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"Les très bons joueurs d'esport en Suisse arrondissent les fins de mois"

Des esportifs suisses se sont retrouvés au Stade de la Tuilière les 5 et 6 novembre dans le cadre des FestiGames [D.R.]
Esport: le rêve de devenir un joueur pro / L'actu en vidéo / 3 min. / le 11 novembre 2022
Aux Etats-Unis et en Asie, l'esport est entré dans les moeurs. Les tournois de League of Legends (LoL) ou de Rocket League attirent des millions de fans sur les réseaux. En Suisse, les compétitions de jeux vidéo peinent à prendre dans le grand public. Le magazine 15 Minutes est parti à la rencontre des esportifs suisses.

La finale mondiale du jeu vidéo League of Legends a attiré la foule, le 6 novembre dernier: 16'000 fans surexcités dans la salle NBA de San Francisco. Et des millions en ligne pour voir l’issue d’une saison qui a vu s’affronter les 24 meilleures équipes au monde.

Désormais, en Asie ou aux Etats-Unis, les matchs de jeux vidéo sont suivis comme des retransmissions sportives. Les sponsors affluent. Les salaires prennent l’ascenseur. Et les primes de match se chiffrent en dizaines de milliers de francs.

L’esport, les compétitions de jeux vidéo, est un marché en plein essor. En Suisse, on est encore loin de la folie américaine et de son professionnalisme.

Un monde de passionnés

Les 5 et 6 novembre, une centaine de personnes a participé à un tournoi du jeu Smash Bros dans le cadre du festival FestiGames, qui s'est tenu au stade de la Tuilière à Lausanne. Les organisateurs tentent de vulgariser et démocratiser un peu l’esport dans notre pays. "En Suisse, c’est encore très amateur avec beaucoup de passion", explique Frédéric "Torrix" Boy, président du Lausanne-Sport esport.

"Les très bons joueurs en Suisse arrondissent les fins de mois. Pour en vivre, il y a encore un petit gap à combler." Son équipe annonce un budget d'environ 60'000 francs pour encadrer une trentaine de membres.

Frédéric Boy précise les besoins à couvrir: renouvellement de matériel, déplacements, hôtels, frais d'entrée de tournois, mais aussi sessions d’entraînement, préparation mentale ou encore nutritionniste pour certains joueurs. "Aujourd'hui, on n'est pas capable financièrement de tout épauler."

>> Ecouter le reportage de 15 Minutes :

L'esport est en plein essor au niveau mondial. [Keystone]Keystone
Quel développement pour l'esport en Suisse? / 15 minutes / 14 min. / le 11 novembre 2022

Des risques à éviter

Certains ont tout de même touché du doigt leur rêve de devenir un joueur pro. Ils partent rapidement dans des équipes à l’étranger. Ivan "Smuff" Urendez a été professionnel quelques années sur le jeu Smash Bros.

A 26 ans, il est désormais directeur exécutif d'Exploria, un espace dédié à l’esport à Yverdon. Il ne manque pas de conseiller les jeunes passionnés: "J’essaie de leur donner les clés pour qu'ils évitent les pièges que je me suis pris". Surinvestissement, détachement social et familial font partie des risques.

Encadrer les jeunes, c'est aussi ce que fait l'association noetic à Fribourg. Elle est soutenue par les pouvoirs publics. "C’est super d’avoir une reconnaissance de la pratique du jeu vidéo", explique Kevin Sanders, responsable de l'academie noetic. En plus de proposer des entraînements pour le jeu vidéo, il y a "un accompagnement sur les contenus et les usages".

BDS, un autre monde

Depuis 2019, la Suisse abrite aussi le haut niveau. Le très haut niveau. La team BDS, basée à Cointrin (GE), fait figure d'exception dans le paysage de l'esport helvétique. Ses moyens sont importants. Elle vient par exemple d'investir 26,5 millions de francs pour avoir le droit d'inscrire une équipe dans le championnat d'Europe de League of Legends (LEC).

L’équipe suisse est également championne du monde de Rocket League en 2022, un jeu où les voitures jouent au football. Et les salaires s'envolent. "Les meilleurs joueurs du monde peuvent être payés 10-15'000 francs par mois", explique Alexandre Paoli, un des membres de l'équipe. Pour le titre mondial en Rocket League, la récompense était de 600'000 dollars.

"L'esport a pris tellement d’ampleur qu'aujourd'hui, quand vous êtes moins bon, vous vous faites vite remplacer", explique Alexandre Araujo, manager de l’équipe BDS Rocket League. "A Dallas, pour la finale du championnat du monde, on a ressenti une culture du jeu vidéo complètement différente. La légitimité de jouer aux jeux vidéo pour gagner sa vie est complètement ancrée". Pour l’instant, en Suisse, les joueurs pros sont encore des ovnis.

Guillaume Rey, Pascal Wassmer

>> Ecouter aussi Forum avec Noëlle Desjeux et Nicolas Lüthi :

Une joueuse de e-sports sur son ordinateur lors d'un festival de gaming à Berne. [Keystone - Peter Klaunzer]Keystone - Peter Klaunzer
La Suisse en retard dans le domaine de l’esport? Interview de Noëlle Desjeux et Nicolas Lüthi / Forum / 15 min. / le 12 novembre 2022
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Les Sud-Coréens de DRX créent la surprise en finale de League of Legends

Après une saison médiocre et une qualification à l'arraché, les outsiders de l'équipe sud-coréenne DRX n'ont rien lâché, jusqu'à remporter la finale des Championnats du monde du jeu vidéo League of Legends à San Francisco, devant les 16'000 spectateurs du Chase Center, la salle où évolue habituellement l'équipe de NBA des Golden State Warriors.

DRX a vaincu 3-2 ses compatriotes de T1, l'équipe favorite et la plus titrée de l'histoire de l'esport, au terme d'un duel 100% sud-coréen haletant, où aucune équipe n'a pris d'avantage décisif jusqu'à la dernière seconde.

Parmi les vainqueurs: Deft, un joueur de 26 ans. Aucun joueur aussi... "âgé" n'avait jamais remporté les championnats du monde jusqu'à cette année.

AFP