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Procès Stern: Cécile B. face à elle-même

L'accusée pourrait sortir de prison à la fin de l'an prochain déjà.
Cécile B. avait enregistré près de 800 messages d'Edouard Stern.
Cécile B., meurtrière d'Edouard Stern, a été longuement interrogée lundi par la Cour d'assises de Genève. Dans la matinée, le public avait pu écouter successivement les messages laissés par le banquier français à sa maîtresse, puis les écoutes menées par la police sur le téléphone de cette dernière.

Devant la Cour, Cécile B. n'a pas rejeté sa responsabilité dans
le meurtre de février 2005. "Evidemment je suis à 100% coupable,
évidemment c'est moi qui l'ai fait", a déclaré l'accusée. "Mais je
n'étais pas moi-même. Ces trois secondes de ma vie, elles ne m'ont
pas appartenu".

La phrase "un million de dollars, c'est cher payé pour une
pute", m'a fait tout exploser, la tête, le coeur, l'esprit". "Je
suis partie comme un automate et j'ai pris l'arme dans le tiroir.
Je n'arrive pas à expliquer. Jamais je n'aurais pensé que j'étais
capable de tuer l'homme que j'aime. Je n'ai jamais fait de mal à
une mouche auparavant", a-t-elle ajouté.

Un million de dollars n'est pas un motif

L'accusée a réaffirmé que le million de dollars promis par
Edouard Stern ne comptait pas pour elle. "Moi j'étais d'accord de
lui rendre son argent". Elle s'est en revanche montrée plus confuse
sur les raisons pour lesquelles elle ne l'avait finalement pas
rendu.



Cécile B. a beaucoup parlé de son amour pour le banquier. Au début
la relation était merveilleuse, son amant lui lisait des poèmes.
Puis les choses ont basculé vers une relation de pouvoir. "Il m'a
mis beaucoup de pression pour que je lui trouve des filles".
Finalement "il m'a fait comprendre que je n'avais rien à faire dans
sa vie, que j'étais trop médiocre pour lui".



Après avoir soutenu l'interrogatoire durant plus de deux heures,
l'accusée a fini en larmes, mais elle a refusé de s'asseoir, malgré
l'autorisation de la Cour, "par respect pour Edouard".

Une relation difficile

Les extraits des messages du banquier à sa maîtresse choisis par
la partie civile ont dans la matinée montré un Edouard Stern épris,
qui appelle sa maîtresse à n'importe quelle heure du jour et de la
nuit. Cécile B. est son "ange, son petit lapin, son coeur". L'homme
est tout triste de ne pas pouvoir se téléporter lors de la
St-Valentin pour pouvoir la serrer dans ses bras.



Sur d'autres messages, la relation apparaît plus difficile. "Si tu
sais le mal que tu me fais", dit Edouard Stern à sa maîtresse. "Tu
veux vraiment me détruire, je suis tellement triste". "Je serai
toujours là pour toi et je te demande d'être toujours là pour moi,
appelle-moi".



La question du million que le banquier a versé à sa maîtresse est
également évoquée au détour d'un message. "Le choix que tu as fait
dans ma vie c'est de voler mon argent", se plaint Edouard Stern.
"Il n'y a ni haine, ni colère. Je t'ai beaucoup aimée. Si tu veux
me parler".

Empêtrée dans ses mensonges

La Cour a également auditionné les écoutes téléphoniques de la
police après le meurtre du 28 février 2005. Ces dernières ne
plaident pas vraiment en faveur de l'accusée. La Française y
apparaît tantôt conservant son sang-froid, tentant de convaincre
ses amis de son innocence, tantôt en proie à la panique, face aux
soupçons des enquêteurs.



Le soir même du meurtre, le 28 février 2005, l'accusée appelle les
CFF pour se renseigner sur les horaires des trains pour l'Italie.
Sa voix est calme et posée, loin des sanglots qui l'ont secouée à
plusieurs reprises depuis le début du procès.



Après son retour de Sydney, Cécile B. appelle plusieurs amis qui
lui conseillent de dire ce qu'elle sait à la police et de prendre
un avocat. "Je ne veux pas y aller avec un avocat, ça fait
coupable", déclare-t-elle alors. A plusieurs reprises, Cécile B.
ment et parle de soi-disant menaces contre Edouard Stern.



Elle évoque des pistes russe et tchétchène. "Il avait beaucoup
d'ennuis. Il se sentait très menacé depuis très longtemps. Je suis
persuadée que c'est une mise en scène, que le meurtrier l'a forcé à
mettre sa combinaison et l'a tué. J'ai l'impression que ce crime a
été maquillé comme si c'était moi qui étais coupable."



agences/jeh

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La confiance des proches de l'accusée

L'audition des écoutes de la police démontre qu'à aucun moment l'entourage de Cécile B. ne semble mettre sa parole en doute.

"Il n'y a aucun souci sur sa culpabilité. Il n'y a aucun doute, ce n'est pas la peine d'évoquer quoi que ce soit", dit un proche à son ami de Clarens qui s'inquiète des interrogatoires de la police.

Au fil des jours, Cécile B. devient plus angoissée. Elle s'explique encore et encore par téléphone à ses amis. Elle dit qu'elle est effondrée et éreintée.

"J'hallucine, je n'arrive pas à croire que c'est la réalité. J'ai l'impression d'être dans un film".

Le fait que le banquier ait été retrouvé vêtue d'une combinaison en latex la gêne.

"Cette combinaison, je la lui avais offerte et il m'avait dit qu'il ne la mettrait jamais avec quelqu'un d'autre que moi", explique Cécile B. à l'un de ses amis.

"Je suis persuadée que c'est une mise en scène".

Selon l'accusée, "la moitié de Paris savait qu'Edouard mettait des trucs bizarres".

Cécile B. avance alors, à qui veut l'entendre, que le banquier se sentait très menacé. "Il avait très très peur".

Il était en procès avec une vingtaine de personnes et avait des affaires en Russie liées au pétrole.

C'est au bout de 15 jours que la Française avouera finalement avoir tué son amant.

Le procès, qui fait toujours salle comble de curieux, se poursuit mardi avec en principe le réquisitoire du procureur et les plaidoiries de la partie civile et de la défense.