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Chez les fourmis, l'isolement social réduit aussi la longévité

Les fourmis Camponotus Fellah varient considérablement en taille. [Wikimedia/CC BY-SA 4.0 - Tomahawk Tasmania]
Les fourmis n'aiment pas l'isolement / La Matinale / 1 min. / le 28 septembre 2023
Chez les fourmis, insectes sociaux par excellence, l'isolement a des conséquences néfastes. Il conduit à une hyperactivité, modifie la manière d'occuper l'espace et réduit la longévité, rapportent des scientifiques de l'Université de Lausanne (UNIL) dans la revue Nature Communications.

Chez de nombreuses espèces vivant en société, y compris l'espèce humaine, l'absence de relations sociales affecte la santé, modifie les comportements et, in fine, réduit l'espérance de vie.

Les fourmis, qui vivent dans des sociétés complexes où les ouvrières ne vivent qu'environ un an constituent d'excellents modèles pour étudier les effets de l'isolement, a indiqué l'UNIL mercredi dans un communiqué.

Akiko Koto et ses collègues du Département d'écologie et d'évolution de l'UNIL se sont intéressés à une espèce de grandes fourmis charpentières, les Camponotus fellah. Les insectes ont été placés en isolement durant 24 heures, après quoi des tests génétiques ont été effectués.

Résultats: l'isolement social modifie leur comportement. Les fourmis deviennent hyperactives et ont tendance à rester plus souvent que les autres près des murs de leurs boîtes. En outre, il réduit leur espérance de vie.

Stress oxydatif

Les analyses génétiques ont montré que l'isolement accroît l'expression de gènes impliqués dans les réactions d'oxydo-réduction. Cela conduit à un stress oxydatif, dont on sait qu'il accélère le vieillissement, avec une accumulation de dérivés réactifs de l'oxygène dans la masse graisseuse et les œnocytes, équivalents, chez les insectes, des cellules du foie.

En administrant des anti-oxydants aux fourmis isolées, l'équipe de recherche a pu inverser le processus délétère, selon des tests portant sur la survie des ouvrières durant 50 jours.

Comme l'isolement entraîne aussi un stress oxydatif chez les mammifères, cette étude ouvre de nouvelles voies de recherche sur les mécanismes du vieillissement, souligne l'UNIL.

A tester chez l'humain

"Chez l'humain, l'isolement social entraîne clairement un stress avec augmentation du taux de cortisol, l'hormone du stress", explique Laurent Keller, ex-professeur au Département d'écologie et d'évolution, qui a dirigé ces travaux.

"Il y a aussi d'autres conséquences comme l'altération des fonctions cérébrales, des troubles psychologiques comme l'anxiété et la dépression ainsi que des inflammations chroniques qui rendent les gens plus vulnérables aux maladies infectieuses", note le chercheur.

"On pourrait facilement imaginer que l'administration d'anti-oxydants pourrait avoir des effets positifs pour des humains souffrant d'isolement social. Mais il faudrait faire une étude pour le tester", conclut Laurent Keller.

ats/sjaq

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