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L'épidémie de parvovirus qui circule met en danger les femmes enceintes

Une femme enceinte lors d'une échographie au CHUV (image d'illustration). [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Une épidémie de parvovirus met en danger les femmes enceintes / Le Journal horaire / 35 sec. / le 26 janvier 2024
Des scientifiques du CHUV de Lausanne ont mis en garde vendredi contre l'épidémie de parvovirus observée actuellement en Suisse et à l'international. Souvent anodin, il représente chez la femme enceinte un risque potentiellement grave pour le foetus.

Le Parvovirus B19, souvent associé à la "cinquième maladie" ou érythème infectieux, reste souvent anodin, tant chez les adultes que chez les enfants. Chez ces derniers, il provoque des symptômes tels que de la fièvre modérée, des maux de tête, un rhume ou une éruption cutanée sur les bras, les jambes et le tronc.

Au niveau du visage, les enfants développent une rougeur caractéristique des joues. La maladie, bénigne, passe spontanément en quelques jours. Les épidémies, qui ont plutôt lieu au printemps, sont généralement localisées. Le virus se transmet par voies respiratoires, comme le Covid-19, le RSV et la grippe.

"Chez les femmes enceintes toutefois, ce virus peut représenter un risque significatif pour la santé du foetus", a indiqué David Baud, chef de la maternité au CHUV à Lausanne.

Danger pour le foetus

Lorsque la femme contracte le Parvovirus B19 au cours de la grossesse, le virus peut traverser le placenta et infecter le fœtus. La complication la plus redoutée est l'anémie foetale, qui peut entraîner des complications graves, voire la perte du foetus.

De plus, le Parvovirus B19 peut affecter le système cardiovasculaire du foetus, augmentant ainsi les risques de problèmes cardiaques après la naissance. "Nous avons dû transfuser des foetus à quatre reprises en ce début du mois de janvier 2024, soit déjà autant que sur l'entier de l'année 2023", précise le Pr Baud.

Prise de sang

"Plusieurs mamans sont actuellement suivies pour avoir été en contact avec des enfants infectés", ajoute le spécialiste. En effet, le suivi permet de diminuer les risques pour la grossesse. Il est donc crucial de sensibiliser les femmes enceintes à ce virus.

"Nous avons envoyé une information à tous les gynécologues romands", précise encore le professeur lausannois. Si une femme enceinte est en contact avec une personne atteinte du Parvovirus B19, il est essentiel qu'elle en informe immédiatement son gynécologue. Une simple prise de sang permet de savoir si la patiente est déjà protégée, et donc sans risque.

Si la prise de sang montre une infection récente de la femme enceinte, une échographie hebdomadaire pendant trois mois permet de déceler l'anémie du foetus et pouvoir la traiter avec une transfusion si nécessaire.

A l'international

L'épidémie actuelle s'explique peut-être par le fait que ce virus a peu circulé pendant le Covid, et que de nombreux jeunes enfants n'ont pas été immunisés, selon David Baud. Il s'agirait donc maintenant d'un effet rebond.

Des flambées sont également observées dans d'autres pays, France et Israël notamment. "Tous les pays d'Europe semblent concernés", conclut le Pr Baud.

ats/juma

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