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Les prévenus du procès Skander Vogt donnent leur version des faits

Les 3 gardiens qui étaient de garde le soir de la mort de Skander Vogt sont poursuivis homicide par négligence et omission de prêter secours.
Un procès qui pourrait changer la justice / Forum / 2 min. / le 4 novembre 2013
Les neuf prévenus du procès Skander Vogt ont pris la parole l'un après l'autre lundi à l'ouverture de l'audience pour le décès du détenu en 2010 à Bochuz. Ils contestent avoir mal agi.

Le procès visant à établir les responsabilités dans le décès de Skander Vogt, ce détenu mort à Bochuz (VD) en mars 2010 dans sa cellule après avoir mis le feu à son matelas, a débuté lundi. Neuf prévenus ont rempli le banc des accusés du Tribunal de la Broye et du Nord vaudois à Renens (VD). L'audience doit durer un mois.

Le procès, qui vise à établir les responsabilités du personnel pénitentiaire et des secours, a débuté par un rappel des faits. La présidente a lu l'acte d'accusation, selon lequel les prévenus ont choisi de ne pas sortir Skander Vogt de sa cellule, malgré les risques de l'exposition à la fumée.

Les prévenus s'expriment

Pour le premier agent de détention interrogé, la situation n'en était pas moins "exceptionnelle". A ses yeux, Skander Vogt était "haut dans les tours", très énervé parce que des objets lui étaient refusés. Une radio et des gants de boxe ou des gants en laine, selon les versions.

Le gardien sous-chef a expliqué pour sa part qu'une nouvelle directive plus sévère était entrée en vigueur et qu'elle avait restreint les libertés des détenus. Skander Vogt vivait très mal ces nouvelles consignes, selon le responsable.

Le moment de l'incendie a donné lieu à des très longs interrogatoires des premiers prévenus, les gardiens présents ce soir-là. Pour le premier agent, qui occupait le poste de la centrale, la situation a vite été maîtrisée.

L'agent de détention a précisé que Skander Vogt avait incendié son matelas par le passé et qu'il s'en était toujours sorti en collant sa tête à la bouche d'aération". Un autre a assuré que "malgré cette fumée durant plusieurs minutes dans le couloir, je pensais qu'il s'agissait d'un petit feu".

De graves négligences reprochées

"L'enjeu du procès est de déterminer si les prévenus ont commis une négligence qui a conduit au décès de Skander Vogt. Le procès n'est pas là pour examiner si le milieu carcéral était bien géré à l'époque", avait expliqué le procureur Sébastien Fetter avant le procès. La défense plaidera l'acquittement.

La plaignante, la soeur de Skander Vogt, sera entendue le 20 novembre. Son avocat a estimé qu'il restait de nombreuses zones d'ombre. "Je soutiens qu'il y a eu de graves négligences du personnel pénitentiaire", a affirmé Nicolas Mattenberger.

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boi/mre avec ats

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Rappel des faits

Les faits remontent à la nuit du 10 au 11 mars 2010. Peu avant 00h50, Skander Vogt boute le feu à son matelas dans sa cellule du quartier de haute sécurité de Bochuz.

L'incendie est vite éteint mais le personnel n'entre pas dans la cellule enfumée et veut attendre le DARD, détachement d'action rapide et de dissuasion de la police cantonale, requis pour un personnage jugé dangereux.

A 02h30, le personnel n'entend plus Skander Vogt respirer. A 02h43 les gardiens entrent dans la cellule. A 02h53, le DARD arrive. Sept minutes plus tard, le médecin arrête la réanimation et constate le décès.

L'autopsie conclura à une intoxication aiguë au cyanure provenant du polyuréthane contenu dans le matelas.