Publié

Les Alpes barrent la fuite des oiseaux devant le changement climatique

En se déplaçant vers des zones plus fraîches pour fuir le réchauffement, les oiseaux se heurtent à des obstacles qui les ralentissent. [FNS - Aleksi Lehikoinen]
Les oiseaux menacés par le changement climatique / La Matinale / 1 min. / le 20 juin 2023
Les montagnes et les mers compliquent la fuite des oiseaux devant le changement climatique. Comme le montre une nouvelle étude, de nombreux volatiles européens ne parviennent pas à déplacer assez rapidement leur habitat vers des régions plus fraîches.

Cette connaissance des barrières naturelles doit contribuer à la protection des espèces, écrit lundi le Fonds national suisse (FNS). Les résultats ont été publiés récemment dans la revue spécialisée PNAS. Les obstacles naturels ont une influence sur les distances parcourues par les oiseaux, ainsi que sur la direction de leur vol. Certaines espèces pourraient ainsi être menacées d'extinction.

"Nous savions déjà que les oiseaux ne déplaçaient pas leur habitat assez rapidement pour pouvoir continuer à séjourner dans les conditions climatiques qui leur conviennent. Nous avons maintenant une partie de l'explication à ce phénomène", explique Laura Bosco, autrice de l'étude.

Au cours des trente dernières années, deux tiers des espèces d'oiseaux européennes ont migré vers des régions plus fraîches. Elles vivent aujourd'hui en moyenne 100 kilomètres plus ou nord ou plus à l'est.

>> Moineau des cimes, la Niverolle alpine est le plus petit résident ailé au pays des neiges éternelles : La Niverolle alpine atteint ses densité les plus élevées dans les Alpes grisonnes et centrales. En spécialiste de l'étage alpin supérieur (en plein hiver, elle dort à près de 3000 mètres d'altitude), elle se retire des secteurs qui se réchauffent et s'assèchent. Les processus à l'origine de ce retrait doivent être précisés, entre diminution de la biomasse en insectes (ou de leur accessibilité) et évolution de l'enneigement : d'une part, la hausse des températures et les apports d'azote uniformisent la végétation, accélèrent sa croissance, et entravent la recherche de nourriture au sol, d'autre part les printemps de plus en plus chauds avancent et accentuent la fonte des neiges, si bien que les larves de tipules émergeant aux abords des plaques de neige sont moins longtemps disponibles pour nourrir les jeunes. Extrait de l'Atlas européen des oiseaux nicheurs. [vogelwarte.ch - Ruedi Aeschlimann]
La Niverolle alpine atteint ses densité les plus élevées dans les Alpes grisonnes et centrales. En spécialiste de l'étage alpin supérieur (en plein hiver, elle dort à près de 3000 mètres d'altitude), elle se retire des secteurs qui se réchauffent et s'assèchent. Les processus à l'origine de ce retrait doivent être précisés, entre diminution de la biomasse en insectes (ou de leur accessibilité) et évolution de l'enneigement : d'une part, la hausse des températures et les apports d'azote uniformisent la végétation, accélèrent sa croissance, et entravent la recherche de nourriture au sol, d'autre part les printemps de plus en plus chauds avancent et accentuent la fonte des neiges, si bien que les larves de tipules émergeant aux abords des plaques de neige sont moins longtemps disponibles pour nourrir les jeunes. Extrait de l'Atlas européen des oiseaux nicheurs. [vogelwarte.ch - Ruedi Aeschlimann]

Les oiseaux des Alpes concernés

Les oiseaux des Alpes suisses, comme la Niverolle alpine, le Lagopède alpin ou le Pipit spioncelle, sont également touchés par ces barrières, souligne le FNS. Ces espèces préfèrent rester dans les altitudes alpines qu'elles connaissent. La traversée d'une vallée de basse altitude peut devenir un obstacle pour elles.

>> En Suisse, le lagopède alpin vit essentiellement entre 2000 et 2800 mètres : Espèce circumpolaire habitant les déserts froids aux confins des possibilités de la vie, le lagopède alpin – aussi appelé la "Perdrix des neiges" – est remarquablement adapté aux conditions de froid extrême: il est une relique de l'époque glaciaire dans les Alpes et les Pyrénées. L'oiseau vit totalement à découvert, contrairement aux autres tétraonidés, mais n'est pas plus facile à voir pour autant: son plumage cryptique variable suivant les saisons (à gauche en hiver, à droite en été), s'accordant à merveille aux modifications de son environnement, lui procure un camouflage exceptionnel. Extrait de l'Atlas européen des oiseaux nicheurs. [vogelwarte.ch - Jari Peltomäki/Beat Rüegger]
Espèce circumpolaire habitant les déserts froids aux confins des possibilités de la vie, le lagopède alpin – aussi appelé la "Perdrix des neiges" – est remarquablement adapté aux conditions de froid extrême: il est une relique de l'époque glaciaire dans les Alpes et les Pyrénées. L'oiseau vit totalement à découvert, contrairement aux autres tétraonidés, mais n'est pas plus facile à voir pour autant: son plumage cryptique variable suivant les saisons (à gauche en hiver, à droite en été), s'accordant à merveille aux modifications de son environnement, lui procure un camouflage exceptionnel. Extrait de l'Atlas européen des oiseaux nicheurs. [vogelwarte.ch - Jari Peltomäki/Beat Rüegger]

>> Lire aussi : Le lagopède alpin menacé par la disparition de son habitat en Suisse

La chercheuse s'inquiète également pour l'avifaune des zones côtières, "souvent composée d'espèces rares".

L'étude a utilisé les données des Atlas européens des oiseaux nicheurs des années 1980 et des années 2010, qui portent sur la quasi-totalité des espèces d'oiseaux européennes. La Station ornithologique suisse de Sempach a également contribué à cette base de données.

>> Lire aussi : La Suisse appelée à en faire plus pour protéger sa biodiversité

ats/sjaq

Publié