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Contraintes de quitter un immeuble à Lausanne, de nombreuses familles roms risquent d'être à la rue

À Lausanne, plusieurs familles roms vont être expulsées d'un immeuble et craignent de ne pas être relogées
À Lausanne, plusieurs familles roms vont être expulsées d'un immeuble et craignent de ne pas être relogées / 19h30 / 1 min. / le 29 mars 2024
Les 80 membres de la communauté rom qui vivent depuis l'été dernier dans un immeuble de Lausanne doivent quitter les lieux d'ici dimanche. Mais face au manque d'offres de relogement, de nombreuses familles craignent de se retrouver à la rue.

Depuis le mois d'août 2023, des dizaines de personnes étaient logées dans un immeuble inhabité situé rue de la Borde, à Lausanne, en provenance d'autres hébergements d'urgence du dispositif lausannois. Une vingtaine d'autres étaient arrivées à Lausanne cet automne.

L'immeuble, vétuste et insalubre, doit être rendu à son propriétaire, la Société coopérative d'habitation Lausanne (SCHL), qui va le démolir. La date butoir étant connue dès le début, la Municipalité réfute le terme "d'expulsion".

>> Lire aussi : Des familles roms doivent quitter l'hébergement lausannois de la Borde, jugé insalubre

Un lit la nuit, mais des journées à la rue

Mais le relogement n'est pas garanti pour tous les habitants et habitantes. Et pour Mirela, mère de trois enfants qui vit depuis une quinzaine d’années en Suisse, un retour à la rue serait une catastrophe. D'autant que les structures d'hébergement d'urgence sont fermées la journée. "Les enfants resteraient toute la journée dehors, jusqu'à 10 heures du soir... Pour nous, c'est très difficile!", déplore-t-elle.

La Ville s'active maintenant pour essayer de reloger tout le monde. "On a quatre familles pour lesquelles on a une proposition de solution de logement social", explique Eliane Belser, responsable de l'aide sociale d'urgence à Lausanne.

Pour une grande partie des autres, qui n'ont pas de statut légal ou de revenu, des lits ont été mis à disposition dans les hébergements d'urgence, poursuit-elle. Mais les 235 lits de la Ville dans ces structures sont souvent pris d'assaut.

"Pas de volonté" de la part de la Ville

Membre des Jeunes POP Vaud, Titouan Renard y voit une défaillance des autorités: "Il y a une grande quantité de bâtiments vides à Lausanne. Et on a vu avec la crise des Ukrainiens que la ville est capable de se mobiliser, d'offrir des solutions de logement en urgence. Il semble que pour le cas des roms, elle n'ait pas la volonté de le faire", observe-t-il.

Si l'expérience de la rue de la Borde touche à sa fin, elle n'aura pas été vaine. La Municipalité en a tiré plusieurs leçons pour sa future stratégie d'hébergement d'urgence, qui sera présentée prochainement au Conseil communal.

Yoan Rithner/jop

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