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Evolution: le chaînon manquant découvert?

Le fossile d'"Ida" a été trouvé il y a 26 ans en Allemagne.
Le fossile d'"Ida" a été trouvé il y a 26 ans en Allemagne.
Une nouvelle étape a peut-être été franchie dans la connaissance de nos origines: le squelette quasi-complet et remarquablement conservé d'un petit animal âgé de quelque 47 millions d'années, qui vient d'être présenté à New York, pourrait être l'ancêtre commun de l'homme et du singe.

Les experts se félicitent de cette contribution majeure au débat
scientifique sur l'évolution, mais reconnaissent être encore très
loin de résoudre l'énigme de nos origines.

Découvert il y a 26 ans

Environ de la taille d'un petit chat, ce fossile a été découvert
en 1983 près de Francfort (Allemagne). "Ida", comme l'ont surnommé
les chercheurs, possède quatre jambes et une longue queue. Si
personne ne prétend qu'il s'agit de l'ancêtre direct des singes et
des hommes, cet animal aux allures de lémurien laisse imaginer
l'aspect qu'a pu avoir notre très lointain ancêtre, comme l'ont
expliqué les scientifiques à la presse.



D'un point de vue généalogique, l'animal serait "l'ancêtre d'une
de nos tantes", a résumé Jens Franzen, paléontologue à l'Institut
de recherche Senckenberg de Francfort. Jamais un fossile de primate
n'avait été aussi bien conservé, a ajouté Jorn Hurum, du Muséum
d'histoire naturelle de l'université d'Oslo (Norvège), lors de la
présentation à New York du spécimen.



Le primate femelle est complet à 95%, y compris les première
phalanges et les ongles, et seule la partie inférieure d'une des
jambes manque, a encore précisé Jorn Hurum. L'intérieur du corps
est extraordinairement bien conservé: on y trouve le contenu de
l'intestin, des fruits et des feuilles, dernier repas pris par
l'animal dans la forêt tropicale environnante.

Parenté en question

Des experts extérieurs à ces travaux ont jugé la découverte
exceptionnellement complète, du fait des détails qu'elle fournit
sur le contenu de l'intestin notamment. Mais ils s'interrogent sur
l'éventuelle parenté entre l'animal et les ancêtres du singe et de
l'homme, une hypothèse avancée par les chercheurs. "En fait, je ne
crois pas qu'il soit très proche de l'ancêtre commun aux singes,
aux grands singes et aux hommes", a déclaré K. Christopher Beard,
du Muséum d'histoire naturelle Carnegie de Pittsburgh
(Pennsylvanie).



"Je dirais qu'il est à peu près aussi loin qu'on peut l'être de
cette lignée, tout en étant un primate. Plutôt que l'ancêtre d'une
tante, je dirais que c'est un troisième cousin", explique-t-il. "Il
ressemble donc probablement aux animaux ancestraux d'une façon très
périphérique."



ap/mej

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"Ida raconte tant d'histoires"

L'animal est une jeune femelle, morte à 9 ou 10 mois, selon les scientifiques.

"Elle raconte tant d'histoires. Les recherches ne font que commencer", a observé Jorn Hurum.

Le fossile, trouvé voilà 26 ans dans une mine à environ 40 km au sud-est de Francfort, a été baptisé "Ida", prénom de la fille de Jorn Hurum, âgée alors de 6 ans.

Son nom scientifique est "Darwinius masillae", du nom de Charles Darwin, père de la doctrine évolutionniste, et de la région où il a été trouvé.

"Ida", dénichée par un collectionneur privé, était restée aux mains de personnes privées jusqu'à ce que le muséum de Jorn Hurum en fasse l'acquisition en 2007.

Le fossile a été présenté mercredi au Muséum d'histoire naturelle de New York, qui présentera un moule de l'animal dans une nouvelle exposition sur les mammifères.

Un autre fossile du même âge

Christopher Beard, du Muséum d'histoire naturelle Carnegie de Pittsburgh (Pennsylvanie), rappelle que les scientifiques disposent déjà d'un fossile du même âge et ayant vécu en Chine.

Cet animal, largement reconnu comme provenant de la lignée commune aux singes et aux hommes, était toutefois plus petit que le nouveau et s'alimentait autrement. "Ce sont deux animaux totalement différents", dit-il.

Pour John Fleagle, chercheur à l'université publique de New York, l'analyse des paléontologues ne fournit qu'"un lien vraiment faible" entre le nouveau fossile et des primates plus développés, les anthropoïdes, notamment les singes et les hommes.

"Très franchement, ça ne nous dit pas grand chose sur les origines des anthropoïdes", note-t-il.

Saluant un travail scientifique "extraordinaire", John Fleagle reconnaît cependant que "ce specimen recèle sûrement plus d'informations que n'importe quel autre fossile de primate jamais découvert".