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Libre circulation: le gouvernement au front

Libre circulation: les trois conseillères fédérales mettent en garde contre le non.
Trois ministres pour défendre les accords soumis au référendum.
Deux jours après les dernières votations, le Conseil fédéral et les cantons ont lancé mardi la campagne pour la reconduction de la libre circulation des personnes avec l'UE et son extension à la Bulgarie et à la Roumanie.

La question est cruciale aux yeux du gouvernement. Il n'a pas
hésité à dépêcher ses trois conseillères fédérales mardi devant la
presse pour défendre le seul et unique objet soumis à votation le 8
février.

"Pas de plan B"

Les autorités ont sorti l'artillerie lourde pour contrer le
référendum de la droite nationaliste. "Il n'a pas de plan B en cas
de refus", a insisté Micheline Calmy-Rey. Si le peuple rejette la
reconduction de la libre circulation, qui est liée aussi à
l'ouverture à la Bulgarie et à la Roumanie, l'Union européenne (UE)
ne fera rien.



Ce sera à la Suisse de dénoncer l'accord sur la libre circulation
avant le 31 mai, date de son échéance, a averti la cheffe du
Département des affaires étrangères. Six mois plus tard, tout le
paquet des premières bilatérales tombera. "Ce ne sont pas des
menaces", a assuré la conseillère fédérale. Il s'agit seulement de
montrer au peuple les conséquences d'un "non" le 8 février.

"Beaucoup à perdre"

Micheline Calmy-Rey a enjoint le corps électoral à ne pas
spéculer sur les effets possibles d'un refus.



Contrairement à ce que laisse miroiter la droite nationaliste qui
a lancé le référendum, la Suisse se retrouverait en position très
affaiblie pour tenter de renégocier avec Bruxelles, selon elle.
Toute démarche dépendrait de la volonté de l'UE.



"Plusieurs générations de conseillers fédéraux devraient se
succéder avant que la Suisse atteigne le niveau actuel de relations
européennes", a renchéri Eveline Widmer-Schlumpf.



Pour la ministre de justice et police, la Confédération, de par sa
taille, a bien plus à perdre que l'UE. "Il ne faut jamais oublier
que c'est nous et non l'UE - qui avons choisi la voie
bilatérale".



La Suisse a pu tester pendant six ans la libre circulation des
personnes. Reconduire cet accord ne constitue pas un acte
audacieux. Les autorités prennent au sérieux les craintes des
opposants, ont martelé les trois conseillères fédérales. Pour
elles, les délais transitoires, les clauses de sauvagarde et les
mesures d'accompagnement forment un filet de sécurité.

Clause spéciale

L'extension de la libre circulation
à la Bulgarie et à la Roumanie est assortie de délais transitoires.
Jusqu'en 2016, la Suisse pourra maintenir des restrictions à
l'immigration. Une clause spéciale permettra ensuite à la Suisse de
réintroduire des contingents pendant trois ans en cas d'immigration
massive.



"Nous n'attendons aucun impact négatif sur la sécurité", a relevé
Micheline Calmy-Rey. Depuis 2004, les Bulgares et les Roumains
peuvent entrer en Suisse sans visa et aucune incidence sur la
criminalité n'a été constatée, d'après elle. Le président de la
conférence des directeurs cantonaux de l'économie publique
Jean-Michel Cina était aussi de la partie.



"Les cantons sont persuadés que la Suisse ne peut pas se permettre
de se détourner des accords bilatéraux", a-t-il déclaré. "D'autant
que les opposants n'offrent aucune alternative".



ats/ant/mej

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Importance pour l'économie

Doris Leuthard a insisté elle aussi sur l'importance de la reconduction de la libre circulation des personnes pour l'économie helvétique.

Face aux turbulences actuelles et à venir, les accords avec l'UE constituent une sécurité.

La libre circulation a suscité une croissance durable d'au moins 1% du PIB, a relevé la ministre de l'économie.

Cela correspond à 4 à 5 milliards de francs par année.

Le taux de chômage risque de croître l'an prochain pour atteindre 120'000 personnes ou 3%.

Cette évolution ne dépend pas de l'immigration, mais de la dégradation économique, a-t-elle jugé.