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"Ma calvitie a été un début de désolation"

Une étude écossaise fait une avancée dans la recherche sur les causes de la calvitie. [Alain Le Bot]
De plus en plus de personnes souffrent de calvitie / Le 12h30 / 3 min. / le 26 avril 2021
Dans un livre très personnel, Julien Dufresne-Lamy raconte sa souffrance face à la calvitie. De plus en plus d'hommes, en Suisse romande, consultent dans des cliniques du cheveu.

Vous vous êtes peut-être attardé un jour devant votre miroir en constatant avec effroi un début de calvitie. Le phénomène est très fréquent, et peut provoquer de la souffrance.

L'écrivain français Julien Dufresne-Lamy se raconte dans un livre qui résonnera chez beaucoup d'hommes. Dans ce récit intime, "Antichute" paru chez Flammarion fin mars, Julien Dufresne-Lamy raconte le complexe de la calvitie. Une découverte qu'il a faite à 22 ans: "Ça a été d'abord une stupeur, une surprise, de se dire 'ah tiens, sur le dessus du crâne, c'est en train de se clairsemer, c'est en train de se dégarnir'. Dans les figures masculines de ma famille, personne n'est chauve", raconte l'auteur.

50% des plus de 50 ans

"C'est surtout le verdict du dermatologue qui vient un peu confirmer cette peur, ce début de désolation – parce que ça va vraiment devenir une désolation –, 'oui oui, c'est bien une alopécie, c'est scientifique, c'est un excès d'hormones que vous avez, et donc vous êtes condamné à perdre vos cheveux et rien ne pourra changer la donne'."

Pendant dix ans, Julien Dufresne-Lamy s'interdit de se baigner et de sortir quand il y a trop de vent. Il va finalement se faire poser des implants, à Istanbul - capitale du tourisme capillaire bon marché.

La calvitie, l'alopécie, d'origine hormonale et génétique, touche un homme sur deux à 50 ans.

La proportion augmente avec l'âge. Selon la Société suisse de dermatologie, la demande de traitements est constante, sans augmenter significativement. Mais plusieurs cliniques du cheveu contactées en Suisse romande observent une tendance à la hausse.

Toutes les classes sociales

Jean-Charles Bayol, chirurgien plastique et esthétique, note une claire augmentation dans son cabinet: +20 à 30% chaque année. Le dermatologue André Friedli reçoit depuis 20 ans des hommes qui perdent leurs cheveux. Et dans son cabinet, il y a de tout.

"Des gens qui sont très fortunés, des gens qui n'ont pas de travail, des très jeunes, mais vraiment très jeunes – 15 ans, 16 ans –, ensuite des gens de 70 ans, 80 ans. Ce qui les réunit, c'est une sorte de fixation sur leur chute de cheveux. Cela peut être des très beaux mecs, des gens qui sont très soignés, tout va bien, mais ils sont fixés sur la perte de leurs cheveux."

Faire un implant capillaire est une intervention de luxe! Chez le docteur Friedli, il faut débourser près de 10'000 francs.

Une souffrance

Le sociologue Michel Messu parle des cheveux comme d'un marqueur social. La perte est un signe de vieillissement. Et la souffrance provoquée par la calvitie montre à quel point la vieillesse est mal vue aujourd'hui. Julien Dufresne-Lamy partage l'analyse.

"A un âge où on est en plein dans la jeunesse, c'est compliqué de se dire 'ah tiens, mes cheveux tombent', tomber cela veut dire vieillir, perdre en force. C'est compliqué aussi parce que l'image extérieure qu'on a de soi elle est en train de changer, sans qu'on puisse faire quoi que ce soit, et elle ne colle plus à l'identité qu'on s'est faite quand on a grandi, quand on était adolescent."

Pour lui, les impératifs liés au physique existent aussi pour les hommes. "Je reçois des tas de témoignages, tous les jours, d'hommes chevelus ou non sur ces injonctions qui existent. Pour eux c'est évidemment le cheveu, le muscle, la voix, la barbe, tous ces éléments très virilistes, très masculinistes."

Dans le cinéma, les chauves sont souvent des personnages peu sympathiques. Des skinheads, des colosses, ou des habitants d'un monde futuriste totalitaire.

Pauline Rappaz

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Un marché estimé à plus de 8 milliards de francs

Le marché des greffes de cheveux est évalué à environ 8,1 milliards en 2019 et connaîtra une croissance annuelle moyenne de 25,8 % entre 2020 et 2026, selon la société d'études de marché et de conseil en gestion Global Market Insights.

La prévalence croissante des maladies chroniques, y compris l'hypothyroïdie, l'hyperthyroïdie, les troubles du stress, le lupus, le cancer, entre autres, devrait présenter une croissance significative de l'industrie.

Le développement continu des dernières stratégies thérapeutiques devrait également stimuler les revenus du marché.