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Quand Nidwald fournit des avions militaires aux cheiks

La commande indienne porterait sur 75 PC-7, pour un total d'un milliard de dollars. [KEYSTONE - SCHWEIZER LUFTWAFFE/HO]
L'année passée, Pilatus a réalisé les meilleurs chiffres de son histoire. - [KEYSTONE - SCHWEIZER LUFTWAFFE/HO]
Le Conseil fédéral donne son feu vert à Pilatus pour la vente d'appareils d'entraînement militaire au Qatar, rapporte le Blick, tandis que le Tages-Anzeiger dénonce l'hébergement de réfugiés dans des abris anti-atomiques. La presse romande revient elle largement sur l'épilogue de l'affaire Hainard.

Le Moyen-Orient et Pilatus, toute une histoire

Pilatus réalise une bonne affaire au Qatar, vers lequel douze Pilatus PC-21 vont prendre le chemin du désert. "Des avions pour les cheiks", titre le Blick. Le Conseil fédéral a donné son feu vert à la vente de ces appareils d'entraînement militaire de toute dernière génération. L'usine de Stans, dans le canton de Nidwald, va également pouvoir envoyer deux avions en Arabie Saoudite pour un test. La vente de matériel miliaire, fût-il d'entraînement, provoque toujours de l'urticaire au conseiller national vert Josef Lang qui évoque ainsi une "affaire délicate". Le Qatar, rappelons-le, fait partie de la coalition qui mène des frappes en Libye. Par le passé, des PC-7 on été armés et utilisés dans des zones de guerre, parfois même contre des populations civiles. C'était au Tchad, au Guatemala ou en Irak. Mais trêve de considérations éthiques: le Moyen-Orient représente un marché très important pour Pilatus qui vendait déjà 25 de ces PC-21 aux Emirats Arabes Unis en 2009. L'année suivante, le groupe réalisait les meilleurs résultats de son histoire.

De la guerre aux abris PC

Et de la guerre nous passons avec le Tages-Anzeiger aux réfugiés, que la Confédération veut envoyer sous terre. Dès aujourd'hui, les abris anti-atomiques de la protection civile seront utilisés pour l'hébergement des requérants d'asile. En cause, la surcharge des centres de premier accueil de Vallorbe, Chiasso, Bâle, Kreuzlingen et d'Altstetten, qui abritent actuellement 200 migrants de plus que les 1300 places prévues. Un abri sera ouvert aujourd'hui à Bâle, là ou la pression migratoire est la plus forte. Une nouvelle qui inquiète l'association d'aide aux réfugiés, dont le responsable Beat Meiner s'exprime dans le "Tagi". Selon lui, un tel hébergement de béton pourrait provoquer une nouveau traumatisme pour des migrants qui ont vécu la guerre.

Zermatt ou l'appel du luxe

En revanche, le confort n'est pas ce qui manquait au responsable du service des eaux de la commune de Zermatt qui s'est fait prendre la main dans le sac à financer sa résidence privée avec l'argent du contribuable. Apprécié de tous, l'homme de 47 ans faisait partie des sociétés et des clubs services de sa commune. Les sommes sont conséquentes, selon le Blick qui parle de plusieurs centaines de milliers de francs.

Un shérif tombé bien bas

Frédéric Hainard, lui n'est pas un voleur, mais assurément manipulateur et menteur. Mentir en politique pardonne rarement, constate Le Matin qui se fait l'écho de l'enquête parlementaire sur les faits et gestes de l'ancien ministre neuchâtelois de l'économie. Le quotidien orange, qui avait beaucoup enquêté à l'époque où Frédéric Hainard était aux affaires, énumère les fautes du ministre. Mais il pointe aussi du doigt la nonchalance avec laquelle les élites politiques ont finalement consenti à entendre les petites gens victimes des agissements du shérif. Un constat partagé par l'Express qui note que le canton ne ressort pas grandi. Son administration non plus. A tort ou à raison les Neuchâtelois qui liront le document pourraient bien se demander si le copinage mis en évidence n'est pas généralisé, si les travers dénoncés au sein d' un seul département ne sont pas la règle. Pour l'éditorialiste de l'Express, le lien entre les citoyens et leurs autorités sera difficile à renouer. Et ce qui interpelle le Temps c'est surtout l'incapacité de Frédéric Hainard à accepter ses torts.

Philippe Leuba et la communication

Contrairement à l'affaire Skander Vogt qui avait elle aussi été révélée par Le Matin, c'est désormais 24heures qui se fait l'écho des derniers soucis du service pénitentiaire vaudois. Début avril, un autre détenu a volontairement mis le feu à sa cellule. L'homme a été transféré à l'hôpital et a pu réintégrer sa cellule le soir-même. Ce qui intrigue le quotidien vaudois, c'est que cet événement, tout comme le précédent, plus grave, n'aient pas été rendus publics. Le Service pénitentiaire vaudois et le département de l'Intérieur de Philippe Leuba renvoient la responsabilité à la police, laquelle estime, selon son porte-parole, qu'il n'était pas nécessaire de communiquer compte tenu du peu d'importance de cette affaire au niveau pénal.

"Nègre" pour universitaires

Il s'appelle Achim Pollert. Et s'il fait l'objet d'un portrait dans le Tages-Anzeiger, c'est que son métier et pour le moins original. C'est un "nègre" spécialisé dans les travaux universitaires. Concrètement Achim Pollert rédige pour les étudiants des travaux de séminaire, des travaux de master et même des doctorats. Une travail de 15 pages sur un prince du Moyen-Age? Pas de problème. Un master de politique internationale consacré aux différences entre la révolution hongroise et celle de la République yougoslave. Sans souci. Le tarif est d'environ 5000 francs pour une centaine de pages. Comptez 20'000 francs pour un travail de master. C'est peu lorsqu'on sait qu'un étudiant passe facilement 9 mois à faire son travail de licence. Pollert écrit vite; 10 à 20 pages par jour. Il peut aussi proposer des thèmes pour les étudiants en panne d'idées. Il ne fréquente pas vraiment les bibliothèques. On peut tout faire depuis la maison dit-il. Wikipédia est un bon début et puis Amazone propose des extraits des ouvrages spécialisés qui suffisent lorsqu'il s'agit de faire une citation. Avec ses méthodes Pollert a déjà rédigé des doctorats en ethnologie et en gestion d'entreprise. Plus d'une centaine de travaux académique. Mais ce qui es le plus cocasse dans toute cette histoire, peut-être aussi le plus inquiétant, c'est que ce "nègre" d'un genre particulier n'est jamais allé à l'Université.

cmen, avec Jean-François Moulin et Stéphane Deleury/RSR

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