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"Cela fait 40 ans que nous sommes sur la thématique écologique"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Roger Nordmann, chef du groupe des socialistes aux Chambres fédérales
L'invité de La Matinale (vidéo) - Roger Nordmann, chef du groupe des socialistes aux Chambres fédérales / La Matinale / 11 min. / le 3 octobre 2019
Atteint par la limite des mandats, le socialiste vaudois Roger Nordmann ne pourra plus se présenter au Conseil national dans quatre ans; c'est sa dernière campagne. Pour lui, la mobilisation autour du climat ne devrait pas bénéficier uniquement aux Verts, car les socialistes sont précurseurs dans le domaine.

Samedi, Berne a vu défiler des dizaines de milliers de personnes dans ses rues et sur la Place fédérale pour la protection du climat. Pour Roger Nordmann, invité de La Matinale, une telle mobilisation "est super utile pour peser sur la politique. Les Verts bénéficient clairement d'un effet d'étiquette, parce qu'ils ont 'vert' dans leur nom, mais nous, les socialistes, avons quelques bons atouts à faire valoir".

"Le climat est à 80% une question d'énergie. En effet, en Suisse, 80% des gaz à effet de serre émis, c'est de l'énergie", rappelle le seul Romand chef de groupe au Parlement. "Il faut donc beaucoup investir pour nous libérer du pétrole, transformer notre système énergétique. Ça, c'est la spécialité du PS: c'est nous qui avons, par exemple, élaboré la taxe CO2, le programme d'assainissement des bâtiments ou la sortie du nucléaire".

L'importance de la dimension sociale

Ce qui est aussi très important pour lui, c'est la dimension sociale de la thématique écologiste: "Les milieux modestes sont plus exposés à une crise énergétique: les mesures que nous prenons ne doivent pas les pénaliser et nous devons les aider à se libérer du joug énergétique. Si nous prenons un locataire: il n'a pas la possibilité d'investir dans son chauffage ou l'isolation de sa maison, parce que ce n'est pas lui qui décide. Il faut donc absolument avoir des systèmes qui poussent le propriétaire à faire ces investissements et qui protègent le locataire contre une hausse de loyer".

Il en va de même pour les transports: "Si on veut que les gens prennent moins l'avion, en particulier pour des courts courriers, il est très important d'avoir un service public de trains et de liaisons vers les capitales européennes. Ce sont dans ces solutions concrètes et leurs dimensions sociales que le Parti socialiste est bon", insiste Roger Nordmann.

Pas de craintes de passer pour une pâle copie des Verts: "Cela fait 40 ans que nous sommes sur le sujet, avant même qu'il n'y ait des élus verts". Le Vaudois rappelle notamment les combats contre le projet de centrale nucléaire à Kaiseraugst, en Argovie, qui ont abouti à son abandon en 1988. "Il y a donc de bonnes raisons de voter socialiste lorsqu'on est préoccupé par le climat car, en fin de compte, nous sommes préoccupés par les conditions de vie humaine".

2% du PIB pour se libérer du pétrole

"Notre accent, c'est de faire bouger les structures et de déclencher les investissements", explique Roger Nordmann.

"A la fin, il va falloir faire comme dans les années 60: nos grands-parents ont dépensé 2% du produit intérieur brut pour construire les grands barrages et les lignes électriques. Au fond, l'effort qu'on doit fournir aujourd'hui pour investir dans nos bâtiments, notre système de transports, notre production d'électricité, pour nous libérer du pétrole, c'est aussi à peu près 2% du PIB".

Le socialiste affirme que cette question économique est "une question de choix": "Une de nos propositions, la banque d'investissement pour le climat, est très bien reçue partout". Selon lui, "une telle institution n'étant pas liée aux contraintes de limites d'emprunt des banques pourrait aider à financer des projets dans lesquels les banques traditionnelles restent frileuses à investir".

Propos recueillis par Vincent Bourquin

Adaptation web: Stéphanie Jaquet

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Roger, fils d'Ursula Nordmann-Zimmermann

Les deux parents du conseiller national sont des militants socialistes: son père, Philippe, est avocat et sa maman, Ursula, fut juge au Tribunal fédéral.

A l'âge de 9 ans, le petit Roger se souvient avoir été très impressionné par sa maman qui s'est battue pour l'égalité hommes-femmes: "En 1982, elle a fait recours, parce que les filles étaient discriminées pour l'entrée au collège: plus de points étaient demandés aux filles qu'aux garçons. J'étais fasciné qu'elle ait réussi à faire ça! Elle était avocate stagiaire et était déjà au PS... Cela montre que l'engagement de ma famille dure depuis longtemps. Cela se sait et je suis content de lui rendre hommage là-dessus".