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Il n'y aura pas de retraite flexible dès 62 ans

La gauche fait chou blanc avec son initiative.
La gauche fait chou blanc avec son initiative.
La retraite à la carte dès 62 ans n'est pas pour demain. Les Suisses ont rejeté dimanche l'initiative populaire de l'Union syndicale suisse (USS) par 58,6% des voix. Seuls quatre cantons latins l'ont soutenue.

L'idée d'accorder de manière anticipée une rente AVS complète
aux personnes qui gagnent moins de 120'000 francs par an n'a séduit
qu'un peu plus de 970'000 électeurs.

La majorité, soit quelque 1,37 million de citoyens, a préféré
suivre les autorités et la droite économique. Celles-ci prônait le
"non" en raison de l'hypothèque financière, de 800 millions à 1,5
milliard de francs par année, qu'une telle flexibilisation
induirait pour le 1er pilier.



Le plafond de salaire de 119'340 francs prévu aurait permis à
quelque 90% des Suisses de quitter la vie active avant l'âge légal
de la retraite.

Petit oui à Genève et Neuchâtel

Le refus est particulièrement marqué dans les petits cantons de
Suisse centrale et orientale. Appenzell Rhodes-Intérieures s'impose
comme le champion du "non", avec un taux de rejet de 74,9%. Huit
cantons alémaniques ont refusé le texte à plus de 65% des voix.
Bien que plus réservé, Vaud fait aussi partie des opposants
(51,2%), tout comme Fribourg (52,9%), Bâle-Ville (53,5%) et le
Valais (53,7%). Le refus a atteint 61% à Berne et 61,2% à
Zurich.



La gauche a toutefois réussi à imposer ses vues dans quatre
cantons réputés particulièrement attachés à l'Etat social. Les
Jurassiens et les Tessinois l'ont largement soutenue, avec 60 et
59,7% d'avis positifs. En revanche, Genève et Neuchâtel ne se sont
prononcés pour que du bout des lèvres, par 51,1 et 50,02% des voix.
Vingt-et-un électeurs neuchâtelois ont fait pencher la balance du
côté du "oui". Voir ici la carte des résultats par canton .

Vers une solution à 400 millions

Le peuple suisse n'a pas voulu mettre en danger l'AVS, pour le
président du PDC suisse Christophe Darbellay. Le conseiller
national valaisan a expliqué dimanche à la Radio suisse romande que
le résultat "montre que la population suisse tient à l'AVS".



Christophe Darbellay a cependant reconnu qu'il faudra trouver une
solution pour les travaux faiblement rémunérés et pénibles comme
c'est le cas dans la construction. Selon lui, il faut une "solution
raisonnable à 65 ans avec flexibilisation vers le haut et vers le
bas". Il faudrait alors consacrer 400 millions de francs pour les
faibles revenus et non 1,3 milliard comme le demandait
l'initiative.

Menace de référendum

Le rejet de cette 7e initiative populaire sur l'AVS ne met pas
fin pour autant au débat sur la flexibilisation de l'âge de la
retraite. Les syndicats et la gauche, à l'origine de celle-ci,
disent vouloir obtenir un compromis rapide «au niveau du
Parlement», faute de quoi ils lanceront le référendum contre la 11e
révision de l'AVS.



«Les personnes aux revenus moyens ou faibles attendent depuis 15
ans une aide pour une retraite flexible», regrette Paul
Rechsteiner. L'USS qu'il préside va se battre désormais «pour une
hausse des rentes AVS» et «contre tout relèvement de l'âge de la
retraite» ou démantèlement dans le cadre de la 11e révision.



Christian Levrat l'a reconnu: le peuple a sans doute vu dans
l'initiative «une mauvaise solution à un vrai problème». De l'avis
du président du Parti socialiste, il convient désormais de trouver
un compromis «parlementaire». C'est pour lui le moyen le plus
rapide de progresser» vers la bonne solution. Christian Levrat
espère que les partis qui ont combattu l'initiative en raison de
son coût, aideront à une solution. Celle-ci devra être «bonne et
rapide».

"La flexibilité dans la 11e révision"

De son côté, le Comité interparti formé pour combattre
l'initative exclut déjà tout compromis qui conduise de facto à un
abaissement de l'âge de la retraite. Le comité formé de
représentants du PDC, du PRD, du parti libéral, de l'UDC et du
Parti Vert-libéral, dit qu'il faut s'attendre à devoir «travailler
plus longtemps».



Les milieux économiques plaident en faveur d'une proplongation de
la durée de cotisation pour financer une retraite flexible et
compenser l'effet du vieillissement de la population. Il est exclu
de majorer les cotisations sociales.



Le Conseil des aînés est favorable à un compromis qui permette une
flexibilisation finançable. Les actifs devraient pouvoir prendre
leur retraite à 60 ans, selon sa co-présidente Klara Reber. La
solution doit être globale et inclure le 2e pilier en plus de
l'AVS.



"Les citoyens viennent ainsi de se prononcer pour la pérennité de
l'AVS et contre une coûteuse extension de la politique sociale du
saupoudrage", s'est félicitée dimanche l'Union patronale suisse.
L'organisation faîtière de l'économie suisse se félicite du rejet
clair et net de l'initiative pour un âge de l'AVS flexible. Le
peuple s'en est tenu à la réalité des faits et ne s'est pas laissé
induire en erreur, note economiesuisse.



agences/lan

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Septième échec pour une initiative sur la retraite

Pour la septième fois, une initiative populaire sur l'âge de la retraite échoue en votation populaire.

Plusieurs des six précédentes initiatives du genre déjà rejetées par le peuple révèlent un certain fossé entre Suisse latine et Suisse alémanique.

La première date du 16 mai 2004. Le peuple rejette la 11e révision de l'AVS par 67,9% et l'âge de la retraite reste fixé à 64 ans pour les femmes. Tous les cantons s'y opposent mais la résistance est particulièrement forte (75 à 86%) dans les cantons de FR, du TI, du VS, de NE et du JU.

Le 26 novembre 2000, deux initiatives en faveur de la retraite à la carte dès 62 ans sont rejetées en votations. Les deux textes trouvent une majorité favorable en Suisse romande et au Tessin.

Le 27 septembre 1998, le peuple rejette par 58,5% des voix l'initiative de "rattrapage" de l'USS, qui voulait réaliser la 10e révision de l'AVS sans relèvement de l'âge de la retraite des femmes (de 62 à 64 ans). Dans ce cas déjà, les Latins disent majoritairement oui.

Le 25 juin 1995, une initiative socialiste et syndicale proposant notamment la retraite à la carte dès 62 ans est balayée par 72,4% des voix. Tous les cantons disent non.

Le 12 juin 1988, le peuple repousse à une majorité de 64,9% une initiative des Organisations progressistes de Suisse (POCH), qui tendait à abaisser l'âge de la retraite à 62 ans pour les hommes et 60 ans pour les femmes. Seuls le Jura et le Tessin votent oui.

Le 26 février 1978, l'échec est encore plus net pour la première initiative des POCH dans ce domaine: 79,4% de non et aucun canton acceptant. Ce texte entendait fixer l'âge de la retraite à 60 ans pour les hommes et 58 ans pour les femmes.