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Accidents de seniors: première suisse

Le médecin d'un senior impliqué dans un accident est accusé
Le médecin d'un senior impliqué dans un accident est accusé
Après l'accident mortel impliquant un conducteur de 83 ans borgne, la famille de la victime a déposé plainte contre le service des véhicules argovien et les médecins concernés. C'est une première en Suisse.

Une procédure pénale pour homicide par négligence a été engagée
contre le service argovien des automobiles. Celui-ci est accusé
d'avoir mal jugé la capacité à conduire d'un conducteur de 83 ans
qui a tué une cycliste âgée de 16 ans en mai 2005. Deux autres
procédures courent contre le médecin et l'ophtalmologue de
l'octogénaire.



L'avocate des parents de la victime a déposé trois plaintes
pénales, a indiqué le préfet de Brugg, Samuel Sumi. Le service des
automobiles et les deux médecins avaient attesté à l'octogénaire la
capacité de conduire en 2003 encore. Fin mai 2005, cet homme qui ne
voit que d'un oeil a provoqué deux accidents, dont un mortel. A un
carrefour, il a heurté une cycliste de 16 ans puis terminé sa
course contre un rocher. La jeune fille est morte peu après à
l'hôpital.

Procédure contre l'octogénaire

L'automobiliste devra peut-être lui aussi répondre de ses actes
devant la justice. En juillet, les parents de la cycliste ont fait
recours auprès du Tribunal cantonal d'Argovie contre le classement
de l'affaire. La procédure pénale ouverte pour homicide par
négligence avait été suspendue par le Ministère public à la demande
du préfet de Brugg.



S'appuyant sur des expertises médicale et psychiatrique, celui-ci
faisait valoir que l'octogénaire n'était plus en possession de ses
facultés mentales au moment de l'accident car il souffrait de
démence sénile avancée.

Jugement subjectif en cas de démence

Dans les cas de déficiences physiques, les décisions sont
objectives car elles reposent sur des bases définies. Au niveau du
psychique, la situation est différente. «Il est vrai qu'en cas de
démence, notre jugement reste assez subjectif», a admis le Dr
François Héritier, membre du comité central de la Société suisse de
médecine générale.



Dans les cas limites, le Dr Héritier reconnaît également que
certains médecins ont tendance «à être un peu trop généreux avec
les patients qu'ils connaissent bien». Mais si les plaintes
devaient se multiplier, «cela nous amènera certainement à
reconsidérer certaines décisions».

Objectivité demandée

Si le médecin ne sait pas comment dire «non» à son patient, il
peut transmettre le dossier à un médecin-conseil indépendant. En
dernier lieu, il est encore possible d'astreindre la personne à un
examen de conduite sur route. Le Dr Rolf Seeger, spécialiste de la
médecine du trafic, est beaucoup plus strict. «Il faut savoir dire
non à un patient. La sécurité routière passe avant les besoins de
la personne».



Mais il ne craint pas que ce genre d'actions en justice se répète.
Pour cela, il faudrait qu'une faute très grave soit commise. Il
s'agit d'ailleurs d'une première suisse. Dans ces conditions,
jamais une plainte n'avait été déposée contre les autorités. Et il
n'est même pas certain que cette action arrive jusqu'au
tribunal.



ats/tac

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Médecins responsables

Du côté du service de la circulation routière du Valais, on ne se considère pas comme principaux responsables en cas d'accident. «Si le médecin juge que le conducteur est médicalement apte à conduire, nous nous fondons sur son avis pour prendre une décision», indique Pierre-Joseph Udry, son directeur.

Dans le canton du Jura, le discours est le même. «Il s'agit en premier lieu de la responsabilité du médecin. Nous ne sommes pas forcément aptes à juger», a déclaré Philippe Receveur, chef du service de l'Office des véhicules du Jura. Une discussion doit donc avoir lieu au niveau de la Confédération, selon lui.

Projet en préparation

Dans le cadre du programme d'action «via sicura», l'OFROU examine différentes manières de contrôler plus efficacement l'aptitude à la conduite de tous les conducteurs, et notamment des personnes âgées. Un modèle en plusieurs étapes sera prochainement mis en consultation. Il prévoit entre autre une meilleure formation des praticiens à la médecine du trafic ou encore un abaissement de l'âge du premier contrôle médical de 70 à 65 ans.

Une adaptation des exigences médicales est également nécessaire en fonction des conditions actuelles. Il faudra aussi améliorer la collaboration entre le médecin traitant et l'autorité chargée du retrait de permis, selon l'OFROU.