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Les lacs de barrages font le plein

Les barrages sont à moitié vides.
Les turbines sont à l'arrêt dans de nombreux barrages suisses
Les lacs des barrages suisses sont remplis comme rarement ces dernières années et les prix à la bourse du courant plongent. Il y a un an encore, on craignait une pénurie en raison d'un niveau d'eau exceptionnellement bas.

Fin février, les barrages étaient remplis à 45 %, apprend-on sur
le site de l'Office fédéral de l'énergie (OFEN). Le lac de
l'Oberaar, au-dessus du lac du Grimsel, était même plein à 80 %. Un
taux de remplissage de 45 % correspond à une réserve énergétique de
3850 millions de KiloWattheure.



A la même époque en 2006, les barrages étaient remplis à 25 %, il
y a deux et trois ans à 33 % environ. En général, les barrages ont
moins d'eau en hiver, saison pendant laquelle le besoin en courant
est le plus élevé. De plus, les précipitations prennent souvent la
forme de neige à leur altitude.

Besoin d'électricité moindre

Les températures particulièrement clémentes de cet hiver
expliquent en grande partie le haut niveau actuel de l'eau. Le
besoin en électricité (notamment pour le chauffage) est moindre et
il pleut même en montagne. Les bas prix sur les marchés européens
de l'électricité jouent également un rôle. A la bourse de Leipzig,
les prix de l'heure de courant ont atteint un plancher ces
dernières semaines.



Alors que le risque de pénurie d'électricité monopolise les
discussions, il apparaît qu'il y a un excédent de courant en ruban
provenant des centrales nucléaires, des usines à gaz et des
centrales thermiques au charbon. Les entreprises électriques ont
vraisemblablement réduit leur exportation de courant de pointe en
raison des prix, suppose Walter Hauenstein, directeur de
l'Association suisse pour l'aménagement des eaux.

Turbines hydrauliques à l'arrêt

L'exportation de courant de pointe rapporte beaucoup en fonction
des prix de la bourse. Si les prix sont trop bas, les producteurs
ne laissent plus tourner leurs turbines hydrauliques, explique
Walter Hauenstein. On importe alors à bas prix du courant de
l'étranger pour approvisionner le pays.



Même son de cloche du côté de Swisselectric, l'organisation des
entreprises suisses d'électricité, et la firme Atel. En raison de
la chute des prix, les entreprises ont réduit la production,
confirme Katharina Stampfli, directrice de Swisselectric. Les lacs
d'accumulation ont toujours eu cette fonction de rééquilibrage,
explique le porte-parole d'Atel Andreas Meier.



ats/jab

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Une aberration écologique

Pour les écologistes, la pratique des entreprises consistant à ne plus laisser tourner les turbines si les prix sont trop bas est douteuse. «C'est une aberration écologique», estime Bernhard Piller, de la Fondation suisse de l'énergie.

Cette énergie hydraulique non utilisée pourrait par exemple approvisionner le nord de l'Italie, là où la branche électrique suisse a investi dans des centrales à gaz dégageant de fortes émissions de CO2, ajoute Bernhard Piller.

Au lieu de cela, on développe l'accumulation d'énergie par pompage, regrette-t-il. Il ne verrait pas celle-ci d'un mauvais oeil si elle était utilisée pour stocker de l'énergie éolienne étrangère, mais on en est encore loin, regrette-t-il.