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La crise de la coopérative Neuchâtel-Fribourg met à mal le modèle Migros

Le vote organisé pour la révocation de Damien Piller avait fait couler beaucoup d'encre. [Keystone - Jean-Christophe Bott]
La gouvernance de Migros fait encore débat / La Matinale / 2 min. / le 29 novembre 2019
Alors que la crise s'enlise au sein de la coopérative Migros Neuchâtel-Fribourg, certaines voix appellent à réformer l'organisation du géant orange, incapable de faire le ménage rapidement et dont le contrôle est délicat au niveau régional.

La situation est kafkaïenne au sein de la coopérative Migros de Neuchâtel-Fribourg, qui se retrouve avec deux directeurs à sa tête: l'un, Jean-Marc Bovay, est reconnu par la Fédération centrale des coopératives Migros (FCM) mais a été suspendu mardi par l'administration de la coopérative, présidée par Damien Piller. Cette administration a remis les fonctions de direction à Marcelle Junod, un soutien de Damien Piller.

>> Plus de détails dans notre article : Conflit Migros-Piller: le directeur de Migros Neuchâtel-Fribourg suspendu

Au-delà du conflit de personnes, cette situation délétère interroge l'organisation même des coopératives Migros. Du côté de Zurich, certains pensent désormais que son modèle coopératif est désuet et appellent à des réformes.

Une structure vieille de 80 ans

L'entreprise possède la même structure depuis près de 80 ans, calquée sur le modèle de la Confédération. Les clients possèdent chacun une voix dans leur coopérative régionale, qui est autonome. La Fédération des coopératives Migros, elle, est en quelque sorte au service de ces entités régionales, d'où la difficulté, à Neuchâtel-Fribourg, de déterminer qui a le dernier mot en cas de conflit.

La prise de décision peut être aussi plus lente, et le contrôle n'est pas optimal au niveau régional. "Dès l'instant où vous avez une coopérative avec 70'000 coopérateurs, on ne peut plus faire de vraie assemblée générale", constate ainsi Dominique Freymond, un membre de l'Académie des administrateurs, évoquant les simples courriers à cocher que reçoivent les coopérateurs pour dire s'ils acceptent ou non les comptes. "Le contrôle est donc de moindre qualité".

Coop s'en tire mieux

Le principal concurrent de Migros, Coop, était aussi composé d'une multitude de coopératives, mais il les a progressivement fusionnées pour n'en faire qu'une seule en 2001. Or, ces dernières années, ses marges ont mieux résisté que celles de Migros, rappelle la NZZ. Une preuve que la structure de l'autre géant orange est plus efficace? Non, estime Dominique Freymond, pour qui le modèle de Migros a aussi ses avantages en termes de proximité et d'agilité.

Il ne recommande donc pas de révolutionner sa structure, mais d'améliorer la gouvernance régionale: "Il faut avoir des règles plus précises sur le renouvellement de la présidence, ou encore adopter une médiation pour régler les conflits. Il s'agit d'un ensemble d'éléments ponctuels qu'on pourrait mettre dans les statuts des coopératives pour améliorer leur gouvernance", propose-t-il.

Du côté de la Migros, cependant, on indique qu'une réforme globale n'est pas à l'ordre du jour.

Sujet radio: Sandrine Hochstrasser
Adaptation web: Vincent Cherpillod

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