Publié

Une sécheresse atmosphérique sans précédent depuis 400 ans en Europe, selon une étude

L'Espagne a fait face cette année à une sécheresse dramatique. [Keystone - AP Photo/Emilio Morenatti]
Une sécheresse atmosphérique sans précédent depuis 400 ans en Europe, selon une étude / Le Journal horaire / 15 sec. / le 27 décembre 2023
Des scientifiques de l'institut WSL ont mis en évidence une sécheresse atmosphérique sans précédent depuis 400 ans en Europe. Celle-ci est liée aux émissions de gaz à effet de serre, selon ces travaux publiés dans la revue Nature Geoscience.

L'étude porte sur des données de cernes d'arbres qui remontent à l'année 1600. Elle met en évidence que depuis le début du XXIe siècle, l'air au-dessus de vastes régions d'Europe est devenu plus sec qu'au cours des périodes précédentes et que cette tendance se poursuit, a indiqué mercredi l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) dans un communiqué.

Avec une équipe internationale de 67 scientifiques, Kerstin Treydte, auteure principale de l'étude au WSL, s'est penchée sur le déficit de pression de vapeur (en anglais "vapor pressure deficit", VPD), un facteur utilisé pour mesurer la sécheresse de l'air.

Il correspond à la différence entre la teneur en eau réelle de l'air et sa teneur en eau maximale possible, c'est-à-dire à la "soif d'eau" de l'air. Un air assoiffé, c'est-à-dire avec un VPD élevé, puise davantage d'eau dans les sols et les plantes, ce qui réduit la croissance de la végétation et peut même entraîner la mort des arbres. Les risques d’incendies de forêt sont également accrus.

Une origine humaine évidente

Avec ses collègues, Kerstin Treydte est parvenue à reconstituer l'évolution du VPD en Europe au cours des 400 dernières années, constituant un vaste réseau de données sur les isotopes d'oxygène présents dans les cernes de croissance d'arbres de différentes régions européennes.

Les isotopes sont des variantes d'un même atome, de masses différentes. Ceux de l’oxygène sont assimilés par les arbres lors de l'absorption d'eau par les racines. Leurs proportions sont modifiées lors de la transpiration des feuilles et varient d’un cerne à l’autre dans le bois des arbres.

À l'aide de simulations, les auteurs ont vérifié les résultats obtenus à partir des données des cernes des arbres. Ces simulations indiquent des niveaux de VPD exceptionnellement élevés au XXIe siècle par rapport à l'ère préindustrielle. En outre, elles démontrent que les niveaux actuels n'auraient pas pu être atteints sans les émissions de gaz à effet de serre: l'influence anthropique est donc évidente, note le WSL.

L'étude révèle également des différences régionales: c'est en Europe du Nord que la soif d'eau de l'air a le moins augmenté par rapport à l'époque préindustrielle, car l'air y est plus frais et absorbe moins d'eau. Dans les plaines d'Europe centrale, les Alpes et les Pyrénées, l'augmentation du VPD est particulièrement forte, avec des valeurs maximales au cours des années de sécheresse 2003, 2015 et 2018.

Des conséquences pour l'agriculture

Une hausse supplémentaire du VPD constituerait une menace à long terme pour de nombreuses fonctions vitales des écosystèmes, selon les auteurs. Le VPD est particulièrement significatif pour l'agriculture, car plus il est élevé, plus la demande en eau des cultures est importante. Il faut irriguer davantage et les rendements diminuent.

"Dans les forêts, l'approvisionnement en bois et le piégeage du carbone sont menacés, ce qui entraîne des incertitudes quant à la régulation du climat et au futur stockage du carbone dans ces écosystèmes", explique Kerstin Treydte.

Cette situation est particulièrement préoccupante dans les régions densément peuplées d'Europe et renforce la nécessité urgente de réduire les émissions et de s'adapter au changement climatique, conclut la chercheuse.

Vivre à +1,5 degré, ça change quoi pour vous?
Vivre à +1,5 degré, ça change quoi pour vous? / Ça change quoi pour vous ? / 6 min. / le 14 décembre 2023

>> Lire aussi : De grandes quantités de neige en montagne et une douceur record au Tessin

ats/boi

Publié

Plus du double de précipitations que d'habitude en décembre

Le mois de décembre a été très humide avec plus du double de la normale en termes de précipitations sur l'ensemble du pays, voire plus du triple localement.

Selon le service météorologique privé Meteonews, les températures ont en outre été nettement supérieures à la moyenne en raison d'une deuxième moitié de mois douce. En montagne, les tempêtes ont été fréquentes.

Les grandes quantités de précipitations ont entraîné une situation tendue en matière de crues, notamment dans le nord. Le plus gros excédent de pluie a été mesuré dans les Grisons et dans la région frontalière de Fribourg-Berne, a indiqué Meteonews mercredi.

Décembre 2023 devrait se classer dans le top 3 des mois de décembre les plus humides. Pourtant, dans le nord-ouest de la Suisse et au Tessin, le temps a été légèrement trop sec dans certaines régions.