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Les aînés refusent une contribution de solidarité

La moitié féminine de la population, victime de la révision de l'AVS ?
Les seniors ne jouiraient pas d'une situation meilleure que les jeunes.
Le Conseil suisse des aînés monte au créneau contre l'image des retraités mieux lotis que les actifs. Il s'est inquiété vendredi de l'idée d'une contribution de solidarité évoquée dans une étude présentée il y a un an par les services de Pascal Couchepin.

Le travail d'une équipe de l'Université de Genève montrait que
la précarité menace surtout les jeunes, à commencer par les femmes
seules avec enfants et les familles nombreuses. Les 55-64 ans s'en
sortent le mieux financièrement dans l'ensemble.

Résultats surinterprétés

Même si les rentes ne remplacent pas totalement le salaire
antérieur, les retraités bénéficient d'une situation globalement
favorable. Aux yeux du Conseil, ces résultats ont été
surinterprétés.



Selon l'analyse du document effectué par un groupe de travail
interne, la part des personnes avec peu de moyens financiers est
quasi identique chez les retraités et les actifs. Idem pour les
personnes aisées. Les proportions n'ont guère changé ces dernières
décennies.

Pas de mesure ciblée sur les aînés

Par conséquent, «les solidarités existantes sont suffisantes et
rendent une contribution de solidarité supplémentaire de la part
des seniors superflue.» Le président du groupe de travail, Gérard
Heimberg, a enfoncé le clou devant les médias: «il faut certes une
redistribution entre riches et pauvres, mais cette redistribution
doit être indépendante de l'âge et du fait de travailler ou d'être
à la retraite.»



Une recherche commandée à la Haute école spécialisée de St-Gall va
dans le même sens. Grâce au système social créé au 20e siècle, la
situation économique des aînés est comparable à celle du reste de
la population, sans qu'il y ait de corrélation entre les moyens
matériels de ces deux groupes, estime le professeur Walter
Rehberg.

Erosion du pouvoir d'achat

Le St-Gallois note en outre que le 3e âge participe «de manière
considérable» à la société par ses impôts et l'aide qu'il apporte
aux familles.



Autre élément à retenir: l'érosion de son pouvoir d'achat en
raison de l'absence d'adaptation automatique des versements de
vieillesse au renchérissement. Mieux vaut, pour améliorer la
situation financière des plus jeunes, des mesures soutenant
l'emploi des femmes, des jeunes et des seniors.



ats/cht

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Les 55-75 ans les mieux lotis, affirmait l'étude

L'étude, publiée il y a une année, s'était penchée sur la situation économique de 1,5 million de personnes âgées de 25 à 99 ans.

Selon ses résultats, 6% des rentiers étaient touchés par la pauvreté.

Un cinquième des familles de plus de 3 enfants étaient exposées à la pauvreté.

Les autres classes à risque étaient les femmes élevant seules leurs enfants et les jeunes invalides.

Le groupe des 55-75 ans était le mieux loti.

C'était la première fois qu'une telle étude était menée en Suisse.

Selon l'étude, le système des trois piliers remplissait bien sa mission mais devait tenir compte des inégalités soulignées.

Cette étude avait été menée par le professeur Philippe Wanner, de l'Université de Genève, à la demande de l'Office fédéral des assurances.

La réaction d'Yves Rossier, patron de l'OFAS

Le directeur de l'Office fédéral des assurances sociales Yves Rossier confirme qu'il n'a jamais été question d'une taxe spécifique frappant les retraités.

Reste que le risque de pauvreté s'est déplacé et qu'il faudra davantage d'argent pour faire face à l'évolution démographique.

Or les actifs ne doivent pas être les seuls à en supporter le poids. Le système actuel inclut déjà certaines formes de solidarité. Ainsi du pourcent supplémentaire de TVA pour l'AVS payé par chaque consommateur et du «bonus éducatif» pour les mères de famille au foyer.

Mais il faut poursuivre sur la voie de la flexibilisation de l'âge de la retraite et de la différenciation.

«Toutes les réformes en Europe suivent ce chemin», a rappelé Yves Rossier, se référant à l'étude du professeur Giuliano Bonoli publiée en septembre.