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Les coiffeurs traditionnels souffrent de la concurrence des coiffeurs low-cost

Avec l’ouverture d’une nuée de barber shops en Suisse Romande, les coiffeurs crient à la concurrence déloyale
Avec l’ouverture d’une nuée de barber shops en Suisse Romande, les coiffeurs crient à la concurrence déloyale / Mise au point / 12 min. / le 31 mars 2019
La coupe homme à quinze ou vingt francs, tels sont les nouveaux tarifs proposés par les barber shops des salons low-cost qui pullulent dans les villes romandes. Les coiffeurs dénoncent une concurrence déloyale et organisent la contre-attaque.

A Genève, canton qui connaît déjà la plus grande concentration de salons de coiffure de Suisse avec un coiffeur pour 200 habitants, la colère gronde.

"Cela marchait très bien jusqu'à ce qu'un coiffeur pour homme à bas prix s'installe à l'arcade juste à côté. Depuis j'ai perdu des clients", confie Jessica Beau, qui a 18 ans de métier et qui a repris un salon à Vernier il y a deux ans.

Son voisin barbier propose des coupes pour homme à partir de 20 francs. A ce tarif-là, Jessica n’arrive pas à payer toutes ses charges. Dans la plupart des salons de coiffure à Genève, la coupe masculine est facturée entre 30 et 50 francs.

Pétition contre la concurrence déloyale

Jessica est une des initiatrices de la pétition qui circule actuellement à Genève dans les salons traditionnels et qui dénonce "la concurrence déloyale des barber shops". Ces deux dernières années, une quarantaine de salons low-cost ont ouvert leurs portes dans le canton. Rien de plus facile: la profession n’est pas protégée et les arcades ne manquent pas suite aux fermetures des boutiques de prêt-à-porter.

Mais les barbiers ne se contentent pas de tailler les barbes, ils coupent également les cheveux. Les coupes masculines représentent d’ailleurs la plus grande partie du chiffre d’affaires des barbers shops.

Huit salons dans la même rue

"J’avais trois employées, je n’en ai plus qu’une", tonne de son côté Giuseppe Isgro, coiffeur à Genève depuis plus de 50 ans et qui tient un salon de coiffure dans le quartier de Plainpalais. Il y a quelques années, il y avait trois coiffeurs dans sa rue. Aujourd’hui, avec l’arrivée des barber shops, ils sont huit.

Comme partout ailleurs, les nouveaux venus sont des albanophones, des Turcs et des Syriens, qui importent leur savoir-faire et leurs traditions en surfant sur la mode de la barbe.

"On ne veut pas qu’ils ferment, loin de là, parce que tout le monde doit travailler, mais qu’ils respectent les mêmes conditions": co-initiateur de la pétition, Gianni Cantillo tient à préciser la démarche. Selon la commission paritaire de la branche de la coiffure, un salon sur deux en Suisse ne respecte pas la nouvelle convention collective. Celle-ci impose un salaire minimum de 3350 francs pour les employés sans formation et de 4000 francs pour les employés avec CFC.

Des contrôles accrus

Pour mettre de l’ordre dans la branche, les syndicats et Coiffure Suisse, l’association des maîtres coiffeurs, viennent de mettre sur pied un nouveau système de contrôles surprises.

"Tout le territoire national sera couvert dès cette année par des associations spécialisées", promet Damien Ojetti, le président de Coiffure Suisse.

>> Lire aussi : Un salon de coiffure sur deux ne respecte pas la nouvelle CCT nationale

Pierre Bavaud/boi

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