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Articulations, digestion, sommeil: une expérience confirme les bienfaits de la marche

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Les bienfaits de la marche / 36.9° / 48 min. / mercredi à 20:10
L'inactivité physique tue une personne toutes les 10 secondes et se retrouve à la quatrième place des causes de la mortalité mondiale, selon l'OMS. La marche pourrait-elle être un remède contre le fléau de la sédentarité? Des actions simples comme augmenter son nombre de pas quotidien et renoncer à l'ascenseur peuvent-elles avoir des bénéfices concrets sur notre santé? C'est le défi que 36.9° a décidé de lancer à six Romands de nature sédentaire.

Enfant comme adulte, marcher d'un point A à un point B est considéré comme une dépense d'énergie inutile. Et si on peut s'économiser, le choix est vite fait. Mais s'économiser n'est pas très bon pour notre santé, constate la doctoresse Olivia Braillard du département de médecine de premier recours des HUG: "Tout le monde sait que l'activité physique, c'est bon pour la santé. Tout le monde sait qu'il faut marcher. Ce n'est pas un problème de connaissance, c'est un problème multifactoriel. Je pense qu'il faut reconnaître qu'on a une société qui ne favorise pas l'activité physique."

Comme rien n'est fait pour nous aider à lutter contre notre penchant pour la sédentarité, peut-on trouver en nous la motivation de se bouger plus? Pour répondre à cette question, l'émission 36.9° de la RTS a lancé une expérience inédite: trouver des personnes sédentaires prêtes à augmenter leur nombre de pas quotidien et à renoncer à l'ascenseur.

Tout le monde sait que l'activité physique, c'est bon pour la santé. Ce n'est pas un problème de connaissance, c'est un problème multifactoriel. On a une société qui ne favorise pas l'activité physique

Doctoresse Olivia Braillard , Médecine de Premier Recours , HUG

Véronique, Angelo, Dany, Séverine, Anne-Marie et Steve ont accepté de relever deux défis: arrêter de prendre l'ascenseur ou l'escalator et marcher 6000 pas par jour au minimum pendant six mois, avec un bilan de santé au début et à la fin de l'expérience.

Être actif, selon de l'OMS, c'est pratiquer 150 minutes d'activités physiques modérées et 75 minutes intensives par semaine. Des recommandations difficilement atteignables pour des personnes qui étaient purement sédentaires, explique Olivia Braillard: "Beaucoup de monde se dit: 'Je dois faire ça, pour pouvoir avoir un bénéfice pour la santé'. En réalité, on sait aujourd'hui qu'il suffit de faire un peu plus d'activité physique pour avoir un bénéfice."

Mais une constatation s'impose: il est incroyablement difficile de changer ses habitudes. "Il y a cette petite voix qui dit: 'on est bien à la maison, on y reste, on profite, on est sur le canapé, ou on regarde une émission...'", confirme Séverine.

Le cerveau va déclencher un comportement, s'il attend une récompense. Si on n'a pas habitué notre cerveau à associer quelque chose de plaisant à l'activité physique ou au mouvement, ça va être compliqué d'initier ce comportement

Jérôme Barral, Maître d’Enseignement et de Recherche, Institut Sciences du Sport, Université de Lausanne (ISSUL)

Cette petite voix dans la tête, nous avons voulu savoir qui elle était. "C'est le cerveau qui décide quand on démarre, et c'est lui qui décide quand on arrête. C'est lié à nos habitudes. C'est-à-dire que le cerveau va déclencher un comportement, s'il attend une récompense. Si on n'a pas habitué notre cerveau à associer quelque chose de plaisant à l'activité physique ou au mouvement, ça va être compliqué d'initier ce comportement", explique Jérôme Barral, maître d'enseignement et de recherches à l'Institut des Sciences du Sport à Lausanne.

Longue liste de bienfaits

Et quand on a une baisse de motivation, il est difficile de ne pas se décourager, même lorsqu'on connaît l'immense liste des bienfaits de la marche.

