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Des chirurgiens américains ont transplanté un rein de porc sur un patient vivant, une première

Des chirurgiens américains ont réussi l’exploit de greffer un rein de porc sur un patient, une première mondiale.
Des chirurgiens américains ont réussi l’exploit de greffer un rein de porc sur un patient, une première mondiale. / 19h30 / 1 min. / le 21 mars 2024
Des chirurgiens ont transplanté le rein d'un porc génétiquement modifié sur un patient vivant, une première qui représente un nouveau pas vers une potentielle solution à la pénurie chronique de dons d'organes, a annoncé jeudi un hôpital américain.

Le patient greffé, âgé de 62 ans, souffrait d'insuffisance rénale chronique. Il "se remet bien" de l'opération de quatre heures ayant eu lieu il y a moins d'une semaine, le 16 mars, a fait savoir le Massachusetts General Hospital à Boston.

Des reins de porcs génétiquement modifiés avaient déjà été transplantés et ont fonctionné sur des humains en état de mort cérébrale. Des patients vivants ont également déjà reçu une greffe de coeur d'un porc génétiquement modifié, mais ils sont ensuite décédés.

"De l'espoir pour des milliers de personnes"

Les médecins "m'ont minutieusement expliqué les pour et les contre de la procédure", a déclaré le patient, cité dans le communiqué. "J'ai vu cela comme un moyen non seulement de m'aider moi, mais aussi de donner de l'espoir à des milliers de personnes qui ont besoin d'une greffe pour survivre".

Le sexagénaire devrait pouvoir quitter l'hôpital "bientôt", toujours selon le communiqué. Il avait par le passé déjà reçu une greffe de rein humain, mais avait dû reprendre la dialyse depuis mai 2023.

Cette opération "représente une nouvelle frontière en médecine et démontre le potentiel de la modification du génome pour changer la vie de millions de patients dans le monde qui souffrent d'insuffisance rénale", a déclaré Mike Curtis, patron d'eGenesis, la firme qui a fourni le rein.

Pour Manuel Pascual, directeur du centre de transplantation du CHUV interrogé dans Forum, si cette opération réussie a permis de franchir un cap, tout n'est pas encore gagné.

"Ce sont les premières xénogreffes qui donnent un espoir que ça pourrait marcher sur le long terme. (...) Mais il faudra attendre pour voir si ce rein qui, aujourd'hui fonctionne, va survivre et permettre au patient d'avoir une vie normale. On ne saura que dans cinq ou dix ans si ces greffes survivent assez longtemps pour que la qualité de la vie soit bonne."

>> L'interview de Manuel Pacual, directeur du centre de transplantation du CHUV, dans Forum. :

Un rein de porc transplanté pour la première fois sur un patient vivant aux Etats-Unis: interview de Manuel Pascual
Un rein de porc transplanté pour la première fois sur un patient vivant aux Etats-Unis: interview de Manuel Pascual / Forum / 5 min. / le 21 mars 2024

Pour Léo Bühler, professeur de chirurgie à l’Hôpital fribourgeois, qui par le passé a travaillé avec l'équipe de chirurgiens qui a accompli cet exploit, c'est un très grand pas en avant. Mais effectivement, il faudra attendre plusieurs mois pour voir si ça fonctionne réellement.

"Mais pour l'instant, le cap des premiers jours montre que le rein fonctionne. On parle même de le laisser rentrer à la maison à la fin de la semaine."

>> L'interview dans le 19h30 de Léo Bühler, professeur de chirurgie à l’Hôpital fribourgeois: :

Léo Bühler, Prof. de chirurgie à l’Hôpital fribourgeois, revient sur l’importance de la première greffe de rein venant d’un cochon génétiquement modifié
Léo Bühler, Prof. de chirurgie à l’Hôpital fribourgeois, revient sur l’importance de la première greffe de rein venant d’un cochon génétiquement modifié / 19h30 / 3 min. / le 21 mars 2024

De grandes avancées dans le domaine

Le domaine des xénogreffes, à savoir la transplantations d'organes d'animaux sur des humains, avance à grande vitesse ces dernières années.

La première mondiale d'une transplantation de rein de porc sur un humain en état de mort cérébrale avait été réalisée en septembre 2021, par des chirurgiens de l'hôpital NYU Langone de New York.

>> Lire aussi: : Un rein de porc OGM transplanté sur une femme en état de mort cérébrale

Les xénogreffes représentent un défi car le système immunitaire du receveur a tendance à attaquer l'organe étranger. C'est pourquoi des modifications génétiques sont réalisées afin d'amoindrir le risque de rejet.

fgn avec afp

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