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La sylviculture permet de préparer les forêts à la sécheresse, selon une étude suisse

La sylviculture peut augmenter la résilience des forêts d'épicéas et de sapins face aux sécheresses. Une équipe, dirigée par l'Institut fédéral suisse de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), propose des pistes dans la revue Global Change Biology. [KEYSTONE/TI-PRESS - GABRIELE PUTZU]
La sylviculture permet de préparer forêts à la sécheresse, selon une étude suisse / Le Journal horaire / 34 sec. / le 17 août 2021
La sylviculture peut augmenter la résilience des forêts d'épicéas et de sapins face aux sécheresses. Une équipe, dirigée par l'Institut fédéral suisse de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), propose des pistes dans la revue Global Change Biology.

En Europe centrale, les saisons sèches deviennent de plus en plus fréquentes avec le changement climatique, et les forêts actuelles en souffrent: une expérience menée sur 30 ans montre à quel point les pessières et sapinières sont vulnérables, peut-on lire dans un communiqué de l'Institut fédéral de recherches WSL mardi.

L'épicéa et le sapin pectiné sont les essences les plus importantes pour la branche forestière: l'épicéa est le principal fournisseur de bois, mais dans de nombreux endroits, il n'a plus d'avenir à cause de la sécheresse et des scolytes. Le sapin pectiné est considéré comme un substitut de l'épicéa, car ses racines sont plus profondes et il est donc mieux adapté au manque d'eau.

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Sapin pectiné et épicéa, "au centre des attentions"

"Les deux essences sont actuellement au centre des attentions du secteur forestier européen, tant d'un point de vue écologique qu'économique", explique Andreas Rigling, chef de l'unité de recherche Dynamique forestière du WSL.

En cas de sécheresse extrême, par exemple en 2003 et 2011, les sapins sont également tombés malades, mais toujours moins que les épicéas. Le degré de sensibilité dépendait de la densité des arbres, mais aussi de leur taille, deux facteurs qui peuvent être influencés par la gestion forestière.

"Les arbres de grande taille et de diamètre important sont plus sensibles au manque d'eau, car ils doivent la faire monter jusqu'en haut de la couronne", explique Alessandra Bottero, du groupe de recherche Ecologie des écosystèmes du WSL, auteure principale de l’étude.

Gérer différemment les forêts

Il existe donc plusieurs approches que les exploitants peuvent adopter pour réduire la vulnérabilité à la sécheresse des forêts: éclaircir les populations, favoriser le sapin pectiné et les feuillus plus tolérants aux sécheresses sur les stations sèches et chaudes et ne pas laisser les arbres devenir trop grands.

Pour cette étude, les scientifiques du WSL se sont appuyés sur une expérience unique à long terme menée par l'Institut de recherche forestière du Bade-Wurtemberg (FVA) dans le sud-ouest de l'Allemagne.

Sur six sites de forêts d'épicéas et de sapins pectinés, un type particulier d'exploitation forestière fait l'objet d’études depuis les années 1970, le "Femelschlag", qui consiste à laisser des groupes d'arbres sur pied pendant les coupes. De nouveaux individus se sèment alors dans les espaces libérés et une forêt étagée se développe.

Chaque arbre de ces parcelles a été mesuré avec précision au fil du temps. Une comparaison sur la croissance des forêts, dont certaines ont été observées par le WSL depuis plus de 100 ans, a ensuite permis de tirer des conclusions sur les forêts suisses.

ats/vajo

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Un programme de recherche européen

Cette étude a été réalisée dans le cadre du programme de recherche européen "ERA-NET Sumforest", par le réseau de recherche NFZ.forestnet. Sept institutions de recherche forestière de Nancy (F), Fribourg (D) et Zurich travaillent ensemble dans ce réseau depuis plus de 15 ans.

Le projet était une activité conjointe du WSL, de l’EPZ Zurich, de l’Université Albert-Ludwigs et de la FVA de Fribourg-en-Brisgau et de l’Institut national de la recherche agronomique (INRAE) de Nancy.