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L'enneigement excédentaire dans les Alpes pourrait entraîner des températures plus modérées cet été

L’impact de l’abondance de neige cet hiver sur l’irrigation en Suisse: interview de Martine Rebetez
L’impact de l’abondance de neige cet hiver sur l’irrigation en Suisse: interview de Martine Rebetez / Forum / 4 min. / le 21 mai 2024
Les Alpes ont connu un surplus d'enneigement depuis le début d'année, ce qui leur permet d'emmagasiner une grande quantité d'eau. Selon la climatologue Martine Rebetez, ce phénomène devrait permettre de conserver des températures plus modérées cet été mais pourrait accroître les risques de crues.

En France, le Centre d'études spatiales et de la biosphère (CESBIO) a constaté un enneigement excédentaire dans les Alpes depuis le début de l'année. Le manteau neigeux des massifs alpins a stocké deux milliards de mètres cubes d'eau en plus par rapport à l'année dernière, une bonne nouvelle pour le bassin du Rhône.

En Suisse aussi, la couverture neigeuse est nettement plus importante cette année en altitude, engendrant "beaucoup de choses positives", selon Martine Rebetez, climatologue à l'Université de Neuchâtel et à l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL).

Invitée dans l'émission Forum mardi, elle explique que "la fonte du manteau neigeux se produit en moyenne un mois plus tôt" aujourd'hui que dans les années 1980. "Mais on va avoir une fonte qui s'applique sur un manteau plus important", poursuit-elle, estimant que la neige devrait donc fondre environ deux semaines plus tard que les années précédentes. Ce n'est pas aussi tard qu'en 1980, mais "c'est déjà 15 jours de gagnés", résume-t-elle.

Températures plafonnées

Martine Rebetez s'attend à un été plus nuageux et aux températures plus modérées. Le surplus de neige couplé à des précipitations abondantes en plaine signifient en effet que les sols sont gorgés d'eau et que les nappes phréatiques sont à nouveau bien remplies. Au moment où les températures seront élevées, toute cette eau va s'évaporer, ce qui utilise de l'énergie.

>> Lire aussi : La longue période de précipitations a fait du bien aux nappes phréatiques

"Cette énergie est prise à l'atmosphère, donc, tant que vous avez de l'humidité disponible pour le processus d'évaporation, vous avez un certain rafraîchissement", explique la climatologue. Les étés caniculaires vécus récemment s'expliquent justement par un manque d'humidité. "Les températures finissent par vraiment monter énormément du moment que le ciel reste complètement clair et que l'on n'a plus ce phénomène d'évaporation", précise-t-elle.

Risques d'avalanches et d'inondations

Ce mécanisme de rafraîchissement reste tout de même modéré, prévient Martine Rebetez, car les températures sont en moyenne plus élevées aujourd'hui. "On a quand même en Suisse près de trois degrés de plus que ce qu'on avait auparavant", observe-t-elle.

L'experte met également en garde contre les risques accrus d'avalanches "qui descendent jusqu'à basse altitude", car "nous avons quand même des températures potentiellement très chaudes des années 2020 sur une couche de neige qui ressemble à celle des années 80", dit-elle.

Les risques de crues sont également intensifiés, alerte Martine Rebetez. "Si nous avons des précipitations jusqu'à haute altitude, s'il fait chaud avec de l'air qui arrive de la Méditerranée, nous allons avoir de la pluie qui va se cumuler à la fonte de la neige, avec des risques d'inondations jusqu'en plaine", explique-t-elle. "Ces risques vont devoir être surveillés".

Propos recueillis par Mehmet Gultas

Adaptation web: Emilie Délétroz

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Malgré la technologie, impossible de prédire la météo de cet été en Suisse

Malgré les avancées technologiques, il reste encore très difficile d'anticiper avec précision la météo. Les seules certitudes pour ces prochains mois sont liées à des phénomènes à long terme, comme le dérèglement climatique, avec une température d'un demi-degré voire d'un degré de plus que la norme cet été.

"Nous utilisons des modèles numériques, soit des ordinateurs qui calculent tous les paramètres météorologiques qui nous intéressent, a décrit mercredi dans La Matinale de la RTS le météorologue et prévisionniste chez MétéoSuisse Mikhaël Schwander. "Ils calculent les conditions météorologiques sur tout l'été et font une moyenne. Cela fonctionne bien pour quelques jours, mais au-delà de cinq jours, la fiabilité diminue."

L'IA testée

Et d'ajouter: "Pour cet été, il n'y a pas vraiment de signal en termes de précipitations. La probabilité d'avoir un été sec ou humide est la même (33% à chaque fois, ndlr)." MétéoSuisse a établi cinquante scénarios pour cet été.

Même avec l'appui de l'intelligence artificielle, que MétéoSuisse est en train de tester, les prévisions se heurtent aux limites des statistiques. "Ça donne plutôt des résultats encourageants. En effet, cela pourrait diminuer l'incertitude, donc augmenter la fiabilité des prévisions. Mais les tendances sur trois mois sont vraiment une moyenne qui ne permettent pas de donner ce type d'informations", nuance Mikhaël Schwander.

>> Ecouter les précisions dans La Matinale :

Malgré la technologie, impossible de prédire la météo de cet été en Suisse. [KEYSTONE - MARTIAL TREZZINI]KEYSTONE - MARTIAL TREZZINI
Malgré la technologie, impossible de prédire la météo de cet été en Suisse / La Matinale / 1 min. / le 22 mai 2024