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Succès pour Vega et sa coiffe "swiss made"

Une coiffe helvétique a participé au succès du premier vol du lanceur Vega. [Jérôme Valette]
Une coiffe helvétique a participé au succès du premier vol du lanceur Vega. - [Jérôme Valette]
La nouvelle petite fusée européenne Vega a réussi son vol inaugural lundi et elle a placé successivement en orbite neuf petits satellites, sans aucune problème. La coiffe du lanceur a été construite par l'entreprise zurichoise RUAG.

"Ohé, ohé, ohé, ohé, Vega, Vegaaaaaaaa!", ont scandé sur un air de chant de football de jeunes ingénieurs du Centre spatial de Kourou, en Guyane française, après la réussite de la première mission Vega. D'autres ont échangé des accolades et des embrassades pour célébrer cette victoire de la nouvelle petite fusée européenne.

"Un nouveau membre de la famille des lanceurs est né" après dix années de développement, s'est de son côté réjoui le directeur de l'Agence spatiale européenne Jean-Jacques Dordain, après le lancement de ce lanceur haut d'une trentaine de mètres et qui peut emporter avec lui une charge de 1500 kilos.

Aucun problème durant l'opération

Le lanceur Vega, dont la coiffe a été fabriquée à Oerlikon (ZH) par RUAG, a décollé peu après 11h lundi.
Le lanceur Vega, dont la coiffe a été fabriquée à Oerlikon (ZH) par RUAG, a décollé peu après 11h lundi.

A 7h locales (11h en Europe), le premier étage P80 de Vega, conçu par l'agence spatiale française CNES, a propulsé la petite fusée de 137 tonnes dans le ciel guyanais. Les deux autres étages à combustible solide Zefiro ont ensuite pris le relais, jusqu'à l'allumage du dernier étage à propulsion liquide moins de six minutes plus tard.

Après avoir atteint une orbite circulaire à 1450 km d'altitude, l'AVUM a alors libéré successivement les neuf petits satellites embarqués par Vega, sans aucune anomalie. Ce tir inaugural a été retransmis sur le site internet de l'Agence spatiale européenne.

Vega a placé sur orbite deux petits satellites expérimentaux LARES et ALMASat-1, ainsi que sept minuscules passagers d'un kilo chacun, développés par des étudiants dans le cadre d'un programme européen et parmi lesquels figurent les premiers satellites roumains (Goliat), hongrois (MaSat-1) et polonais (PW-Sat-1).

Coiffe de protection zurichoise

La coiffe de la fusée Vega a été fabriquée dans les ateliers de l'entreprise RUAG à Oerlikon. [KEYSTONE - Alessandro Della Bella]
La coiffe de la fusée Vega a été fabriquée dans les ateliers de l'entreprise RUAG à Oerlikon. [KEYSTONE - Alessandro Della Bella]

La coiffe de Vega a été construite par RUAG Space à Zurich. Mesurant environ huit mètres de haut, elle protège les satellites des hautes températures, du soleil, des poussières, de l'humidité ou de la pluie avant le décollage sur le pas de tir. Pendant les premières minutes de vol, c'est contre le bruit, l'énorme chaleur due aux frottements et les contraintes mécaniques que la coiffe protège les satellites.

Lorsque la fusée a quitté l'atmosphère après trois bonnes minutes de vol, la coiffe devenue inutile a été larguée. Les coiffes fabriquées par RUAG sont utilisées aussi bien sur le lanceur européen Ariane 5 que sur le lanceur américain Atlas-V-500.

Comme celles d'Ariane et Atlas, la coiffe de Vega fait appel à la structure sandwich. Elle se compose d'un noyau nid d'abeille en aluminium et de quatre couches superficielles en plastique renforcé par fibre de carbone. La coiffe entièrement équipée pèse 530 kilos. Une couche de liège protège son revêtement extérieur contre la chaleur provoquée par les frottements au cours du vol dans l'atmosphère.

L'ordinateur de commande a été fabriqué par RUAG Space Suède. Nettement plus petit et plus léger que l'ordinateur de bord d'Ariane 5, celui de Vega affiche cependant une capacité de calcul bien plus importante.

agences/boi/pbug

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Vega, le lanceur de l'avenir

Vega vient compléter la gamme des lanceurs opérés depuis Kourou, aux côtés du poids lourd Ariane 5 ECA (jusqu'à 9,5 tonnes en orbite de transfert géostationnaire) et du mythique Soyouz russe (jusqu'à 3 tonnes) qui a déjà deux tirs à son actif depuis la Guyane française.

Après l'effondrement de l'URSS, de nombreux missiles militaires ont été convertis en lanceurs de petits satellites à bas prix. Mais les stocks de ces engins vieillissants, dont les derniers ont été construits au début des années 1980, s'épuisent et leur coût de maintenance augmente.

Selon l'Agence spatiale européenne et Arianespace, le marché est donc mûr pour un lanceur comme Vega qui devrait à terme offrir des tarifs compétitifs (de 32 à 35 millions d'euros contre 40 millions pour ce premier tir).

Succès italo-français

Cette mission est un succès pour l'Agence spatiale européenne avant tout, mais elle est également une grande satisfaction pour l'Italie, à l'origine du projet Vega.

Rome assure plus de 60% de son financement devant la France (25%), pour un montant total de plus d'un milliard d'euros.