Bénéfices sur les muscles, les articulations, les os, le système cardiovasculaire, la digestion et le sommeil. Efficace pour la prévention de l'hypertension, du cholestérol, de l'obésité, du diabète, des infarctus, des maladies pulmonaires et de certains cancers. Sans oublier les effets immédiats sur le bien-être. On s'évade, on synthétise de la vitamine D, on diminue ses pensées négatives, l'anxiété, la colère, on sécrète des endorphines, l'hormone du bien-être qui réduit le stress et la dépression.

Je suis heureux aujourd'hui de le dire, avec cette petite goutte de sueur, que j’ai fait mes premiers 10'000 pas. 10'000 pas, depuis que l'on a commencé ce défi

Dany Manta

Les candidats de 36.9° expérimentent d'ailleurs certains de ces effets bénéfiques rapidement: "Le fait de marcher fait que je vais mieux. C'est bête à dire, mais je vais mieux. J'ai moins mal au dos, je suis plus en forme et j'ai envie de marcher", commente Anne-Marie. Et Dany ajoute: "Je suis heureux aujourd'hui de le dire, avec cette petite goutte de sueur, que j'ai fait mes premiers 10'000 pas. 10'000 pas, depuis que l'on a commencé ce défi. Donc voilà, je suis très content, très heureux et je l'ai fait avec ma femme et mes enfants, donc c'était cool."

Notre corps, nos organes, fonctionnent mieux en mouvement. Chaque opportunité de bouger est bonne à prendre, et il faut se le répéter pour que cela devienne une habitude que l'on applique sans y penser. "Si je vais dans un magasin, maintenant, je cherche les escaliers. S'il y a l'escalator qui monte, je regarde à gauche à droite: 'Est-ce qu'il y a un escalier? ', et je pense que ce sont des habitudes que je vais garder. Parce que finalement, je me rends compte que ce n'est pas si compliqué que ça!", remarque Véronique.

Amélioration des résultats métaboliques

Le bilan de l'expérience est prometteur. Tous les candidats ont vu une évolution de leurs performances physiques, mais aussi de leurs résultats métaboliques.

Pour Véronique qui avait un bilan sanguin extraordinairement bon au début de l'expérience, il n'y a pas de changements à la prise de sang, mais 2,5 kg en moins sur la balance. Anne-Marie a amélioré son taux de cholestérol et perdu presque 5 kg. Pour Angelo, les performances physiques se sont améliorées, mais le bilan sanguin reste le même. Pour Steve, l'expérience a été très bénéfique: - 6 kg sur la balance et un risque de diabète qui s'éloigne.

Ce que je retiens, c'est qu'il y a un vrai pouvoir des participants, sur leur bilan, sur leurs capacités physiques, sur leur santé. Ils ont eu des vrais résultats en termes de prises de sang, des résultats mesurables

Doctoresse Olivia Braillard, Médecine de Premier Recours, HUG

Séverine aussi a eu des changements remarquables sur son taux de sucre dans le sang, quant au cholestérol, qui était déjà très bon, il n'y avait aucune raison que ça change… Et pourtant, c'est encore mieux qu'avant: le bon est monté et le mauvais est descendu. Dany a, lui aussi, vu son taux de sucre dans le sang baisser, même s'il n'a pas réussi à atteindre les objectifs de l'expérience, il a réussi, pendant six mois, à augmenter sa moyenne de pas par jour, ce qui a eu un vrai impact sur son cholestérol.

"Ce que je retiens, c'est qu'il y a un vrai pouvoir des participants, sur leur bilan, sur leurs capacités physiques, sur leur santé. Ils ont eu des vrais résultats en termes de prises de sang, des résultats mesurables. Et ça, je pense que c'est important, pour nos participants et pour la population en général, de se dire: 'En fait, rien qu'en marchant, on reprend du pouvoir sur notre santé", conclut la Doctoresse Olivia Braillard.

Mais pour les candidats, ce n'est qu'un début: "C'est le début de l'aventure. C'est maintenant qu'on commence à marcher davantage", précise Angelo.

Reportage TV: Vanessa Bapst-Schweizer

Adaptation web: Gaëlle Bisson

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