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Un nouveau dispositif spécifique au CHUV pour prendre en charge les personnes autistes

Une infirmière prend soin d'un patient au CHUV. [Keystone]
Le CHUV adapte son accueil aux personnes sur le spectre de l’autisme: interview de Maxime Moulin / Le 12h30 / 3 min. / le 7 mars 2024
Le CHUV a testé depuis juin 2023 un nouveau dispositif destiné à mieux accueillir les personnes autistes ou avec une déficience intellectuelle. Deux infirmières évaluent en amont leurs besoins spécifiques, ce qui facilite la prise en charge tant pour les patients que pour le personnel soignant.

"A priori, l'environnement hospitalier est angoissant et n'est pas conçu pour ces patients neuro-atypiques. Les procédures de soins sont mal comprises et parfois intrusives, le cadre est bruyant et les temps d'attente sont mal supportés", a expliqué le Dr. Vincent Guinchat, médecin-chef au Service des troubles du spectre de l'autisme et apparentés, jeudi lors de la présentation du dispositif aux médias.

Désormais, une personne avec un trouble du spectre de l'autisme (TSA) ou une déficience intellectuelle - mais aussi des proches ou ses médecins - peuvent contacter deux infirmières spécialement formées avant toute hospitalisation ou rendez-vous ambulatoire.

Spécificités pas bien connues des médecins

Ces professionnelles vont alors examiner les besoins du patient, planifier son séjour ou sa consultation et faire le lien avec les soignantes ou soignants concernés. Dans le cadre d'une préparation à une IRM par exemple, elles pourront faire voir l'appareil au patient au préalable. Des pictogrammes peuvent également être utilisés pour des patients non-verbaux.

La prédictibilité est un facteur clé. Ainsi, une seule infirmière s'occupera toujours du même patient. Elle pourra également se déplacer à son domicile ou assister à la consultation.

"La médecine spécialisée aujourd'hui ne permet pas que tous les professionnels aient une connaissance accrue. Les particularités des personnes autistes n'étaient pas toutes bien connues par nos collègues", explique Maxime Moulin, infirmier-chef au Service des troubles du spectre de l'autisme, jeudi dans le 12h30 de la RTS.

Les comportements atypiques de ces patients peuvent aussi générer un sentiment de stress et d'incompétence chez les médecins.

Faciliter la communication

Côté patients, Maxime Moulin évoque notamment des sensibilités différentes au bruit, au toucher ou à la lumière, mais aussi des particularités au niveau de la communication: "Par exemple, lorsqu'on pose une question, une personne atteinte de TSA va être très précise dans ses réponses. Mais si la question est un peu ambigüe, elle ne va pas forcément la comprendre, ni oser dire qu'elle ne la comprend pas."

Concrètement, ce sera au patient ou à son entourage de contacter le service, via un numéro de téléphone  (021 314 42 45) ou une adresse mail qui renvoient vers un site dédié. "L'équipe spécialisée recontactera les patients dans les cinq jours pour définir les besoins lors de la venue au CHUV", explique encore le responsable du projet. "On l'a voulu le plus simple possible."

Soulagement pour les proches

L'association Autisme Suisse romande salue le dispositif et espère que d'autres établissements en feront de même. Sa présidente fait part d'un "soulagement" pour les familles, notamment, pour lesquelles il est souvent "pénible de devoir expliquer à chaque soignant les difficultés de l'enfant."

La structure a été lancée en juin 2023. Elle a répondu à une centaine de sollicitations. Des réflexions sont en cours pour aménager un tel dispositif au Service des urgences.

jop avec ats

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