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L'ONU condamne l'interdiction des minarets

Le recours contre l'initiative doit désormais être annoncé au Conseil fédéral.
L'interdiction des minarets en Suisse a soulevé un tollé au sein de la communauté internationale.
Le Conseil des droits de l'homme a condamné jeudi l'interdiction de la construction de minarets comme une manifestation d'islamophobie. La résolution présentée par le Pakistan sur la diffamation des religions a été acceptée par 20 voix contre 17 et huit abstentions.

Les pays membres de l'Union européenne ont voté contre ainsi que
les Etats-Unis et plusieurs pays latino-américains. La Chine, Cuba
et des pays africains ont cependant fait bloc derrière les pays
musulmans.

Condamnation ferme

Le document présenté par l'Organisation de la conférence
islamique (OCI) "condamne fermement l'interdiction de la
construction de minarets et de mosquées et d'autres mesures
discriminatoires récentes, qui sont des manifestations
d'islamophobie en claire contradiction avec les obligations
internationales dans le domaine des droits de l'homme concernant la
liberté de religion, de croyance, de conscience et
d'expression".



Le paragraphe souligne également que "de telles mesures
discriminatoires pourraient alimenter la discrimination,
l'extrémisme et les fausses perceptions conduisant à la
polarisation et à la fragmentation avec des conséquences
dangereuses et imprévisibles".



La Suisse n'est pas nommément mentionnée dans le texte, mais
indirectement visée à la suite du vote du peuple suisse interdisant
la construction de nouveaux minarets le 29 novembre.

Opposition des Occidentaux

La résolution s'inquiète de manière plus générale des
stéréotypes négatifs, de la diffamation des religions et des
manifestations d'intolérance et de discrimination visant des
religions et des croyances.



La France au nom des pays de l'UE a exprimé son opposition et
expliqué que le concept de diffamation des religions n'est pas
pertinent. "Les droits de l'homme protègent les individus, pas des
systèmes de croyance", a souligné l'ambassadeur Jean-Baptiste
Mattei.



Les Occidentaux et de nombreuses ONG voient dans cette résolution
une atteinte à la liberté d'expression. Pays seulement observateur
au Conseil cette année, la Suisse n'a pas pu voter et ne s'est pas
exprimée avant le vote.



ats/sbo

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Les musulmans maintiennent la pression

Le représentant de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) a affirmé jeudi que son groupe va continuer de dialoguer avec la Suisse sur l'interdiction des minarets.

La Suisse doit "redresser une situation qui la met en porte-à-faux avec le droit", a-t-il dit.

Lors d'une conférence de presse organisée après l'adoption de la résolution sur la diffamation des religions, l'ambassadeur Babacar Ba a affirmé que l'OCI va agir à la fois au niveau diplomatique et au niveau légal.

"Nous continuons de discuter avec les autorités suisses", a déclaré l'ambassadeur en rappelant que le secrétaire général de l'OCI avait rencontré le 2 mars à Genève la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey, au début de la session du Conseil.

Il a évoqué "la nécessité d'une contre-initiative en Suisse pour revenir sur cette décision". L'ambassadeur a encouragé les personnes atteintes dans leurs droits par l'interdiction des minarets à faire recours sur le plan légal, sur le plan interne et international, devant la Cour européenne des droits de l'homme, "pour avoir gain de cause".

L'ambassadeur a estimé que l'acceptation de l'initiative contre les minarets viole les articles 8 et 15 de la Constitution fédérale. "Il faut faire en sorte que cette initiative ne porte pas davantage préjudice aux droits des musulmans", a-t-il dit.