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Les lacs suisses sont menacés par la hausse des températures

L'eau de surface du lac de Zurich a augmenté de 0,6 à 1,2 degrés ces quarante dernières années. [Steffen Schmidt]
L'eau de surface du lac de Zurich a augmenté de 0,6 à 1,2 degrés ces quarante dernières années. - [Steffen Schmidt]
Le réchauffement climatique favorise la prolifération d'algues toxiques dans les lacs. C'est ce qu'on constaté des chercheurs de l'Université de Zurich qui se sont penchés sur le cas précis du plan d'eau zurichois.

Le réchauffement climatique n'est pas bon pour les lacs. En réduisant le brassage hivernal des eaux, il favorise la prolifération d'algues bleues toxiques, ont constaté des chercheurs de l'Université de Zurich dans une étude publiée lundi à l'exemple du lac de Zurich. L'eau de surface du lac de Zurich a augmenté de 0,6 à 1,2 degrés ces quarante dernières années.

Une algue à toxines

L'étude a constaté que durant cette période, la cyanobactérie filamenteuse planktothrix rubescens - ou algue bleue - y était toujours plus présente. Or à cause de ses toxines, elle pose un problème du fait qu'il s'agit d'un lieu de baignade et de la principale source d'eau potable de la métropole zurichoise.

L'organisme - observé pour la première fois dans le lac de Zurich en 1899 - et ses toxines doivent ainsi être éliminés de l'eau du lac avant que celle-ci puisse être consommée. Or le principal élément de contrôle de cette algue intervient à la fin de l'hiver avec le refroidissement et le brassage des eaux par les vents. Si le mélange est complet, de nombreuses cyanobactéries meurent car elles ne résistent pas à la pression des profondeurs.

De gros efforts ont été consentis ces dernières décennies pour réduire les résidus de phosphates dans les lacs sans toutefois prêter la même attention aux composants azotés. Avec le coup de pouce du réchauffement, cela pourrait favoriser l'expansion de l'algue bleue, même dans des lacs considérés comme assainis, avertissent les chercheurs dans la revue "Nature Climate Change". Selon Thomas Posch, cité lundi dans un communiqué de l'Université de Zurich, l'hiver 2011/12 a cependant été idéal. Les basses températures et les forts vents ont provoqué un brassage complet des eaux.

ats/yzihind

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Le "brassage des eaux"

Les lacs sont constitués de couches d’eau de température différente qui ne se mélangent pas entre elles, car la densité de l’eau est fonction de sa température.

L’eau plus froide du fond est plus dense, donc plus lourde, que l’eau plus chaude de surface.

Ce phénomène est particulièrement marqué en été.

Lors de certains hivers, s’il fait froid suffisamment longtemps, la couche d’eau supérieure se refroidit assez pour atteindre la même température que l’eau du fond, c’est-à-dire environ 6 C.

Il suffit alors d’une bonne bise pour donner l’impulsion nécessaire au mélange des eaux superficielles - bien oxygénées - avec les eaux profondes.

Ce mélange, ou "brassage" des eaux, permet la réoxygénation des couches profondes du lac.

Ce phénomène est relativement rare. Le brassage complet des eaux du Léman a eu lieu cet hiver, grâce au froid polaire qui a régné, mais le dernier datait de l’hiver 2006.