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Drogues: la révision passe, le chanvre casse

Pas de dépénalisation pour les plantations de balcon.
Pas de dépénalisation pour les plantations de balcon.
La Suisse ne dépénalisera pas la culture ni la consommation du cannabis pour l'usage personnel. L'initiative a échoué dimanche à la majorité des cantons. La révision de la loi sur les stupéfiants a en revanche été plébiscitée par 68% des votants.

L'initiative populaire "pour une politique raisonnable en matière de chanvre protégeant efficacement la jeunesse"» a été rejetée par 1,456 million de personnes. Seules près de 848'500 l'ont soutenue.

Coup de frein à tout changement

La plus forte opposition a été enregistrée à Neuchâtel, avec 71,5% de rejet. Vaud, avec 71,3% de non, et le Valais, 70,6%, ont eux aussi confirmé leur position restrictive en la matière. Un peu plus loin, parmi les Romands, on trouve Fribourg (69,7%) et le Jura (67,8%). Les Genevois se sont montrés légèrement moins opposés, avec 62,1% de refus.

A Berne, la part de rejet a atteint 61%. Bâle-Ville remporte la palme de l'opposition la plus ténue (55,3%), suivi de Zurich (56,7%).

La netteté du refus de l'initiative qui voulait autoriser la consommation, ainsi que la possession, l'acquisition et la culture de chanvre pour l'usage personnel risque de freiner tout changement de cap en la matière pendant un moment. Le camp rose-vert et les radicaux favorables à la dépénalisation en ont pris pour leur grade dimanche.

Ancrer les quatre piliers

La problématique des locaux d'injection était au centre du débat.
La problématique des locaux d'injection était au centre du débat.

La Suisse a parallèlement décidé d'ancrer dans la loi la politique des quatre piliers en matière de drogues (répression, prévention, traitement et réduction des risques). La révision de la loi sur les stupéfiants a été approuvée par 68% des votants.

Les champions du oui ont été les Bâlois, avec 76,4%. Les Zurichois et les Bernois, qui ont vécu de près les scènes ouvertes de la drogue telles le Letten et le Parc Kocher, ont accepté la révision par 72,3% et par 69,3%, respectivement.

En Suisse romande, Genève arrive en tête, avec 74% de soutien à la politique des quatre piliers. Les scores atteignent 66,1% à Fribourg, 64,4% à Neuchâtel, 64,3% dans le Jura et 60,6% en Valais. Le plus fort scepticisme est issu des Vaudois, dont le taux d'acceptation n'atteint que 56,8%.

Un résultat qui a enchanté le PRD, les Verts, le PS et le PDC. La politique des quatre piliers a fait ses preuves au cours des 15 dernières années, ont-ils rappelé. La protection de la jeunesse s'en trouve renforcée et les relations entre Confédération et cantons clarifiées, a ajouté le comité pour le oui. Et d'annoncer qu'il restera néanmoins vigilant quant à l'application des mesures prévues par la loi et au financement des institutions.

La prescription va continuer

Ce score représente une gifle pour les milieux référendaires, emmenés par l'Union démocratique fédérale (UDF) et l'UDC. Les opposants mettaient en cause principalement la prescription médicale d'héroïne aux toxicomanes.

La loi prévoit que les programmes de distribution de drogue, déjà acceptés par le peuple en 1999, restent soumis à des conditions strictes. Quant au cannabis, la loi l'autorise à des fins scientifiques, pour le développement de médicaments ou pour une application médicale.

agences/cer

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Les réactions de tous côtés

Le rejet sans surprise de l'initiative visant à dépénaliser la consommation du chanvre n'a pas résolu la problématique de la "fumette", estiment les initiants et les milieux proches de la jeunesse. Diverses propositions sont avancées.

L'initiative demandait également des mesures visant à protéger la jeunesse, a rappelé Christa Markwalder, conseillère nationale (PRD/BE) et membre du comité d'initiative. Comme la coordination suisse du chanvre, elle attend maintenant des opposants au texte des propositions à ce propos.

Pro juventute, le Conseil suisse des activités de jeunesse et l'association faîtière des enseignants ont relancé une idée du PDC qui vise à pouvoir amender les fumeurs de joints adultes. Les mineurs en revanche se verraient proposer une assistance.

Une initiative parlementaire dans ce sens a été déposée. Pour le PDC, il faut sanctionner la consommation de cannabis comme une infraction et non pas comme un crime, au même tire qu'un excès de vitesse, a expliqué le conseiller national Jacques Neirynck (VD).

Le PS, favorable à l'initiative, estime également qu'une solution, via une 2e révision de la loi sur les stupéfiants, devrait responsabiliser les adultes et réduire les peines à des amendes. Pour les jeunes, il faut se concentrer sur la prévention, a dit la conseillère nationale Jacqueline Fehr (ZH).

L'idée d'amendes ne convainc pas les Verts, notamment parce que ceux qui fument à domicile ne seraient pas sanctionnés. Ils entendent demander à ce qu'un projet pilote analogue à ceux qui existent pour les drogues dures soit mis en place afin de consommer légalement du cannabis. Le oui à la loi sur les stupéfiants montre qu'un tel chemin est possible, selon le conseiller national Josef Lang (ZG).