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Climat: menaces sur l'Europe de l'Ouest

Les régions polaires sont des laboratoires climatologiques.
Les glaces de l'Arctique pourraient fondre totalement en été
D'importants bouleversements météorologiques en cours dans les hautes latitudes laissent présager une cascade d'évènements climatiques affectant la faune et la flore en Europe de l'Ouest, selon le programme scientifique Damoclès.

Le programme scientifique Damoclès (Developping Arctic Modelling
and Observing Capabillities for Long-Term Environmental Studies),
dont la goélette Tara, en dérive sur la banquise, est le support
logistique, regroupe 45 laboratoires de 10 pays européens, des
Etats-Unis et de Russie.

Ces nouvelles données ont été recueillies par les chercheurs de
Damoclès qui se sont rendus sur la banquise à bord de Tara en
avril. Ils ont procédé à quantité d'analyses dans l'atmosphère, la
neige, la glace, et dans les profondeurs de l'océan Arctique.

Plus de banquise en été

Projet pilote de l'Union Européenne pour l'Année Polaire
Internationale (API), il vise à observer, comprendre et quantifier
les changements climatiques en Arctique afin d'aider à la prise de
décisions face au réchauffement de la planète.



La plus importante et spectaculaire conclusion des observations
réalisées par les scientifiques européens depuis le début de la
mission Tara en septembre 2006 prévoit "dans 10 à 15 ans, une fonte
totale de la banquise en été, entre le mois de mai et le mois de
septembre", selon Jean-Claude Gascard, océanographe et coordinateur
du programme Damoclès (voir ci-contre).



Cette fonte totale de la banquise en été aurait, selon le
scientifique, une forte et inattendue incidence sur le climat
d'Europe de l'Ouest et donc sur la vie quotidienne de ses
occupants, faune et flore.

Vers un refroidissement?

Selon un enchaînement de causalités partant de l'absorption par
l'océan de 80% de l'énergie solaire (autrement réfléchie par feu la
glace en été), on passe à une fonte accélérée de la calotte
glaciaire du Groenland qui entraînerait une élévation du niveau de
la mer d'au moins 1 mètre.



Mais, effet paradoxal et autre conséquence majeure, cet afflux
d'eau douce bloquerait la montée des eaux chaudes et salées de
l'Atlantique (circulation thermohaline) vers l'Arctique. Résultat
pour le coordinateur de Damoclès: un refroidissement de l'Europe
occidentale de plusieurs degrés.



"Si cela se produit, les mimosas en Bretagne, terminé", résume de
manière lapidaire Jean-Claude Gascard, qui pointe aussi dans une
liste non exhaustive la modification des écosystèmes ainsi que les
conséquences géopolitiques et socio-économiques de l'ouverture à
l'intérieur du cercle polaire, de nouvelles voies navigables d'Est
en Ouest.



afp/kot

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Recul spectaculaire de la banquise

"Un recul spectaculaire de la banquise a été constaté à la fin de cet été. En deux ans, la banquise d'été qui s'étendait sur 5,5 millions de km2 (14 millions de km2 en hiver), a perdu 1,5 million de km2, a-t-il déclaré à l'AFP.

"Cet été, note Jean-Claude Gascard, il était possible de faire une traversée complète de l'Arctique entre le delta de la Lena (nord Sibérie) à l'Est et celui du Mackenzie (nord-ouest du Canada), sans rencontrer un seul morceau de glace dérivante. C'est une situation également sans précédent".

Enfin, la formation de la banquise d'hiver accuse cette année un retard d'au moins un mois, une situation également inédite.

Satisfaction du patron de l'expédition

Etienne Bourgois, le patron de l'expédition, mécène scientifique et directeur général de la maison de couture Agnès B., ne cache pas sa satisfaction.

"Tara a rempli totalement sa mission. Contre toute attente, au bout d'un an, on doit revoir les modèles climatiques", a-t-il déclaré à l'AFP.

"Le grand public ne peut plus rien ignorer des bouleversements climatiques en cours. C'était mon but", a-t-il conclu.