi, l'armée helvétique atteindrait le degré de préparation et d'entraînement indispensable pour faire face aux menaces actuelles, selon M. Haltiner.

Les coûts d'une telle milice seraient équivalents aux actuels, voire inférieurs, partant du principe que les absences des personnes qui effectuent un service militaire engendrent des pertes.

Mais de toute façon, les mentalités ne sont pas encore mûres pour une milice de volontaires, conclut le sociologue militaire.